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Mong Fu et le Muay Thai Il faut donc bien comprendre ici la place du Muay Thai (boxe thaïlandaise) dans ce pays. Bien plus encore que le kung-fu en Chine, le Muay Thai est une institution culturelle de premier plan en Thaïlande. Pas seulement sportive, ni économique. La boxe thaïlandaise possède encore aujourd'hui une importante signification culturelle, comme en témoignent les rites montrés dans le film : prière à genoux avant le combat adressée à son entraîneur, musique jouée par un orchestre, costume avec le bandeau autour du front pendant la prière... Le Muay Thai était le sport national il y a quelques siècles en Thaïlande, et pratiqué par tous: du roi aux plus pauvres. Les rites sont restés, la violence des combats a été atténuée (durée du combat limité, gants), afin d'éviter les trop nombreux décès concluant les affrontements. Mais ce sport de combat reste le sport national et le préféré des médias. Des rencontres sont organisées toutes les semaines dans les deux stades principaux du pays. Le premier appartienet à l'armée, le second à la police. Ce qui explique la présence de militaire à la fin de Fighter's Blues, et non pas des raisons politiques ou nationalistes. Les jeunes le pratiquent à l'école, l'armée en a fait son mode de self-défense. Il ne faut pas le confondre avec le kickboxing qui en est une variation dans d'autres pays. Le 20ème siècle a donc vu l'avènement du Muay Thai actuel dans les années 30, après une décennie d'interdiction pour éviter les issues fatales. Il lui reste tout de même la danse rituelle et la prière d'avant combat (Muay signifie "danse" en thaïlandais), la musique bien sûr, et la passion de tout un peuple. Le Muay Thai est donc avant tout un Art martial avant d'être un business et Mung Fu ne l'a pas compris comme on le constate lors de l'interview qu'il donne à Pim. Ce manque de respect par rapport à l'Art lui vaudra de perdre à la fois sa liberté (par la prison, mais aussi l'impossibilité de rester en Thaïlande plus tard), son honneur (vis à vis de son entraîneur, la profession ou même Pim) et sa famille (Pim qu'il ne pourra jamais revoir après son aveu). Pim l'aimait non pas parce qu'il était le champion, mais parce qu'il était simplement un boxeur. Etant elle-même thaïlandaise, elle ne pouvait que souffrir en entendant que la boxe n'était QU'un job pour lui. Lui, le Hong-Kongais qui pratiquait le Muay Thai. Lui qui s'était fais tatouer son nom sur le bras, avec la petite corde que les boxeurs peuvent porter autour du biceps pendant les combats. Il perd presque sa fille lorsqu'elle apprend qu'il a tué un boxeur thaï et s'humilie en public en devant quitter son costume. Mi-thaïlandaise par le sang, élevée en Thaïlande, elle aussi respecte l'Art, comme en témoigne la photo qu'elle fait prendre à Mong Fu avec l'affiche de Tawon en arrière plan. Enfin, les excuses verbales que Mong Fu adresse aux entraîneurs et boxeurs ne sont pas assez, et il comprend alors qu'il a blessé sa femme, sa fille et tout un pays. Il ne lui reste alors qu'une solution, prouver qu'il peut changer, et effacer cette mémoire. Ce qui passe notamment par la vidéo, et l'image matérielle, thème récurrent chez Daniel Lee (que ce soit la vidéo ou la photo). Mong Fu veut donc à la fois terminer le combat et la vidéo, attendant que Mioko recommence à le filmer. Par son combat, il peut ainsi effacer le film précédent que sa fille vénérait en croyant que son père était un vrai combattant de Muay Thai. Et aussi terminer le combat pour montrer au peuple thaï qu'il a compris son erreur et compte redonner au Muay Thai ce qu'il lui a pris. En allant au bout des 15 minutes, tout simplement, sans se coucher, ramper puis fuir. A l'ancienne, bien que cela soit impossible maintenant. Il est évident qu'un tel combat serait arrêté, mais ici il est symbolique. Il ressemble un peu aux combats d'antan, qui avait souvent une issue fatale, et où comme dans celui-ci les combattants se relèvent jusqu'au bout en oubliant la douleur. Fighter's Blues est un des rares films Hong-Kongais à parler de Muay Thai, et comme vous avez pu le constater, il le fait avec tout le respect dû à cette pratique ancestrale. François |
See you...Thanks, its great to receive such positive comments.,