Cul-culte
La première scène scotche d'entrée. Une vue des rues les plus fréqeuntées de Tokyo. Une fille, top mignonne, entre dans une boîte de nuit. Tout paraît calme et paisible…jusqu'à ce qu'on lui enlève les écouteurs. Liu se fait brancher par le punk Ama, qui réussit à la séduire en lui montrant sa "langue fourchue", un exploit réalisé grâce au "body piercing". Ama a fait irruption dans sa vie pépère et doucement déboussolé; c'est moins par attirance mutuelle, que par envie de changement, que Liu s'adonne à lui.
La suite n'est pas en reste. Ama réduit un yakuza à l'état de pulpe, arrachant des dents au passage. Liu se fait piercer et tatouer, puis sauvagement prendre dans un sous-sol assez glauque (ma-gni-fi-que Yoshitaka Yuriko dans un rôle incroyablement extrême). Puis l'histoire commence à patiner, la superbe à s'effilocher, le temps à devenir long. Le metteur en scène vétéran dramaturge Ninagawa Yukio tente vainement de ressusciter le drame de ses habituelles pièces shakespeariennes; il est tout simplement trop éloigné de l'univers, qu'il traite et de la jeunesse nipponne actuelle à la dérive pour pouvoir en rendre compte. Le personnage de Liu ne pourra jamais transcender celui de la bimbo ultra blasée et finalement inintéressante au possible. On avait cru percevoir une certaine fragilité à ne plus savoir où mener sa vie…mais en l'état (et après un ultime rebondissement totalement improbable), elle n'apparaît malheureusement pas plus qu'une simple gourde sans aucun fond, dénuée de tout sentiment et intérêt.
Le roman avait su choquer par son ton cru, sa description méticuleuse d'un univers méconnu et une nouvelle déviance de l'actuelle jeunesse nippone sur un ton autrement plus réaliste que dans un "Battle Royale" par exemple.
"Snake & earrings" serait comme la reproduction de la couverture du livre à la Une d'un magazine de mode sur papier glacé. Une occasion de promouvoir un roman, sans même s'être pris le temps de l'étudier et en restant à la surface des choses. Dommage ! Le casting était du tonnerre, le sujet béton et la période propice. Dans culte, il n'y a pas que "cul"…