Lent, tellement lent...
La Saveur de la Pastèque est un film quelque peu bancal qui souffre avant tout de sa trop grande lenteur.
Oui, La Saveur de la Pastèque est un film lent, très lent. On en viendrait presque à se demander si la présence de très long et ennuyeux plans fixes dans lesquels rien ne se passe ne sert pas uniquement à faire atteindre à ce film une durée qui aurait été fixée arbitrairement à l’avance. Il est possible de comprendre que les plans s'étirent pour mieux décrire des personnages enfermés et quelque peu perdus dans leur quotidien. Mais filmer un couloir vide pendant plus de deux minutes en plan fixe n'apporte rien à ce film je pense.
Pourquoi un tel sentiment de lenteur ? Parce que le réalisateur ne cherche pas tant à faire passer un message qu'à nous faire observer des individus vivants mais perdus dans leur société. Ainsi, on les observe dans leur quotidien médiocre, on les regarde vivre, se débattre, se résigner, être heureux, être déçus, ...
Les passages les plus réussis sont incontestablement ceux de comédie musicale. Les chansons sont des reprises de grands classiques relativement anciens et les chorégraphies font preuve tour à tour d’inventivité, d’esthétisme et d’un humour parfois très bien trouvé.
A noter que certains plans du film sont absolument magnifiques et quelques cadrages s’avèrent particulièrement bien trouvés. La scène qui se passe sous la table de l'appartement en est un exemple.
Au final, film qui semble plus conçu pour les festivals que pour une large diffusion, La Saveur de la Pastèque ne séduira certainement que les fans de l'auteur taïwanais.
Osons!
Si le dernier Tsai Ming-Liang a pu attirer de nouveaux spectateurs curieux autres que les habitués grâce à la rumeur sulfureuse, ces derniers ont probablement été surpris par le style Tsai Ming-Liang, qui est bel et bien présent, dans la continuité complète de l’ensemble de sa filmo : plans fixes étirés en longueur, pas vraiment d’histoire, pas de dialogues ni de score, juste des corps perdus dans un immeuble désaffecté, une chaleur suffocante et une pénurie d’eau qui contraint à boire du jus de pastèque, des scènes de sexe plutôt crues et 5 passages en forme de comédie musicale permettant aux personnages comme aux spectateurs de s’évader quelques minutes de cet univers morose. Les habitués, quant à eux, seront rassurés de voir Tsai renouer avec l’optimisme alors qu’il était tombé au fond du trou avec l’abyssal vide thématique que constituait Au revoir, Dragon Inn : à force de se tourner autour depuis plusieurs films, Hsiao Kang et Shiang Chiyi finissent enfin par tomber amoureux et à s’extraire ensemble – et de quelle manière ! – d’un quotidien pauvre et sans lendemain, aussi mécanique et sans âme que les scènes porno tournées par Hsiao Kang. Les 2 acteurs principaux ont d’ailleurs eu beaucoup de mérites pour tourner ce film : quand Lee Kang-Cheng passe de la scène hard avec l’actrice qui jouait sa mère dans les films précédents à une scène exubérante où il est déguisé en femme et fait le guignol, Chen Shiang-Chiyi doit se mettre à pleurer dans une situation des plus inhabituelles…
Film fort, décalé, drôle, choquant et plutôt émouvant, La saveur de la pastèque est une expérience pour le moins originale, qui renouvelle de façon intéressante l’univers d’un metteur en scène qui était arrivé dans une impasse.
Audacieux et décalé.
OVNI aux multiples facettes, La saveur de la pastèque distille d'innombrables sensations, agréables ou non, que seul le cinéma est capable d'offrir. Tsai Ming-Liang évoque alors le quotidien pas banal de deux êtres, Hsiao et Shiang, l'un est acteur X l'autre une paumée particulièrement friande du jus de pastèque, pas étonnant quand on sait que l'eau se fait rare des suites d'une pénurie. Le cinéaste malais poursuit sa thématique habituelle, à savoir cette obsession pour l'eau, le liquide, thème qu'il reprendra par la suite notamment avec I don’t want to sleep alone et le sol d'une cage d'escalier transformé en piscine géante, véritable fusion entre le liquide et le solide. Si La saveur de la pastèque étonne par ses nombreux contrastes, notamment ses longs moment silencieux ponctués de séquences musicales particulièrement bruyantes et euphoriques (ou l'art de se contredire et d'étonner son spectateur), il réserve aussi des moments difficiles, glauques, presque morts comme dans ces dix dernières minutes absolument éprouvantes. Mais au contraire d'un I don’t want to sleep alone, Tsai Ming-Liang évite de tomber dans la critique sociale d'un milieu défavorisé et apporte une véritable valeur ajoutée à son métrage : la folie, la cohérence et la variété. L'introduction par exemple, incroyablement culottée et sulfureuse, est tout aussi "forte" qu'une scène pornographique, simplement cette valeur ajoutée est à mettre à l'actif de l'utilisation de la pastèque. Elle n'est que prétexte à camoufler les parties génitales de l'actrice X, mais le spectateur sait pertinemment de quoi il retourne en vérité et qu'il assiste à une masturbation pure et simple.
C'est la seule fois où Tsai Ming-Liang utilise parfaitement la pastèque, dans une logique simple. Son utilisation reviendra uniquement un peu plus tard lorsque Shiang accouchera d'une pastèque, pour ensuite s'en débarrasser définitivement en la faisant s'écraser sur le carrelage d'une cuisine. Enfin, elle servira de produit de gavage à son hôte, un gavage aux connotations presque sexuelles. A ne pas s'y tromper, La saveur de la pastèque est un film bien plus sulfureux qu'on ne pense, érotique et expérimental, compensant son léger manque de matière par cinq chansons dignes des comédies musicales chinoises traditionnelles, aussi niaises et naïves dans ses lyrics. On retiendra particulièrement la seconde chanson, géniale avec ses femmes fleurs, et la quatrième lorsque Hsiao s'amuse à orchestrer un bal de parapluies pastèques sous ses incroyables sauts vocaux. De plus, certaines séquences jusque là très banales (la pêche des crabes dans la cuisine, Hsiao escaladant les façades d'un mur sans savoir pourquoi, le gavage de pastèque à la louche..) arrivent à déstabiliser parce que Tsai Ming-Liang sait y instaurer son propre univers, étouffant et logiquement inquiétant. On retrouve ces plans de cage d'escalier, vides et morts, ces couloirs chichement éclairés, à l'image d'une mise en scène désespérément figée mais c'est le style qui veut ça. Simplement, pour sa peinture de deux personnes amoureuses, proches d'être autistes, La saveur de la pastèque fonctionne et rassure : le cinéaste arrive à rendre une cigarette consommée avec les pieds, carrément érotique. Vous en connaissez beaucoup des types pareil ?
les limites du film d'auteur
Malheureusement, le film ne fonctionne que par séquences.
La faute à un style radical qui fait durer les plans une éternité pour "laisser penser le spectateur". Personellement, ça m'exaspère.
C'est vraiment dommage, car les séquences pornographiques, osées et imagées sont... hum... mémorables, parce que certaines scènes sont extrêmement drôles (les scènes culinaires, la japonaise), souvent brillamment traitées comme dans un film muet. Et enfin les séquences musicales, même si inégales, sont euphorisantes.
Par conséquent on se contrefout du sort des personnages à cause de la mise en scène, et la fin "choc" retombe du coup comme un soufflé.
Ce nouveau film de Tsai Ming-Liang est tout bonnement ahurissant. Le Taïwanais réinvente le cinéma porno. Pas à la façon d'un Andrew Blake (côté chic), ni d'un Jules Jordan (côté hardcore), mais à la façon de Tsai Ming-Liang, justement. C'est-à-dire du porno avec Lee Kang-Sheng (stylé façon Brad Pitt pour l'occasion), des pastèques juteuses, des chansons kitsch de Grace Chang et consorts en guise d'interludes musicaux, des plans fixes de plusieurs minutes, de l'humour grotesque, mais aussi une japonaise bien charpentée, du sperme filmé en gros plan, etc... Le tout avec une idée narrative ou formelle par plan, et de grands, très grands moments de cinéma.
Tsai Ming-Liang forever.
La (femme-)fontaine asséchée
Tsai continue à explorer l'impossibilité de ses personnages à communiquer – et notamment à se témoigner de l'affection. Selon le réalisateur, la communication est aussi vitale que l'eau pour la survie et aucune alternative aussi douce qu'elle soit (tel le jus de pastèque dans le présent film) ne saurait remplacer les véritables mots.
Déjà sous-entendue dans ses précédents films, la sexualité est ici ramenée au premier plan. Impossible de communiquer leur amour, les personnages sont incapables d'aimer – dans le sens premier, comme dans le sens physique. Le porno devient donc une sorte de substitut grotesque, culminant soit dans des séquences musicales extraverties (aux chansons populaires chinoises des années 1950, dans l'une d'entre elles apparaît la statue souriante du dictateur Chiang Kai-shek pour symboliser l'aliénation et une autre forme d'impossibilité de communication), soit dans des scènes porno déshumanisées. Dans l'une, l'actrice principale (japonaise, premier pays producteur de pornos en Asie) perd le bouchon d'une bouteille qui lui servait d'accessoire; dans une autre, une femme inconsciente se mue en véritable poupée désincarnée. Si la plupart de ces scènes érotiques sont délicieusement comiques, il n'en est rien de la scène finale du film, scène choc qui laisse éclater toute l'amertume de Tsai concernant ce faux-semblant de l'amour. Une terrible perspective de ce que tournera Tsai, qui cite régulièrement en interview vouloir faire du porno, le jour où plus personne ne voudra financer ses autres projets…
A noter, qu'à l'origine, le film était censé raconter l'histoire entre une grand-mère et son petit-fils entrant le marché du porno; mais suite au désistement de l'actrice principale – la réalisatrice hongkongaise Ann Hui – Tsai a réécrit l'entier scénario pour employer à nouveau ses acteurs habituels.
Original... mais raté...
Comment décrire mon impression devant ce film?... je la comparerais un peu à celle que l'on éprouve devant un film de Miike: trois bonnes idées pour tenir 1h40, c'est pas assez. Entre deux séquences prenantes, on sombre dans un ennui épais et grummeleux... et juste quand on manquait s'endormir.... PAF, une séquence de comédie musicale poilante, même si on ne voit pas trop bien ce qu'elle fait là (mais ca, ce n'est qu'un détail), qui réveille, et puis retour à une torpeur faite de patience et d'agacement contenu, etc...
D'où le nom de mon texte: original mais raté, en alternance: des séquences pénibles alternent avec des séquences jouissives, mais au final on a quand même l'ipression que c'est le marasme des moments sans interêt ni saveur qui a prédominé.
Délirant a priori...
Ne vous fiez pas à la bande annonce (ni à l'affiche d'ailleurs) à la sauce très "Woody Allen" que l'on a pu voir au cinéma ces temps-ci. Certes, par moment c'est assez drôle grâce à l'ambiance kitch des décors, des costumes et des chorégraphies. Mais plus on avance dans le film, et plus on se rend compte qu'ormis ces passages il n'y a pas grand chose, des longueurs même, et que l'ennui s'installe plus vite que prévu chez le spectateur. Je reproche aussi l'envie de TSAI Ming-Liang de faire une nouvelle fois un film "pour festivals".
Désir, désir
Septième long-métrage pour le metteur en scène et scénariste TSAI Ming-Liang. Le décor et l’ambiance générale de cette SAVEUR de la PASTEQUE rappellent fortement l’ambiance de THE HOLE, cette histoire étrange imaginée pour le passage au nouveau millénaire. Un scénario partant d’un phénomène climatique, une intrigue en forme de huis clos, la moiteur sensuelle de l’ensemble, un acteur similaire en la personne de LEE Kang-Sheng, une impression permanente d’étrangeté et de décalage, les points communs ne manquent pas.
Ici cependant, il s’agit bien de parler ouvertement de sexualité la plus crue puisqu’elle concerne un acteur de home porno et une jeune femme aux désirs de plus en plus exacerbés.
Le cinéaste utilise beaucoup le grand-angle, pour renforcer l’impression de solitude de personnages noyés dans un univers urbain sans charme. La photographie ultra soignée privilégie des tons gris et verdâtres, la lumière bleutée des intérieurs occupant la plupart des plans ou la lumière naturelle a peu l’occasion de se manifester. Cette esthétique proche des années 80 rend plus clinique et froide la description des rapports humains, même si l’humour est très présent, pas toujours très léger mais particulièrement ironique dans l’observation d’un tournage de vidéo X.
Car TSAI Ming-Liang n’hésite pas à filmer des scènes très crues,sans masquer l’envers d’un décor peu reluisant,mais toujours en parallèle avec la vie de la jeune femme qui fantasme plus qu’elle n’agit là ou le héros ne vit l’acte sexuel que comme un gagne-pain au milieu d’une existence assez solitaire. Le plus pudique n’étant pas celui que l’on croirait au départ. Le film suit pas à pas cette relation en devenir, mais prend beaucoup de chemins détournés.
D’une beauté formelle certaine, ce film souffre en effet de vraies longueurs, surtout dans son milieu ou l’histoire tourne en rond, mais le charme diffus empêche totalement de décrocher, sans doute grâce au charme des comédiens très naturels. Et aussi par ces coupures en forme de comédie musicale pour illustrer les états d’âme des protagonistes : de grand moments de kitch assumé,hommage coloré à de vieux morceaux parfaitement dépoussiérés, alors que le passage chorégraphié dans les toilettes évoque furieusement le trash baroque et grotesque d’un ROCKY HORROR PICTURE SHOW. Un décalage à l’image de tout le film, entre sublime et ridicule, sans que cela ne soit vraiment antagoniste.
Notre attente est finalement récompensée par un final grandiose, nos deux tourtereaux se retrouvant dans une dernière scène parfaitement obscène ou le jeune homme besogne un corps inerte de Real Doll humaine sous les yeux de la fille, représentation cruelle de l’acte sexuel sans le moindre érotisme, bien loin du Porno Intello/Chic que l’on pouvait craindre à la lecture du sujet, éternelle expérience de répulsion/fascination conclue par un ultime clin d’œil.
Au-delà du seul désir de faire scandale avec des séquences osées, d’ailleurs très réussies, LA SAVEUR… bénéficie surtout d’une intelligence et d’un élégant détachement dans sa manière d’aborder une relation amoureuse. Et du regard d’un vrai cinéaste.
Ne vous fiez pas à la bande-annonce, ni à rien d'autre.
Faut juste le voir.
J'ai vraiment adoré ce film, malgré quelques longueurs.
Pour ce qui est des scènes de "comédie musicale", elle ne représente qu'une infime partie du film et ne dure pas longtemps. Et c'est tant mieux. En revanche, elles viennent agréablement changer l'ambiance aux moments où l'on pourrait s'ennuyer.
Pour ce qui est des scènes de sexe, dès le début du film, on est le trip du film : des barres de rire. Seule la dernière scène pourrait en choquer quelques-uns. (j'espère que le making-off de cette scène existe, car ça a du être du délire à l'état pur)
Pour ce qui est de l'histoire : oubliez de suite, on s'aperçoit assez rapidement qu'elle n'est qu'un prétexte pour faire un film. Et c'est tant mieux aussi : je rappel l'histoire vite fait : Taïwan est en période de sécheresse, l'eau se faisant rare, le jus de pastèque est recommandé... Trop bien comme intrigue...
Ce que je pense du film ? TSAI Ming-Liang est complètement dingue (c'est un compliment), le seul film que j'avais vu de lui, c'était "The hole" et je n'avais pas trop apprécié. Mais celui-ci, je ne suis pas prêt de l'oublier.
J'aime et je déteste ce film.
Ouch, c'est le choc. Beaucoup d'idées, une grande maîtrise dans les plans, un montage original, des scènes variées, des acteurs superbes, des scènes de vie impressionnantes d'interprétation. Tout ça sert bien à nous dire que ce n'est pas une blague. On ne rigole pas vraiment, on est éblouie, exténuée. Et forcement choqué, avec une fin à couper le souffle !
Tous les films devraient être comme ça, et ne pas hésiter à introduire la vérité dans la fiction :)
Savoureuse et juteuse
Si il y a un film qui m'a intrigué lors de sa sortie, c'est bien" La saveur de la pastèque" . Le seul film de Tsai Ming-Liang que j'avais vu était "Et là-bas, quelle heure est-il ? ", mais j'en garde un souvenir assez flou . Pour en revenir au nouveau film du réalisateur, "la saveur de la pastèque", le thème choisit : le cinéma porno est assez délicat car le film aurait très bien pu tomber dans la vulgarité ... Mais le pari est réussi et cela en grande partie, grâce aux acteurs qui s'en sortent parfaitement bien, mais aussi au réalisateur qui ne cède jamais à la facilité . A la fois drôle, touchant et kitsh le film a quand même quelques longueurs et nous évite l'ennui grâce à ses morceaux musicaux, dignent des films de bollywood .