3 courts un peu longs mais avec une belle ambiance
One Shining est la compilation de trois courts-métrages sur les relations humaines entre la Corée et le Japon, de qualité inégale, mais de simplicité attendrissante. Le tout forme un bon spectacle, bien qu'il soit alourdi par sa longueur (2h17), et en admettant que l'on adhère à l'ambiance de chacun.
Le premier, Treasure Island, suit deux japonaises qui viennent en Corée, sur l'île de Jeju plus précisément, pour retrouver un "trésor" et ainsi réaliser la dernière volonté du grand-père mourant. L'un des deux filles (dont le grand père est en train de mourir) est profondément anti-coréenne et rechigne à venir ; en plus, elles accumulent les déboires depuis leur arrivée, jusqu'à ce qu'une agression vienne porter un coup à leur amitié : son amie évite le drame en parlant aux agresseurs... en coréen, révélant sa vraie nationalité, qu'elle avait caché à son amie. Alors qu'elle la quitte, elle se retrouve ensuite face à un gros coup dur supplémentaire lorsqu'elle trouve son trésor. Ce film cherche à défoncer les barrières entre les cultures japonaises et coréennes en montrant une fille qui voit son aversion pour le peuple voisin voler en éclat par ses amis et sa famille. Elle doit finalement faire un choix et renier une partie de ce qu'elle a appris pour rentrer dans le nouvel ordre du monde qui s'établit autour d'elle, au risque sinon de se retrouver seule et rejetée. Mais aussi, la deuxième fille, qui est en fait une expatriée coréenne au Japon, n'ose même pas affirmer son identité, de peur de perdre son amie ; elle sait qu'elle n'aime pas les coréens, et pourtant elle continue d'être son amie, dépassant ainsi son intolérance en cachant son origine. Dans la forme, Treasure Island est plutôt conventionnel, affichant des couleurs chaudes, ce qui donne l'idée que l'histoire se déroule à la fin de l'été dans le climat doux de l'île ; et la mise en place du scénario est plutôt banale et prévisible ; tout de même, le film reste agréable à voir, mais on est pressé de passer à la suite.
Ensuite vient Goodbye, qui met le Japon plus en retrait pour se centrer sur un jeune Coréen qui cherche à se faire un peu d'argent pour sa dernière journée en Corée. Sa mère est partie il y a longtemps au Japon, et c'est pour lui le moment d'aller la retrouver. Le Japon y est ainsi vu comme une sorte de terre promise pour des jeunes qui ne voient pas vraiment d'avenir en Corée, et qui se sentent larguer dans cette culture. Le Japon leur promet de bonne chose, mais il faut y mettre le prix. Dans une ambiance blues, on suit donc les traces de ce jeune garçon et de ses problèmes tout au long de la journée, à force de sécher les cours et arnaquer les gens. On le sent complètement blasé dans son attitude, même de son ami qui passe sa dernière journée avec lui. Rien ne l'é@!#$ plus, on sent bien que de toute façon, il n'est qu'un poids mort pour la société coréenne, et quand bien même il perde tout ce qu'il a pu récolter, il sera le lendemain au Japon, donc rien ne peut le bousculer. Beaucoup de caméra à l'épaule (que ça d'ailleurs peut-être) ; on se sent rentrer dans la foule de Yongsan (marché électronique de Seoul), très proche du personnage, presque en vue personnelle. C'est assez perturbant avec les nombreux tremblements de caméras, mais ça rend bien l'idée de se faire ressentir les perceptions du garçon. Plutôt bien réalisé, il souffre tout de même longueurs et on n'accroche pas très bien à l'histoire, bien que l'ambiance soit intéressante sur la fin.
Enfin, The Beautiful Strangers vient conclure la série. Au lieu de se dérouler principalement de jour, comme les deux précédents, il prend place de nuit dans l'aéroport international de Seoul (Incheon). Il est le lieu de rencontre entre un employée de librairie coréenne et un voyageur japonais qui a raté son avion et doit passer la nuit à l'aéroport pour attendre le prochain. Or, suite à un incident, la Coréenne veut l'aider et finit par rater son dernier, devant donc rester sur place avec son nouvel ami. Mais ils ne peuvent pas converser, ne parlant ni la langue de l'autre, ni anglais. Et pourtant, cela ne les empêche pas de parler, et même de se comprendre (ou presque). Et ça parle, et ça parle. A croire que le fait de pouvoir dire ce qu'on veut sans vraiment être bien compris donne l'occasion de tout déballer, de sentir la possibilité de donner tout ce qu'on a sur le coeur sans le faire devant un mur. L'autre répond donc, par quelque chose qui n'a rien à voir, mais il répond ; il y a donc une conversation inattendue et inhabituelle qui s'opère dans cette situation. C'est par moments hilarants, et passionnant sur toute la longueur. La Coréenne a beaucoup de charme en racontant ses histoires, et l'innocente du pauvre Japonais perdu est attendrissante. Un beau petit duo qui se forme là. La série se termine ainsi sur une note fraîche et sympathique.
03 janvier 2007
par
Elise