Twelve Nights
2000 : L’année où Needing You cartonne au box-office HK et lance définitivement la mode des comédies romantiques après que la mode des films de triades soit morte. Mais avant que Johnnie To ne change la facette du cinéma local, Peter Chan en produisait l’anti-thèse via Twelve Nights, réalisé et écrit par sa collaboratrice Aubrey Lam. Malgré sa production modeste, Twelve Nights a néanmoins de l’ambition sur le fond : montrer comment une relation se construit et se déconstruit en douze nuits représentatives des différents états du couple. Ca peut sembler très prétentieux et barbant comme pitch et c’est là sans doute la seule faille dans Twelve Nights : ce côté intellectuel, conscient de l’importance et la profondeur de son propos et ne s’en cachant pas, c’est un peu comme une version sombre de la série télé Sex & The City qui partage le même défaut. Mais bon, en abordant le film avec un on état d’esprit, on peut en savourer toute sa beauté et sa cruauté. Twelve Nights n’est jamais que l’histoire d’un échec inéluctable d’une relation entre un homme et une femme tout ce qu’il y’a de plus ordinaires et c’est ce sentiment de désespérément commun, plat et banal qui paradoxalement fait tout l’intérêt du film car il n’est que la mise en scène de notre réalité banale et quotidienne et c’est là que réside toute l’astuce du film car l’identification du spectateur au personnage est immédiate et de là naît l’intérêt car Twelve Nights n’est que la collection de souvenirs épars et de sentiments contradictoires éprouvés par tout un chacun, que ça soit aussi bien le spectateur que la scénariste même.
Néanmoins, Aubrey Lam arrive à se déjouer du misérabilisme sentimental pour parfois mettre en exergue et de façon cocasse les excès de ses propres personnages comme lors du long discours de Cecilia Cheung sur ses sentiments, son amour qui durera toute la vie et patati et patata, qui dure une éternité et trouve une chute assez inattendue. C’est d’ailleurs avec ce genre de scènes qu’on se rend compte de la qualité d’interprétation du film, mené principalement par Cecilia Cheung à l’époque où on parlait encore d’elle pour sa carrière et non sa vie privée et Eason Chan dans ce qu’il excelle de mieux, à savoir jouer des gens simples. Et pour en rajouter, on a les deux amis Nicholas Tse et Stephen Fung qui viennent faire deux caméos remarqués sans compter Candy Lo, Ronald Cheng et Nicola Cheung qui assurent bien aussi leurs petits rôles. Il est évident que Twelve Nights n’est pas la révolution cinématographique du siècle mais le film assure sa part de divertissement intelligent mais surtout permet à Aubrey Lam de s’imposer comme une personnalité à part du cinéma HK et de donner envie de suivre sa carrière.
16 novembre 2003
par
Alain
Excellent début pour Aubrey Lam avec cette romance très réaliste
12 Nights avait tout pour provoquer mon désintérêt le plus total, à savoir Eason Chan au casting (plus jamais une comédie avec Eason...), Cecilia Cheung à son époque "12 films par an", et un scénario pas vraiment palpitant. Mais comme toujours il ne faut jamais se fier aux apparences, 12 Nights n'est rien de moins qu'un excellent film.
Qu'y a-t-il de si intéressant dans cette histoire d'une banalité à pleurer? Et bien rien justement, rien du tout. Au contraire. Le film est même anti-cinématographique, à savoir absolument pas romancé ou cherchant des compromis dans toutes les directions pour faire un "film". Non, 12 Nights est tout simplement tellement réaliste qu'on se fait paradoxalement plus surprendre par un film réaliste que par une fiction un peu alambiquée... En choisissant un sujet aussi universel que les relations amoureux, l'ex scénariste Aubrey Lam était certaine que la plupart des spectateurs se retrouveraient à un moment ou à un autre dans une des situations, que ce soit de manière agréable ou douloureuse.
Et c'est bien ce dernier point qui fait la force du film. Ici les deux aspects de la relation amoureuse sont dépeints de manière équitable, sans faire d'un personnage le gentil de service et de l'autre le salaud qui gâche tout. Non, 12 Nights livre un constat très amer d'une relation tout ce qu'il y a de plus ordinaire, avec ses joies et ses peines, ses erreurs réparties. Alors bien sûr, au bout du compte certains se demanderont "alors quoi?". Alors rien du tout. 12 Nights n'est pas un film dont le but est de chausser des gros sabots pour balancer un message caricatural bien récomfortant pour tout le monde. A la manière de Till Death do us Part, il met tout simplement les gens en face de leur responsabilité, même si c'est de manière moins extrême.
Autour de ce scénario de qualité, on trouve deux acteurs au diapason, Eason Chan très convainquant quand il ne fait pas le pitre, et Cecilia Cheung toujours aussi naturelle dans ce genre de rôle. La réalisation, le montage, la photo et la musique sont également soignés, conférant ainsi au film une impression de sérieux tout à fait bienvenue à cette époque à Hong Kong.
Bref, l'un dans l'autre, 12 Nights est un sacré bon film, pas forcément plaisant comme le sont la plupart des bons films, mais montrant assurément une compréhension douloureuse des relations amoureuses. Conseillé.
Sensible et intelligent
Amour, querelles, jalousie, réconciliation, voilà le quotidien assez banal que propose 12 Nights. L'entrée en matière pose bien le climat avec un détachement et une ironie assez british. Le découpage en tableau permet de pertinents raccourcis qui rendent l'histoire sentimentale d'autant plus crédible que l'illusion de continuité est particulièrement bien mise en évidence. Les petits panneaux insérés avant chaque changement de tableau produisent leur petit effet, cette mise en scène confère une légèreté à l'ensemble qui vient mettre en relief les petits événements de la vie si difficiles à décrire au cinéma sans paraître anecdotique. Il faut reconnaître aussi le duo Eason Chan et Cecilia Cheung est pour beaucoup dans la réussite du film. L'ingénuité de Cecilia couplée au jeu très détaché d'Eason.
La musique vient également bien supporter l'histoire par courtes touches. L'ensemble donne un film assez savoureux sur la relation de couple, intelligent dans sa construction, qui en une scène arrive à rendre manifeste à la fois la proximité et la distance qui persiste malgré l'amour, un film sur l'incommunicabilité, la peur du vide, un film lucide mais tendre qui serait dommage de manquer.
17 octobre 2005
par
jeffy
Parmi la flopée de films romantiques qui sévissent à HK depuis des années, "Twelve Nights" se distingue particulièrement sur son postulat de départ. En effet, la réalisatrice prend pour cible 12 nuits qu'ont vécues un jeune couple, afin de raconter leur rencontre, leur premières joies ou peines, la lassitude de l'un ou de l'autre, la rupture, le "on se revoit en ami" etc...Et que dire sinon que Aubrey Lam réussit parfaitement son coup en signant un film presqu'universel qui saura parler à tous. Le film retient particulièrement l'attention grâce à un casting des plus attachants, à savoir la jolie Cecilia Cheung et un surprenant Eason Chan, bien loin des roles de pitres que les producteurs lui attribuent habituellement. "Twelve Nights" est un film singulier, assez inhabituel à HK par le ton employé, mais parfaitement réussi malgré tout.
Simple et ambitieux, un film beau et très rare.
Au-delà de l'histoire d'amour sans grand rebondissements de Cheung et Eason Chan, au delà de certaines longueurs du scénario, au delà d'un certain classicisme dans la réa, je ne peux m'empêcher de voir une seule chose: "12 Nights" est pour moi un des plus beaux films sur la relation entre un homme et une femme.
Tout est ultra-convenu, on les connait, ces cas de figure. On les connait tellement qu'on les trouve pas très débrouillards, ces deux zozos, quand il s'agit de communication... mais rien n'y fait. De part son ambition, qui se traduit par justement le choix d'une histoire ultra-banale pour tout raconter, sa structure narrative, composé de petites citations très intéressantes sur l'amour et son traitement visuel, tout en
retenue mais très élégant, il m'a touché sur tous les plans.
Sans compter la prestation toujours renversante en trois secondes de la Cheung, et la nonchalance très naturelle de Chan (un de ses meilleurs rôles)...
Attention, spoiler :) : Machine aime machin; machin aime machine; puis machin rencontre une copine, et machine pleure; machin veut rester mais machine en a marre, et part; puis elle revient; mais machin veut voguer vers d'autres horizons, etc etc. Il est évident que si ça raconte tout, ça peut aussi ne rien raconter; c’est selon les humeurs. Moi, j’ai fait mon choix.
En définitive: c’est beau, c’est rare, c’est simple, c’est la vie ; et Cecilia Cheung est l’amour.
Deception .
A part l'interpretation remarquable de "Eason Chan" et de "Cecilia Cheung" le film en lui meme est tres ennuyeux malheureusement .