Bouleversement des valeurs
Film chinois de An Zhanjun,
Un Père à Pékin possède un scénario minimaliste et tend à ressembler aux œuvres de propagande du passé. L’auteur se sert de cette ressemblance pour mettre en place de nombreux éléments qui s’opposent justement aux tics et habitudes de ces œuvres moralisatrices.
La figure du père n’est ici en rien comparable à celle que l’on trouve habituellement dans les films produits dans le but de montrer combien le statut de ce dernier est important dans la société. Le personnage de Du Hongjun n’est pas ici un homme fort, ne laissant jamais transparaître ses sentiments, et en position de chef autoritaire. Au contraire, il est ici représenté comme étant faible, profondément bouleversé par les sentiments qu’il éprouve et presque lâche par moments.
Le travail, seul moyen d’avoir une place importante dans la société, est également l’objet des dénonciations implicites de l’auteur. Ici, il est montré combien il peut être difficile de gagner sa vie pour survivre et nourrir sa famille. Que ce soit quand le patron de Du Hongjun exige qu’il rembourse une voiture endommagée avant de voir s’il le licencie ou non ou encore quand ses collègues viennent chez lui pour lui rappeler combien il est important qu’il rembourse afin qu’eux ne se fassent pas licencier car ils ont leur famille à nourrir.
Ici, la précarité est clairement exposée, et les contrastes sont très nombreux. Du Hongjun travaille dans un parking. On y retrouve de nombreux signes de richesse, d’occidentalisation. Les voitures de luxe sont alignées tandis qu’il peine à acheter un gâteau d’anniversaire pour son fils.
On retrouve également de nombreux contrastes au niveau de la ville. Car An Zhanjun tient à montrer combien Pékin subit des transformations ces dernières années. La ville, qui accueillera les Jeux Olympiques en 2008, se métamorphose et les contrastes s’accentuent entre les quartiers défavorisés et les quartiers que l’on modernise aussi rapidement que possible. C’est le mode de vie des habitants qui est pointé du doigt… Bientôt, les plus défavorisés ne seront plus en mesure de payer leur logement et se retrouveront éloignés du centre.
Chine en mutation, cinéma en mutation. Dénonciations qui font de ce film une œuvre « underground ». La sixième génération de cinéastes chinois est en marche et sa vision est clairement plus réaliste et donc pessimiste que les œuvres du passé. C’est ce qu’il y a d’intéressant avec Un Père à Pékin : tandis que les auteurs de la génération précédente (Zhang Yimou et Chen Kaige par exemple) rentrent gentiment dans les rangs et proposent des œuvres de plus en plus commerciales et aux budgets énormes, une nouvelle génération cherche l’inspiration ailleurs et se focalise sur la société chinoise contemporaine et ses bouleversements.
La réalisation est de qualité et les acteurs sont tous ici très à l’aise dans leurs rôles respectifs. A noter que Fan Wey, déjà vu dans Happy Times de Zhang Yimou, offre ici une interprétation très touchante et parvient à rendre parfaitement crédible et attendrissant le personnage de Du Hongjun.
Seul point négatif : la musique. Elle ne correspond pas vraiment au film et semble dater des années 80. C’est fort dommage car le film ne souffre d’aucun défaut majeur hormis ce détail.
Un Père à Pékin n’en reste pas moins un film très correct et qui s’inscrit très clairement dans la vague actuelle des cinéastes chinois indépendants. Le film clame son droit à finir dans le drame, malgré une dernière image qui tend (volontairement ?) vers le cliché…
Un Père à Pékin est un film qui montre que le cinéma chinois a des choses à dire et qu’il convient maintenant de se pencher dessus avec plus d’attention.
un bon film qui , malgré ses lourdeurs passagères, livre une petite histoire sur de petites gens à Beijing, le tout étant loin d'être mémorable mais en tous cas fort agréable. les lourdeurs venant du fait que le père et le fils cumulent la malchance et le malheur à répétition, et quecertains passages cherchent un peu trop lourdement à émouvoir, ce qui n'est pas rare dans les films mainland.
ici ce n'est pas éliminatoire car les acteurs sont tous crédibles et les personnages principaux attachants.
pour les amateurs de Beijing bicycle, Cala my dog etautres films du style.