West and Girls
La Corée continue ses timides efforts pour envahir lentement, mais sûrement le Marché américain. Après le récent "American Zombi" de Sidus IHQ et – surtout – le pétard mouillé D-Wars de Show Box, voici venir la société coréenne la plus influente, CJ Entertainment à fouler la Terre Promise. Un ballon d'essai plutôt timide, West 32nd n'ayant coûté que 3 millions de dollars, bénéficiant d'une sortie discrète dans une vingtaine de salles en Corée (et ce malgré la caméo plutôt remarqué de Jeong Jun-ho refroidi en moins de temps qu'il ne faut pour prononcer son nom) et n'ayant même pas encore de distributeur sur le sol américain au jour d'aujourd'hui. A la réalisation, le gyopo (issu de la communauté américano-coréenne) Michael Kang, déjà remarqué pour son précédent et fort sympathique "Motel" en 2005 et son second effort est loin de décevoir.
Coécrit avec un ancien journaliste de "Village Voice", Edmund Lee, qui s'est lui-même immergé un an durant dans le monde de la pègre en suivant un "yaugachi" pour rester le plus fidèle que possible dans ses descriptions, "West 32nd" distille petit à petit une rare ambiance assez malsaine dans le jeu entre le chat et la souris que se mènent l'avocat John Kim et le caïd imprévisible Mike Juhn (Kim Jun-sung est une véritable révélation dans son premier rôle à l'écran). Bien évidemment, l'aspect indépendant et un brin fauché au départ, ainsi que les têtes forcément américaines des gyopo a de quoi mettre le fan de cinéma asiatique à l'épreuve; mais contrairement à bien d'autres essais dans le genre – dont l'indonésien "06:30" ou le thaïlandais "Province 77", Kang se met des meilleures chances de réussite de côté par une mise en scène fort bien torchée (le plan d'introduction à la de Palma est de toute beauté et l'éclairage parfait) et un casting convaincant dans son ensemble (en têtes d'affiche, il peut compter sur la présence de John "Harold é Kumar" Cho et Grace "Battlestar Galactica" Park).
Le début fait d'ailleurs penser aux innombrables polars noirs coréen avec des troubles scènes de salon; avant que l'intrigue ne décolle vraiment, lorsque Mike montre son vrai visage après une heure de jeu et qu'il se met à jouer avec John. John, qui se perd en route pour assouvir sa propre soif de pouvoir.
Une perte d'identité dans tous les sens du terme – par rapport à ses racines, mais également par rapport à ses propres convictions.