S'il n'a pas eu de notoriété à l'extérieur du Japon aussi vite que Kurosawa ou Oshima, Imamura fait partie des très grands du cinéma japonais de ces quatre dernières décennies.
Né à Tokyo le 15 septembre 1926, Imamura Shohei est originaire d'une famille de la classe moyenne japonaise au train de vie confortable. Mais en 1945, alors qu'il est sur le point de rentrer à l'université, le Japon est au bord du chaos et des millions de gens à la situation autrefois enviable se retrouvent à lutter pour survivre. Imamura va alors gagner sa vie par le marché noir, ce qui créera chez lui une affection pour les marginaux. Après un échec à l'examen d'entrée à la faculté d'agriculture d'Hokkaido, il entre dans une école technique à Tokyo qu'il abandonne pour l'université de Waseda où il se consacre durant six ans à l'histoire occidentale. Il s'occupe alors de théatre universitaires et monte des pièces qu'il a écrites. Il jouera aux côtés d'acteurs qui seront ses acteurs de prédilection lors de ses débuts de cinéaste.
En 1951, il rentre aux studios Shochiku et y travaille notamment comme assistant-réalisateur de Ozu. Mais, à l'instar d'autres cinéastes qui feront leurs débuts dans ce studio (Oshima, Shinoda, Yoshida), il trouve le cinéma de l'âge d'or trop éloigné de la réalité japonaise vécue. En 1954, lassé des contraintes de la Shochiku, il part comme scénariste à la Nikkatsu.
En 1958, il fait ses débuts en tant que cinéaste avec Désir Effacé. Mais il acquiert un début de notoriété internationale en 1961 avec Cochons et Cuirassés qui mêle un tableau sans fard du Japon d'après-guerre avec le thème de la proximité homme/animal qui deviendra un grand thème de son cinéma. En 1963, la Femme-Insecte utilise des techniques formelles et sonores issues du documentaire. Cet aspect culminera dans L' Evaporation de l'Homme (1967). Il retourne ensuite à la fiction avec le Désir profond des Dieux(1968). En 1965, il crée Imamura productions, une des première sociétés japonaises à produire du cinéma indépendant.
En 1970 commence une période de 9 ans consacrée à des documentaires prolongeant les thèmes de ses fictions, notamment Histoire du Japon d'après-guerre racontée par une hôtesse de bar (1970).
En 1979, il revient à la fiction avec La Vengeance est à moi, polar filmé dans un style reportage qui recueille de bonnes critiques et un succès commercial et à l'exportation. Suit en 1981 le film historique Eijanaika. Mais la vraie reconnaissance vient en 1983 avec la palme d'or cannoise de La Ballade de Narayama.
Suivent alors Zegen (1987), superbe attaque contre l'impérialisme japonais du début du vingtième siècle, Pluie Noire (1989) sur les survivants d'Hiroshima et de nouveau un silence de 8 ans juqu'au come back de L' Anguille qui lui vaut une seconde palme d'or. Il enchaîne avec Kanzo Sensei (1998) et De l'eau tiède sous un pont rouge (2001). En 2002, il réalise un sketch du film 11'09''01 - 11 Septembre. Il décède d'un cancer du foie le 30 mai 2006.
Imamura dépeint des femmes qui refusent avec détermination la dure existence que leur offre la société japonaise. Cela provient des femmes en marge de la société (prostituées, hôtesses de bar) qu'Imamura a beaucoup cotoyées durant ses années de marché noir. Imamura pense que les femmes sont non seulement plus intéréssantes cinématographiquement mais aussi plus combattives que les hommes.
La proximité homme/animal est aussi un grand thème de son oeuvre qu'on retrouve notamment dans Cochons et Cuirassés, la Femme-Insecte et l'Anguille.
Ordell Robbie