Ce qu'il y a de sympa avec Edmond Pang, c'est que l'on ne sait pas très bien sur quoi l'on tombe lorsque l'on se penche sur une de ses oeuvres. Le jeune réalisateur, auteur ici de son septième film, parle de la société Hongkongaise, des petits tracas de la vie de tous les jours de ses habitants au travers des petites histoires coquines ou touchantes, fruit d'un travail conceptuel pour ce dernier dans la mesure où c'est la première fois qu'il s'attaque au film à segments et surtout qu'il adapte ses propres récits (et de ne pas oublier qu'Edmond Pang était scénariste avant d'être cinéaste) pour les mettre en scène. Le seul bémol d'entrée réside dans l'intérêt plutôt inégal des segments, parfois courts ou simplement insignifiants avec Civism ou plus longs et recherchés avec It's a Festival today et Ah Wai The big head , le ton est tout de même donné d'entrée avec une thérapie sexuelle d'un couple marié évoquant leurs liaisons avec des partenaires différents. Le segment, ironique et chaud, joue de ses petites subtilités de ton avec cette séquence culte où Kristal Tin cherche dans son calepin à quand remonte son dernier orgasme. Le second segment, plutôt mauvais, montre un véritable scoop : Edison Chen nettoie les traces fécales dans les urinoirs avec son urine, et il en cause avec Stephanie Cheng dans une boîte de nuit quelque peu bruyante. Des questions? Non, ça manque d'humour, de second degré et ça cause anglais. Le troisième segment et sans doute le meilleur, évoque la frustration sexuelle d'Eason Chan avec sa fiancée. Cette dernière ne souhaite pas franchir le pas de la fellation et repousse les tentatives désespérées de son petit ami par tous les moyens. Il faudra attendre Noël pour qu'Eason Chan trouve une excuse pour fêter leur amour et pour qu'il puisse enfin réaliser son rêve. Pari réussi, la stratégie de ce dernier est un miracle et ce dernier n'a plus qu'à chercher toutes les fêtes les plus improbables qui existent pour que sa charmante demoiselle, Isabel Chan, assouvisse ses désirs. Le segment est une petite merveille d'humour tranchant, bien aidé par le montage nerveux de Wenders Li, qui privilégie la succession de fellations (hors champ, évidemment) pour instaurer l'ironie, comme si la fellation devenait le petit train-train quotidien du couple (avec une sur le balcon, pour le nouvel an, normal). A noter un "twist" final mystique et cinglé. Le segment suivant, Tak Nga est plus amusant pour sa mise en scène façon documentaire ludique des années 50 (faisant écho aux archives d'époque américaines ringardes idéalistes du milieu des années 50, début 60) que pour ses propos, sorte de love story narrée en voix off sans véritable chute.
Ah Wai The big head quant à lui, est l'un des épisodes les plus longs et complexes de Trivial Matters. Stephy Tang et Gillian Chung sont deux amies très différentes mais finalement complémentaires, les rendant inséparables, jusqu'au jour où l'amour s'en mêle pour mieux les séparer. Plutôt triste, voir amère, cette "cruelle" love story évoque les premières relations sexuelles des adolescents et les complications qui peuvent s'en suivre comme la première grossesse involontaire, entraînant ainsi ces deux jeunes demoiselles dans la cour des "femmes". Leurs nouvelles responsabilités font qu'un nouveau chemin se trace. Ce segment nous narre leur séparation et évoque le souvenir notamment par deux belles séquences de karaoké musicalement n'ayant rien à envier aux Twins. Le suivant, Recharge, démontre qu'il est encore possible à Hong Kong de filmer la belle Zhang Zheng, nue de face, sans écoper de la mention Cat III. Cette dernière est demandée par Chapman To, excellent, pour louer ses services d'hôtesse du sexe et pour recharger son portable. Humain, drôle et touchant, le segment confirme aussi le recul d'Edmond Pang face à un sujet qui aurait pu déboucher à une simple bobine vulgaire, d'essai, mais il n'en est rien et la caméra reste suffisamment pudique pour effleurer les courbes de Zhang Zheng et prendre au sérieux les propos du segment : qu'importe si le "coup" est rapide et payant, il peut aussi créer des liens. Enfin, le dernier segment met en scène les pérégrinations d'un tueur à gage raté qui troquerait bien sa mission contre un peu de fumée qui fait rigoler, et qui provient, notons le, de Hollande. Enchaînement de séquences amusantes qui font mouche (le partage de la fumette dans les loges d'une salle de bowling, le coup de téléphone final dors et déjà culte) et vraie rigueur formelle, le pari d'Edmong Pang de mettre en image sa petite collection d'histoires est tout simplement réussi, Trivial Matters faisant office de petite bobine décomplexée, aux propos sociaux légitimes bien aidés par un véritable sens de l'humour. Si tous les segments ne se valent pas et manquent parfois la chute tant espérée (on a beau croiser les doigts, elle ne vient que très rarement), on passe un agréable moment de cinéma qui ne se refuse pas.
Edmong Pang s’est déjà frotté avec bonheur aux thèmes en-dessous de la ceinture avec AV ou Men suddenly in Black. Il récidive ici avec 7 petites histoires tournant autour du sexe, de manière très explicite (l’hilarante confession d’un couple devant la caméra, l’encore plus hilarante idée des fêtes du monde), mais aussi de manière détournée et sensible (la prostituée de Chine populaire, le destin des 2 amies). On passe du rire aux larmes à quelques minutes d’intervalle, et on remercie Pang pour ce délicieux petit divertissement.
Edmond PANG continue sur la voie de l'originalité, et c'est son premier mérite. Tout ses métrages sont originaux et diffèrent les uns des autres.
TRIVIAL MATTERS est une sorte d'anthologie composée de courts écrits par le réalisateur. Evidemment sur ces 7 segments, tout n'est pas percutant mais dans l'ensemble j'ai vraiment accroché au concept, grâce à un script bien écrit et des acteurs convaincants (Chapman TO que je trouve vraiment intéressant depuis quelques années).
Edmond PANG traite ici de sujets plus ou moins "triviaux" et souvent universels, le choix de les traiter dans un format court est une bonne idée et l'ensemble est réussi. Pas besoin de budgets énormes pour faire du cinéma intéressant.
Edmond PANG reste le réalisateur HK qui sort du lot, un peu à part de l'industrie et des films produits à la chaîne. C'est un bonne chose et il faut que ça dure.
Edmond Pang est l'un des réalisateurs hongkongais les plus intéressants en activité – et parmi les plus injustement boudés par une critique (et un public) internationale. Et il le sait. "Isabella" a donc été son galop d'essai pour intégrer de force un circuit festivalier – tentative curieusement ratée, le film n'ayant fait aucun bruit à sa sortie, notamment en raison de son style trop appliqué. Son suivant, "Exodus" était de bien meilleure facture, d'une maîtrise formelle exceptionnelle et avec une humilité quasi austère, tant Pang s'essayait à un style minimaliste. Nouvel échec.
Du coup, il semble revenir à ses premiers amours, en adaptant un recueil de courtes nouvelles écrit et publié il y a quelques années (et ainsi tenir sa revanche sur l'adaptation réfutée par le réalisateur de son "Fulltime Killer" par Johnnie To). C'est mignon, c'est drôle (parfois), c'est une nouvelle fois assez unique dans l'industrie cinématographique HK – mais ça ne fait malheureusement pas un tout.
"Trivial Matters" semble un cas d'école de tout ce qu'il faudrait mettre dans un film. Edmond Pang prouve une nouvelle fois son attachement aux "petits riens", qui forment un quotidien, en racontant des petites choses futiles, qui peuvent peser gros sur le quotidien d'une personne. Loin de la virtuosité de ces derniers, il revient à une mise en scène dépouillée, signifiée d'entrée de jeu par ces témoignages face caméra d'un couple en crise. Seul le segment "Recharge" jouit d'un soin tout particulier accordé à l'image. Ensuite, la plupart de ces histoires véhiculent des vraies histoires avec un vrai fond – et réussissent à mettre plus de contenu en cinq minutes, que la plupart des productions HK en 90 minutes. Enfin, Pang prouve une nouvelle fois sa capacité à diriger des acteurs. Chapman To (malgré tout le dédain que je lui porte comme acteur et personne réelle) est parfait dans le film (et LA révélation – et non pas seulement pour sa plastique – étant Zhang Zheng), Stephy Tang et Gillian Chung héritent sans aucun doute du plus beau rôle de leur carrière (même si l'histoire n'est pas totalement captivante) et Eason Chan prouve une nouvelle fois, qu'il est aussi bon comédien, que chanteur à la scène. A noter les très nombreux "guest stars", à commencer par Edison Chen, Shawn Yue, le réalisateur Feng Xiaogang ("Assembly") et le compositeur attitré d'Edmond Pang, Peter Kam.
Un parfait petit guide…mais décousu et qui ne réussit pas à réussir l'épreuve d'une vraie œuvre unitaire, emboîtant tous ces éléments pour créer L'œuvre cinématographique ultime. Edmond Pang propose un kit de tout ce qu'il faudrait faire – à souhaiter, qu'il inspire de nombreux autres (jeunes) talents HK pour les années à venir et qu'il en fasse un modèle pour – enfin – livrer son chef-d'œuvre personnel tant attendu. Qu'il devienne le premier de la classe, au lieu de rester un donneur de leçons.