Justicier?
Porteur en son temps de renouveau pour la saga Zatoichi, ce sixième volet peine pourtant à sortir du ventre mou de la série. La faute à un Ikehiro Kazuo pas vraiment à la hauteur des qualités scénaristiques de ce volet. C'est en effet avec Mort ou Vif que Zatoichi se retrouve pour la première fois dans la saga investi d'une dimension de justice sociale. Pas étonnant dès lors que ce volet le confronte à Kunisada Chuji, figure de yakuza Robin des Bois mythique dans la culture populaire du Japon comme dans son cinéma. Mais Chuji que l'on découvre ici n'est plus le Chuji de la légende mais le résidu d'une époque en train de disparaître, celle du yakuza figure héroïque. Au bandit protecteur du petit peuple sont en train de se substituer les yakuzas calculateurs qui peupleront la saga du masseur aveugle. Passage de témoin entre le Robin des Bois et son admirateur aveugle alors? Oui, mais passage ambigü. Zatoichi va se faire ici pourvoyeur de justice sociale mais pas en héros intouchable: il trouvera des ennemis aussi bien chez les yakuzas que dans un petit peuple lui appliquant le "présumé coupable". Ou alors un héros de ces sixties où le chambara déshéroïsait ses samouraïs: une figure ambivalente, tout sauf idéale. Tout ceci aurait mérité réalisateur plus inspiré. Le jeu des seconds rôles manque de spontanéité et le film manque dans l'ensemble de rythme. Ikehiro Kazuo se contente souvent d'un classicisme planplan ne coulant pas le film mais ne le tirant pas non plus vers le haut. Les coups de zooms sont eux parfois brouillons tandis que certaines "audaces" ratent leur cible: l'usage rapproché de mouvements de caméra brusques pour faire des transitions entre séquences devient un tic formel agaçant. Dommage car l'ouverture est superbement expressionniste et car toute la fin du film est bien plus réussie que le reste. SPOILERS Les tortures de la fin et le passage où Zatoichi est traîné à cheval annoncent un sadisme qui deviendra très courant dans le western spaghetti. Western pointant d'ailleurs le bout de son nez cette année-là avec la révolution Leone. FIN SPOILERS Pour une saga qui avait alors devant elle quelques réussites majeures...
Une bien belle aventure pour Zatoichi que ce n°06 !
Encore un nouveau réalisateur : IKEHIRO Kazuo (pourquoi donc y a-t-il eu autant de réalisateurs différents pour depuis le début ?).
Très bon scénario autour d'un vol de la taille seigneuriale des 1000 ryos. Zatoichi s'y retrouve encore mélé contre son gré, mais cette fois il est malmené autant par les "méchants" que par les "gentils", il est donc pas mal délaissé et souvent pis à mal par tout le monde. Il va même craquer et abandonner face à tant d'ennemis (une première pour ce personnage !). Enfin rassurez-vous, il finiera bien par s'en sortir, c'est pas n'importe qui ce masseur quand même, c'est Zato Ichi San !
(et puis bon, il a quand même une vongtaine d'aventures qui l'attendent après celle-là, faudrait pas qu'il nous plante au n°06 hahaha).
Seule ombre au tableau pour cet épisode très sympa, une qualité de son pitoyable (peut-être celà venait-il de ma version) et la reprise du même acteur WAKAYAMA Tomisaburo pour jouer "Jushiro" alors qu'il jouait déjà un autre personnage dans la série, "Yoshiro, le grand frère de Zatoichi" (dans le n°02).
La charge héroïque
Afin d'enrayer la baisse d'intérêt d'un public commençant à se lasser du rythme de sorties effrénées des aventures du masseur aveugle, les scénaristes embrayent la vitesse supérieure en misant davantage sur l'action. La scène d'ouverture ne laisse d'ailleurs planer aucun doute : au lieu des petites introductions assez drôles concernant la malice du protagoniste principal, Zatoichi est montré en studio sur un fond noir, combattant de nombreux adversaires. Une ouverture digne des aventures de James Bond...
Cette magnificence de la violence se fait au détriment du personnage de Zatoichi : peu de nouveaux éléments se rajoutent quant à son caractère; seules quelques redites (son amour du jeu; son habileté pour la musique...) assoient quelques traits de caractère.
Cette violence est mise en scène en s'inspirant du western américain. Le titre anglais original est explicite ("Chest of Gold"), les affrontements et le duel final pareils aux séquences du western.
La réalisation se veut plus moderne et audacieuse, mais le réalisateur du présent volet ne maîtrise pas suffisamment les moyens employés (zooms maladroits, cadrages en plan américain classiques, images en surimpressions lassantes) pour convaincre; les intention sde tirer la franchise vers de nouveaux horizons ou du moins expérimenter un nouveau domaine était louable, mais ratées.
La séquence du sauvetage de l'enfant présagent les futures aventures de Zatoichi avec ces progénitures et l'intrigue démarre une nouvelle fois par le retour à un personnage antérieur de la série.
A la grande surprise, WAKAYAMA Tomisaburo (frère de Zatoichi dans l'opus n°2) ressuscite d'entre les morts, mais endosse l'identité d'un autre personnage. Se différenciant physiquement, il n'en demeure pas une curieuse sensation de décalage - et surtout de "copinage" derrière la caméra de par le lien familial envers son frère à la ville Shintaru Katsu...
Un film rempli de scènes d'action, mais mineur par rapport à la quintessence de l’œuvre, qui se diluera - malheureusement - au fil des épisodes.