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A Tender Place

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1 critiques: 4.5/5

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Nicolas D. 4.75


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Tout simplement l'une des oeuvres les plus ambitieuses du cinéma contemporain.

"Le 9 octobre, ma fille Yuka, qui avait alors cinq ans, disparaissait près d'un lac à Hokkaido". Depuis, Kasumi, la mère, revient chaque année sur les lieux pour tenter de comprendre les circonstances de la disparition. Malgré une telle phrase d'introduction, A Tender Place n'est aucunement un film de deuil, mais une enquête. Puisque la police n'a eu aucun résultat, il faut tout reprendre à zéro, envisager toutes les pistes possibles, reinterroger tous les voisins, même plusieurs années après les faits. Kasumi est tragiquement la représentante parfaite du comportement qui ne peut accepter la mort sans cadavre sous ses yeux. Evidemment, rien n'a survécu à la disparition: son mariage, son idylle adultérine avec son patron, la culpabilité croissant avec le temps, rongeant toute tentative de reprendre comme si de rien n'était. Comme Kasumi, le film doit envisager toutes les pistes possibles. Une à une, toutes les hypothèses sont filmées. A Tender Place devient une angoissante succession de Flash-back, dont on sait déjà qu'un seul n'est potentiellement et possiblement vrai. La terreur naît de l'impossibilité de savoir lequel. A Tender Place, c'est, dans une austère mais directe mise en scène DV, 3h30 d'une enquête laborieuse, mais c'est aussi l'un des rares films contemporains à explorer et traiter absolument toutes les possibilités narratives de son récit, quand bien-même l'évènement central appartient au passé. C'est finalement un film où le spectateur est un privilégié, car on lui aura dit et montré tout ce qu'il était possible de dire. Comme si le rapport de l'enquête lui atterrissait in fine entre les mains. Et pourtant, le film parvient encore à surprendre dans ses dernières minutes, et le spectateur (et Kasumi) de se rendre compte qu'il n'avait peut-être pas regardé là où il fallait regarder. A Tender Place est surtout une oeuvre d'un courage, d'une profondeur et d'une ampleur impressionnantes. Le générique de fin débute: le traditionnel film de deuil peut enfin débuter.

25 janvier 2003
par Nicolas D.


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