Génération perdue
Troisième film à la suite à se pencher sur la criminalité juvenile après "Story of a discharged prisoner" et "The window", mais cette fois du côté des femmes. Dès l'impressionnante séquence d'introduction au cours de laquelle Josephine déclenche un violent affrontement avec des garçons machos dans une discothèque, le ton est donné. Relaxé, elle demande à être volontairement placée dans un "centre de redressement", plutôt que de rester chez sa mère et – surtout – son nouveau beau-père. Assez choquant pour l'époque, Lung Kong n'hésite pas à aborder le délicat sujet de la recomposition d'un couple dans un Hong Kong en pleine expansion économique avec sa part de profiteurs et d'opportunistes, comme nous le révélera plus tard le film, en filigrane de la véritable histoire focalisée sur Josephine.
Impossible de ne pas penser à la future vague des "women in prison" avec sa part de réprimandes et d'affrontements entre Josephine et les autres filles de l'internat, même si ces scènes restent tout de même assez morales. Le film retrace assez fidèlement le quotidien das des tels centres de l'époque en abordant les points positifs et négatifs avant que le film s'intéresse à la fuite de quelques internes, qui se transformera en une vendetta assez sanguinolente pour certaines d'entre elles. Les filles seront représentées comme des pauvres victimes, souvent manipulées par des hommes opportunistes et vils.
La dernière partie est à ce titre assez violente – très peu évidemment en égard aux films contemporains, mais très osés pour l'époque. Lung Kong avait vraiment un chic pour des scènes surprenantes assez choc, soudaines explosions de violence d'autant moins attendues après des moments plus calmes.
Lung Kong n'en oublie pas moins son côté moralisateur en insufflant une nouvelle fois une bonne note d'espoir, voyant le bon côté des choses dans beaucoup de malheur, sans oublier "l'intervention divine" toujours très présente au sein de ses films par ce fervent catholique. Son incitation aux parents de s'occuper davantage de leurs enfants pour ne pas en faire des futurs délinquants peut sonner un peu désuet aujourd'hui, mais quand on voit aujourd'hui les générations entières asiatiques sacrifiées à cette période-là au nom du progrès (comme peut également en témoigner le cinéma japonais des années 1950 / 1960 et le cinéma singapourien des années 1990), on tient encore là une œuvre véritablement visionnaire, qui se place largement au-dessus du lot de productions similaires, mais uniquement exploitationnistes de la même période.