Une bluette qui fait réfléchir ?
A Woman’s Work pose le problème de la communication dans le couple et de la montée de l’indépendance de la femme au Japon, le tout traité avec beaucoup d’humour.
L’histoire est celle d’un homme et d’une femme dont la vie amoureuse ne marche pas fort, et cela se reflète sur leur travail. Le mari (TSUKAMOTO Shinya) est un salary-man comme il en existe tant au Japon et sa femme (SETO Asaka) est joueuse professionnelle de shogi (une sorte d’échec japonais). Sa petite sœur ( ICHIKAWA Mikako) est également joueuse professionnelle et sort avec un musicien fauché et timide (MURAKAMI Jun) qu’elle exploite en lui faisant faire le ménage chez elle ainsi que tous les repas ! Dans leurs domaines professionnels respectifs, une certaine concentration et confiance en soi sont nécessaires.
La réalisation est bonne et alerte, ce qui permet qu’on ne s’ennuie jamais ; on arrive même à être accroché lors des rencontres de shogi, alors qu’on n’y comprend rien !
L’interprétation est juste, les deux sœurs sont, comment dire, fort charmantes ; elles pétillent et sont rayonnantes. Il y a un contraste saisissant entre elles et leurs compagnons, entre un petit malingre et moche et un peu dynamique et pas spécialement beau ; la dissemblance de ces couples est saisissante et amusante. En tout cas ils tiennent tous merveilleusement leur place.
Comme l’indique le titre, la stabilité du couple est remise en cause par le fait que la Femme travaille et les hommes ont du mal à l’accepter. Il est fini le temps où la Femme attendait gentiment que son mari rentre du travail (souvent après être passé au pachinko ou dans un bar) pour se mettre les deux pieds sous la table. Désormais les jeunes femmes japonaises travaillent, et elles veulent leur indépendance (qui passe quasi-obligatoirement par ce fameux travail rémunéré). Elles ne désirent plus faire les tâches ménagères, le repas, … toutes seules. Le mari doit aider et les besognes quotidiennes doivent être partagées, cependant à trop vouloir être forte et indépendante, les femmes en oublient leur propre nature féminine. Elles ne veulent en aucun cas montrer un sentiment de tristesse, ce qui fait qu’elles refoulent tout en elles, jusqu’à l’explosion. C’est en partie pour cela que la mère de Asaka Seto et de Mikako Ichikawa est toujours avec son beau-fils, car elle sait que sa fille est trop dure avec elle-même et que ceci rejaillit sur son pauvre mari.
On peut donc dire qu’A Woman’s Work est une bluette, avec ses histoires d’amour habituelles, oui mais une bluette intelligente sur le couple et l’évolution de la place de la Femme au Japon.
Merci à Panasia 2002