Mizoguchi Kenji fait partie des réalisateurs nippons les plus célèbres du monde. Reconnu dès les années 20 dans son pays, c'est seulement dans les années 50 qu'il commence à se faire un nom en Occident après le Lion d'Or à Venise de Rashomon, signé Kurosawa. Malheureusement, il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre, et la découverte de son oeuvre se fera principalement à titre posthume.
Mizoguchi est né le 16 mai 1898 à Tokyo, dans le quartier populaire de Bunkyo-Hongo. Sa famille appartient à la classe ouvrière et doit déménager dans un quartier encore plus pauvre, Asakusa, lorsque Kenji a 6 ans. Elève moyen, ce dernier préfère fréquenter les nombreux théâtres et cinémas d'Asakusa, où ses goûts ont d'ailleurs été formés. Dans le même temps, son père décide de vendre sa soeur aînée âgée de 14 ans, Suzu, à une maison de geishas; un drame familial durement digéré, qui lui fera prendre conscience de la souffrance des femmes de la société d'alors. Ce thème illustrera nombre de ses films par la suite, d'une manière le plus souvent militante.
Son adolescence est marquée par une attirance vers le dessin et la littérature. Son départ de Tokyo pour Kobe en 1918 provoque sa rencontre avec Tadashi Tomioka, acteur des sudios Nikkatsu. Très vite, Mizoguchi devient assistant-réalisateur et se voit confier, dès octobre 1922, la mission de moderniser l'esprit du studio. Il réalise ainsi son premier film, Le jour où revit l'amour. Après le grand tremblement de Terre de 1923, les studios sont transférés à Kyoto, qui va devenir l'équivalent du Hollywood nippon. Jusqu'en 1930, il signe de nombreux films muets dont il ne reste plus grand chose de nos jours; au fil des oeuvres, il affine son style et apprend à épaissir la personnalité de ses personnages, et notamment des femmes.
Parallèlement aux débuts du cinéma parlant, Mizoguchi quitte en 1932 la Nikkatsu pour finalement collaborer à la création de la maison de production Daiichi. Sa rencontre en 1935 avec Yoda Yoshikata est déterminante, et ils ne se quitteront plus jusqu'à sa mort. La fin des années 30 est cependant pénible, puisque la menace de la guerre se fait sentir. Mizoguchi tourne pour plusieurs maisons de production et est même contraint de réaliser un film exaltant les valeurs patriotiques japonaises dans Roei no Uta (1938).
Passé désormais à la Shochiku, il réalise un grand classique maintes fois adapté à l'écran, les 47 Ronins, en 1942. Après la défaite japonaise, les américains poussent les studios à abandonner les films traitant des traditions féodales du pays pour se consacrer à des oeuvres soutenant des causes nobles. Ainsi, Mizoguchi se penche sur la condition sociale misérable des femmes japonaises, et va signer ses films les plus importants: ce seront entre autres Le destin de Mme Yuki, La vie d'Oharu, L' Intendant Sansho, Contes de la lune vague après la pluie ou encore . Il meurt en 1956 alors que le monde commence seulement à le célébrer.
A signaler qu'une interview de Yoda réalisée par les Cahiers du Cinéma est disponible dans toute bonne FNAC.
d'après Bernard Nave
Ghost Dog
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