Mélange des genres pour un film à part.
Jusqu'où peut-on filmer le morbide? Lee Su-Yeon n'en a que faire. Cette dernière passe son temps à filmer séquences glauques sur séquences glauques avec une complaisance vraiment reprochable. Un contraste qui crée forcément un déséquilibre avec la belle mise en scène contemplative à l'extrême, faites de plans recherchés comme certains inutiles, dans l'optique de créer une fausse tension à mi-chemin entre le baroque et le salasse. Baroque pour la photo et l'ambiance générale, salasse pour ces scènes infanticides filmées premier degré. Rien de bien choquant, simplement Apparition n'en avait pas particulièrement besoin pour amener le spectateur dans les abysses d'un scénario travaillé mais délicat à appréhender. Les pistes se multiplient, vraies comme fausses, tout simplement parce qu'à l'image de ces personnages, le film de Lee Su-Yeon est malade, névrosé et paranoïaque.
Le spectateur pourra d'ailleurs se sentir perdu au milieu du malaise des différents couples (Yeon et son ex-mari, Jeong-Won et le Père de l'église...) et des nombreuses séquences au tribunal, intéressantes mais faites de chuchotements. Il faut être en forme car on chuchote dans Apparition, et l'on sépare ses mots par de vrais temps morts. Comment rattraper ces moments d'errance et de contemplation abusifs? Aucune idée, Apparition c'est un thriller fantastique plutôt bien joué et courageux (Jun Ji-Hyeon à des années lumières de son rôle de fille zinzin) doté d'un niveau de relecture particulièrement dense, une vision supplémentaire s'avérant nécessaire pour y déceler toutes ses subtilités. Seul problème, qui en aura le courage ou l'envie?
Des surprises, en premier lieu Jun Ji-hyun
The Uninvited est formellement déconseillé aux spectateurs qui voient les films pour y trouver des réponses et s’emmerdent dès que le plan ne leur dit pas en une seconde quoi penser : «aie peur, rit, réfléchit, digère la solution, maintenant pleure». Le film est décrété naze parce qu’il ne correspond pas au produit demandé. On peut à l’inverse être ravi par la somme de surprises et de qualités que renferme ce premier film et réalisé par une femme. Cette dernière précision éclaire différemment l’obsession de l’infanticide qui parcoure le film. Rares sont les premiers long métrages aussi culottés, et la critique coréenne ne s’y était pas trompé, voir ainsi l’article de Darcy Paquet sur www.koreanfilm.org. Lee Su-yeon pousse l’ambition un peu trop loin mais il est louable d’avoir tenté quelque chose d’unique, de fort, un film qui aligne de longs plans sur plus de deux heures dans une ambiance glauquissime, avec très peu de musique, bâti autour de deux acteurs en total contre emploi. Bref, moi je défendrais toujours plus le film qui a risqué la plante (et d’ailleurs a foiré sa sortie) que celui qui a eu peur de se mouiller.
A quelques exceptions près, The Uninvited n’a pas les tics –surtout sonores- du cinéma d’horreur américano-coréen. Plusieurs histoires sont menées ici à la fois, avec un grand brio, entrecoupées de flashs (« back » ou non) harmonieux. Il faut aussi reconnaître ces plans majestueux, parfois un peu pompeux, mais certains vraiment fabuleux.
Dans la stylisation horrifique, Lee Su-yeon est bien plus fine et imaginative que Park Ki-young (Acacia). D'accord, comme lui, il lui arrive de se regarder filmer, faiblesse de jeune premier(e) de la classe. Quel est l’intérêt par exemple de faire un dialogue à grand renforts de travellings latéraux? Ses décors sont aussi dans la mode glacial-chic menée par Park Chan-wook. Mais pour un premier film rappelons-le, cela reste plus intriguant que bien d’autres.
Quand à l’histoire, ou plutôt le très étrange défilé d’enfants tués qui devient abstrait à force d’insister, il est évident que The Uninvited ne raconte pas "qui a tué, qui a été tué", mais pourquoi des personnages sont à ce point hantés par des visions aussi raffinées dans l’atroce. Ils descendent dans la folie furieuse et vont trop loin pour être capable de rester humains, de s’aimer car pourtant ils partagent les mêmes peur. Ils croient chacun ce que raconte l’autre et c’est ce qui les tirent vers le fond. Dans un beau dialogue avant la fin, ils s’accusent mutuellement de s’embrouiller l’esprit. Tu m’étonnes!
C’est vrai que certains moments sont abscons, ainsi cette discussion surréaliste sur la pluie et les parapluies dans la voiture. The Uninvited laisse quand même une impression cohérente d’un monde déserté par l’innocence, où les deux adultes auraient besoin d’enfants pour introduire de la joie simple. Cela rappelle Seance et sa question bête : au fait, pourquoi ce couple n’a t-il pas d’enfants ? Le titre coréen, « Une table pour quatre », donne peut être une bonne lecture du film et explique notamment toutes les histoires autour de la table qui, cassée, devient un trou béant. C’est finalement le titre anglais qui est incompréhensible, même si joli dans l’idée, et passons sur le titre français en dessous du banal, c'est carrément rien: combien de films d'horreur s'appellent déjà "Apparition"?
« Une table pour quatre », donc, est enfin étonnant pour Jeon Ji-hyeon, que l’on soupçonnait bien avoir de malignes ressources sous ses airs de petite starlette. Là elle remet en question sa beauté (elle est presque moche dans son imper) et alterne convulsions d’horreur et impassibilité de démente glaciale. Vraiment, si on prend cette table du bon côté, comme une boite à surprises, aucun risque de s’endormir dessus.
Une succession de scènes sans la moindre cohèrence. De nombreux infanticides parcement la chose, honteux stratagème pretexte à attirer l'attention du spectateur. Affligeant de stupidité et monotonie !
La Corée est un pays surprenant, par sa situation politique, la beauté de ses paysages, son histoire, et sa capacité à livrer un film tel The Uninvited qui nous montre explicitement pas moins de cinq infanticides !!! L’entrée en matière peut paraître surprenante, mais l’on serait bien embêter pour résumer autrement un tel film.
En effet, le premier reproche que l’on peut faire à Lee Su-Yeon (réalisateur et scénariste) est de ne pas avoir su nous raconter une histoire. Ce n’est pas un métrage, mais une succession de scènes qui défilent sous nos yeux interloqués. Pourtant, le réalisateur fait le parie plus que maladroit de nous tenir en haleine pendant plus de deux heures. La gageure est-elle réussie ? Malheureusement … non.
Le personnage principal est Jeong-won (interprété par Park Shin-Yang) lequel travaille à la restauration d’un cabinet de psychiatre où il rencontrera Yeon (Ji-hyun Jun). Présentation de la demoiselle ? Vous êtes près ? Alors la jeune femme est une narcolepsique en pleine dépression, dotée de dons médiumniques, et qui vient de perdre son enfant tué par sa meilleure amie !!! Je précise qu’il s’agit d’un rôle de composition ? Affublé d’un rôle aussi énorme, on ne peut que s’inquiéter quant au jeu de la toujours ravissante Jun Ji-hyun. Toute en fragilité, discrétion, retenue, la belle nous livre ici prestation anecdotique où elle perd tout de sa force de My Sassy Girl, de son charme de Il Mare. Ne reste plus qu’une jeune femme perdue, dans l’incapacité d’endosser un tel rôle (peut être, ainsi, nous livre t’elle tout de même la meilleure interprétation possible de Yeon). Mais, je vais tenter de refreiner mes digression pour aborder la trame du film, si jamais il y’en avait une.
Donc, Jeong-won vient d’aménager avec sa fiancé dans un appartement. Dès sa première nuit, il a la vision cauchemardesque des cadavres de deux petites filles assises à une table réputée comme « spéciale » (ne me demandez pas pourquoi, ce n’est pas vraiment expliqué). Mais, bien entendu, il va donc rencontrer Yeon qui elle aussi voit ces deux petites filles !
Dès lors, il va tout faire pour comprendre ce qui lui arrive et qui est Yeon. Son acharnement va lui permettre dans découvrir d’avantage sur son propre passé ainsi que sur la mystèrieuse jeune femme. Seulement, la fin du métrage venu, le spectateur ne peut que se rendre à l’évidence : il a été monstrueusement manipulé ! Je vous rassure, il n’y a ici (malheureusement) aucun twist façon A Tale of Two Sisters, autre drame horrifique par contre lui extrêmement réussi. En fait, dans The Uninvited, il y a beaucoup de questions (peut être même n’y a-t-il que cela) mais pas la moindre réponse.
Comme dit en préambule ce que l’on en retiendra, ce sont les morts aussi surprenantes qu’absurdes, seul prétexte à cet objet filmique. On dénombre ainsi 9 morts dans le film, dont 5 infanticides filmés en gros plans, un sixième est suggéré, un meurtre, et deux suicides ! Parmi ces derniers, on remarquera le manque d’inventivité flagrant (que certains chercheront à justifier comme une cyclicité volontaire) avec 4 calcinations, 4 plongeons mortels, un écrasement par camion.
Ces scènes n’interviennent que pour réveiller le spectateur assoupi par les conversations stupides (le personnage de la fiancée aussi présent qu’inutile) et la mise en scène pompeuse (une belle photographie qui cache les trous dans le scénario). Des morts dont l’impact n’est pas à nier mais très critiquables. Effectivement, il n’est que trop facile d’interpeller le spectateur en brisant ce tabou qui consiste à montrer la mort d’un enfant. Le réalisateur oublie là que la peur est comblée par la perspective du pire, et nous livre donc des scènes choquantes plutôt que terrifiantes. A ce titre, la mort du petit garçon écrasé sous une roue de camion, le tout montré sans la moindre coupe, est aussi forte que révoltante.
Aussi, la projection achevée, le spectateur ne peut être que mécontent d’avoir été manipuler de la sorte. Aucune explication, pas de justification, juste la jouissance malsaine d’un réalisateur-scénariste qui aura assemblé de façon alambiquée et ennuyante une succession de sketchs du plus mauvais goûts.
Un film raté que l’on aurait pourtant voulu aimer par admiration de Jun Ji-hyun, amour du cinéma coréen, ou tout simplement respect du genre. Un plan seulement à sauver, celui d’une chute mortelle depuis le toit d’un immeuble qui se fige pour un ultime regard sur le visage de Yeon. Un plan renversant (sans chercher le jeu de mot déplacé) de toute façon visible dans la bande annonce.
La plus grande erreur serait de penser que "The Uninvited" est un énième film de fantômes asiatique né de la vague post-Ring. Car s'il empreinte au cinéma de genre horrifique quelques rares stigmates dans la mise en scène ou la recherche d'une ambiance malsaine mais musicalement ethérée, le premier film de Lee Su-Yeon prend le plus souvent des allures de drame psychologique façonné sobrement à la manière des auteurs nippons comme Suwa Nobuhiro ou l'essai dans le genre signé Harada Masato (nb: "Inugami").
Hélas, il est dommage que le charme du film n'opère que dans sa première partie, avant qu'il ne se morde la queue pour finir par s'essoufler totalement.
A table!
Petit thriller aux relents du film d'épouvante fort efficace, mais qui pêche par son envie de vouloir trop bien faire.
Dans le sillon de toute une génération de réalisateurs (-trices) à l'instar d'un "Acacia", la série des "Whispering Corridors" ou le taïwanais "The Heirloom", LEE Yu-yeong cherche donc d'explorer le thème de l'infanticide et de la cellule familiale éclatée par le biais du film d'épouvante. Parfois moralisateur, souvent nombriliste, son discours a au moins le mérite de se placer d'un point de vue résolument féminin.
Quelques scènes d'horreur sont rudement bien réalisées et les coréens prouvent une nouvelle fois leur aptitude à mettre en scène des scènes chocs totalement imprévues, à l'instar d'un "Goodlawyer's wife" ou "Bewitching attraction".
Reste, que les origines du personnage principal sont par trop tirées par les cheveux et que les acteurs ne sont pas à la hauteur de la subtilité psychologique qu'aurait exigé leur parfaite interprétation des personnages.
une bonne surprise
J'avoue, les films d'horreur asiatiques avec des fantomes, c'est pas vraiment mon truc, la vision de ce film fut surtout motivé par la présence au casting de
Jeon Ji-Hyeon actrice ma foi plutôt douée et fort mignonne (j'assume).
Et bonne surprise ma foi, il ne s'agit pas d'un film de fantomes à la
2 soeurs même si le pitch de départ pourrait le laisser penser, mais plutôt d'un "triller" psychologique légrement matiné de fantastique. Et même si le film se perd parfois un peu en route ça reste pas mal du tout. On a même droit à quelques scènes assez violentes pour un film mainstream de la sorte (pas vraiment de sang, c'est surtout psychologique, mais pas forcemment suggéré).
Classique mais efficace, sans effets foireux bancals et avec des acteurs plutôt convaincant,
The uninvited, sans bousculer les convictions, se laisse plutôt bien regarder.
03 novembre 2006
par
Epikt
Que se passe-t-il durant 2h ? On se le demande...
Et c'est bien le problème de ce scénario qui se veut complexe, dont on se demande quel est le mystère, et qui finalement déçoit horriblement. Les acteurs ne sont pas mauvais, la réalisation non plus d'ailleurs ; mais que voulez-vous, quand on a rien à se mettre sous la dent c'est dûr de tenir les 2h du film.
C'est bizarre car la première demi-heure fait bien partir l'intrigue, on en attend alors plus... mais rien, les scènes s'enchaînent en laissant se dissiper l'ambiance initiale, on s'ennuie même par moments.
Bref, pour moi rien est à garder dans "The Uninvited" si ce n'est la participation de Jeon Ji-Hyeon dans un rôle atypique. Passez votre chemin donc...
Merveilleux !!!
we seek the truth and will endure the consequences
Le plus gros reproche que l'on peut faire au film de
madame LEE Su-Yeon c'est son intelligence ... intelligence du propos qui rendra l'oeuvre totalement hermétique aux yeux du grand public qui, pensant consommer un énième ghost-movie, sera forcément dessus et n'y verra que discours insipides et prétentieux ! Quel dommage !!!
Intelligence - car rares sont les films qui poussent le spectateur à autant réfléchir sur lui même, sur son entourage et le comportement humain en général après le visionnage ... Et, si The Uninvited démarre sur de faux airs de rip-off du sixième sens c'est pour mieux s'envoler vers des horizons bien plus grands, renvoyant le film de Night Shyamalan aux oubliettes de par son propos et ses dialogues tous plus réfléchis les uns que les autres. Chef d'oeuvre métaphysique doté d'une superbe musique ambient, d'une photo impeccable et d'une poignée d'acteurs excellents, The Uninvited se place donc plus dans la catégorie de l'horreur sociale que dans celui de l'épouvante de base. Un film difficile, posant des questions qui dépassent largement le cadre du simple film a scénario "question - réponse" et se pose plus comme une base philosophique.
Surréaliste
Visiblement très ambitieux, ce film tombe dans le grotesque et le sordide dès les premières scènes. Les motivations des personnages sont totalement obscures au même titre que l'histoire dont, en définitive, on ne comprend pas bien où elle veut nous mener.
Particulièrement sadique, The uninvited met mal à l'aise sans qu'on comprenne, là encore, la raison d'un tel déchainement.
A l'arrivée, une histoire à peine compréhensible, des lacunes de mises en scènes vertigineuses, des personnages improbables, rien ne sauve du naufrage intégral.
La production corréenne nous a depuis longtemps habituée à bien mieux.