Rouge de honte, l'armada se mange un peu la falaise...
Après un premier volet riche en joutes virtuoses et subtilités diplomatiques bienvenues, cette suite, même si elle reste efficace, fait pâle figure. Bâclée ? Parfois, oui, quand la légende des amants papillon est recyclée copiée/collée pour illustrer l’amourette entre une espionne et un soldat. Redondant. Ou quand l’empressement dans la narration est trop flagrant avec ces transitions faciles faites d’un bête tissu qui se déchire. On a connu John Woo plus inspiré.
Cette suite n’est pas honteuse, loin s’en faut. Elle conserve un aspect feuilletonesque plaisant, mais le premier opus annonçait un projet autrement plus ambitieux qu’une conclusion faite d’un Kaneshiro à deux doigts de rouler une pelle à Leung sur fond d’un soleil couchant que même Zemeckis, pourtant franc adepte du canevas violacé qui déborde, ne jalouserait pas.
Bref.
Causer de La rouge falaise 2 est pour moi l’occasion de vous narrer une petite rigolote anecdote.
Un beau jour (il y a longtemps), j’assiste à une partie de Man O’War, un jeu de stratégie sympatoche dans lequel s’affrontent, sur un plateau de jeu, deux flottes de navires sous forme de jolies petites figurines. La règle du jeu : grosso merdo un navire disparaît s’il coule, brûle ou quitte le plateau. Souvent, ces parties durent longtemps. On avance ses bateaux, ça piège, ça tactise à mort, ça se frotte les mains et ça ricane en pensant au sale coup sur le point d'être porté à son adversaire.
Au début de la partie, chaque joueur place ses bateaux, un peu comme aux dames mais en plus libre. On peut mettre tout ou partie de ses pions sur le devant, le milieu, les côtés ou sur l’arrière d’un rectangle imaginaire au sein même du plateau. Le joueur de droite place les siens, puis c’est au tour de celui de gauche de s’y atteler. Maniaque, précis, langue apparente à la commissure gauche de ses lèvres, il dispose sa flotte le plus loin possible de celle de son adversaire. Il la colle à l'arrière, à la limite du plateau de jeu. Voilà, il est prêt, ses bateaux sont tous bien alignés sur la bordure, la partie peut commencer. Le joueur de droite lance les hostilités en posant une carte où est écrit : « Un fort vent balaie l'océan, tous les bateaux ennemis reculent de 2 centimètres ». Partie terminée.
Pitieeeeee
Mais qu'est-ce que c'est que ce truc infame ? L'industrie du cinema HK nous prenant pour des pauvres cretins depuis deja de nombreuses annees, j'aurais du m'y attendre et trouver une excuse pour ne pas accompagner mes amis voir ce navet. Et avec l'argent de la place que j'ai paye aujourd'hui, ils reitereront dans quelques mois avec un autre blockbuster historique tout aussi stupide... je me sens mal docteur.
Un film correct comportant des scènes de stratégie intéressante, néanmoins trop long et manquant du souffle lyrique pourtant cher au réalisateur. Une déception pour les fans de John Woo qui voyaient là un projet où il aurait pu potentiellement tirer un chef d'oeuvre, une oeuvre sympathique pour les autres qui ne nourrissaient pas d'attente particulière car l'ensemble est tout de même très bien réalisé. Mais que de longueurs inutiles....
Forces de la Nature
Critique se basant sur la seconde partie longue ASIATIQUE et non pas le remontage international.
Alors…Je suis franchement embêté pour critiquer cette (pseudo)-suite à l'honorable premier épisode…et je vais d'ailleurs revoir prestement le premier épisode pour tenter de comprendre mon premier jugement.
J'avais en mémoire un film épique à grand spectacle, basé avant tout sur les stratégies guerrières. Loin de la saleté et crasse d'un "Warlords", mais bien plus convaincant qu'un "3 kingdoms" de Daniel LEE BD-esque, j'avais fanfaronné le retour en grâce de John Woo à ses terres.
Las…en voyant la seconde partie de "Red Cliff 2", j'avais l'impression d'enchaîner un "Infernal Affairs 3" après l'excellent premier épisode…Soit une suite, qui tire l'ensemble vers la caricature avec des personnages devenus soudainement balourds et de l'humour potache à deux balles, qui déconstruisaient tout ce qui avait été filmé auparavant.
Passons le rapide survol des premiers épisodes rappelés avec un agaçant effet de toile déchiré en deux, qui va continuer à parasiter tout l'épisode par la suite…La looooooongue partie de "juku" (football ancestral) annonce la couleur: va lui falloir gagner du temps, au père Woo pour tenter d'étirer son film à une longueur convenable pour justifier des deux parties et ce sera chose faite avec des scènes certes amusantes, mais terriblement longues et vaines, telle cette longue introduction, qui n'apporte rien au propos. Hop, focus sur Vicky Zhao, tout sauf crédible dans le rôle de l'espion avec ses airs de vierge effarouchée et sa voix haut perchée. PERSONNE ne se rend compte, qu'elle est une femme ? Et comment fait-elle lors des bains communs ou le soir en se couchant avec les hommes pour cacher ses formes (pas très généreuses, je conçois, mais quand même…) ? Et qu'est-ce que cette pseudo-blague, où une foule en délire s'arrête d'encourager un match, parce qu'ils auraient perçu le lointain roucoulement de la fameuses colombe Woo-ienne planquée sous les habits de l'espionne ?!
Le reste est à l'avenant avec ce pseudo-lieutenant, qui va devenir le "frère de sang" de Vicky en n'y voyant que du feu, ce qui donne lieu à d'autres scènes "drôles", tuant tout suspense de sa mission d'infiltration extrêmement périlleuse…
Il souffle d'ailleurs comme un vent d'invincibilité sur la petite communauté de "Red Cliff", qui calcule tous les mouvements de son adversaire pourtant bien plus puissant et qui dispose de l'arme véritablement fatale, Takeshi Kaneshiro, qui joue avec les forces de la Nature et le hasard mieux qu'un quelconque Dieu venu apporter sa précieuse aide. S'inspirant toujours des forces de la Nature, il est mieux que tout autre Monsieur Météo de la terre, en prévoyant de la brume trois jours en amont et en sentant le vent changer de direction 24 heures avant…Formidable. Bref, toute notion d'enjeu est tué dans l'œuf par un scénario insipide et on s'achemine tranquillement vers la fameuse bataille finale, qui déçoit par sa mise en scène approximative et – surtout – son manque de hargne et sauvagerie.
"Red Cliff", un gentillet divertissement familial avec ses personnages soapy et son intrigue à deux sous, censés séduire la ménagère de moins de cinquante ans chinoise et le spectateur ricain élevé aux blockbusters locaux…J'ai détesté…