Duel à trois
ATTENTION: ce "Showdown" n'a absolument rien à voir avec le film martial fauché de 2005 de même titre, qui est – à raison – totalement passé inaperçu à sa sortie…Il n'en sera sans doute pas de même avec ce "Showdown", qui – malgré ses défauts – a quelques sérieux atouts pour se trouver rapidement dans les bacs de vente français: 1) sa bande-annonce terriblement efficace et ô combien trompeuse et 2) un film réalisé par THE scénariste avec le vent en poupe en Corée, Park Hoon-jung, le monsieur responsable des deux (quasiment) plus gros succès coréens de 2010 / 2011: "The unjust" de Ryoo Seung-wan (sortie fin 2011 / début 2012 en France) et…"I saw the devil", la plus grosse arnaque coréenne de la décennie, qui a – logiquement – trouvé son public international.
C'est sans aucun doute grâce à ce prestigieux pédigrée, que cet ancien concepteur de jeux vidéo s'est retrouvé aux commandes d'un film au budget confortable, sans pour autant être extraordinaire…car contrairement à ce que laissait présager la bande-annonce et après une séquence d'ouverture proprement époustouflante, qui n'a rien à envier aux meilleures séquences d'action de "Gladiator" de Ridley Scott (auquel cette séquence doit beaucoup), le film se mue en un surprenant huis-clos à trois personnages…L'image, comme souvent, reste prodigieuse, mais l'action (un comble), les décors, costumes et personnages sont réduits au minimum.
C'est dans ce contexte, que les 111 minutes (même si le film est l'un des rares métrages coréens en-dessous de la barre apparemment obligatoire de 2 heures pour tout film coréen de récente mémoire) paraissent déjà largement exagérées et que l'histoire aurait franchement gagnée à être réduite d'un bon quart d'heure pour gagner en rythme et suspense; car tout repose finalement au duel physique (si peu) et mental (encore moins) des deux personnages, anciens meilleurs amis et actuels plus gros ennemis. L'idée est très bonne, le cadre exceptionnel, les hommes étant constamment sous la menace de l'ennemi chinois à se livrer une bataille à la vie et à la mort. Entre des meilleures mains (Satyajit Ray, au hasard, pour "Les joueurs d'échecs"), le film aurait d'ailleurs pu devenir une magnifique métaphore humaine entre conflit personnel et général, qui revient toujours à vouloir DOMINER, en l'état, on a donc droit à une dispute entre amis, ont la cause est révélée à travers des flashbacks un tantinet faciles.
Il n'en reste pas moins, que Park Hoon-jung a de la suite dans les idées et compte incontestablement parmi les meilleurs scénaristes (métier totalement mésestimé en Corée, comme l'a encore récemment prouvé la mort de faim d'un jeune scénariste, incapable de gagner sa vie, malgré des nombreuses écritures ) en Corée actuellement; en revanche, en vue des trois scénarii cités, l'on peut d'ores et déjà dire, qu'il tient souvent des très belles idées de départ, mais que la suite n'est jamais à la hauteur des espoirs. "The unjust" était un succès en raison de l'efficacité de la mise en scène de son jeune réalisateur; "I saw the devil" en raison de la savante campagne de marketing de Kim Ji-woon et de ses producteurs. "The showdown" passera sans aucun doute beaucoup plus inaperçu en raison de la relative inexpérience de Park; en revanche, cela ne pourra que renforcer son talent, maintenant qu'il aura expérimenté lui-même avantages et limites d'un film.
Il dit vouloir avant tout continuer à écrire des scénarii, plutôt que de réaliser lui-même; il progressera sur les deux plans, aucun doute là-dessus et sa carrière est à suivre de très, très près.
show froid
d'après la Bande annonce, on s'attendrai enfin à voir un bon wu xia coréen avec une bonne dose d'action, de belles batailles dans la neige, de gros moyens et de bons acteurs... qui plus est par le scénariste de I saw the devil et unjust. Et on se retrouve avec un mal de crane. Je ne savais pas que les coréens avait désappri à tenir une caméra, oublié ce qu'est un montage et surtout la photographie d'un film ! Alors que le cinéma coréen est certainement l'un des tous meilleurs au monde en ce qui concerne ces 3 aspects de la réalisation.
On a là tous les symptomes du mal de crâne du ciné commercial destiné à la vidéo international : cadrage flou, une coupe toutes les 3 secondes, de la musique toute patate au moment où c'est inutile, des effets inutiles, des acteurs prétextes sur une histoire qui dépasse largement ce qui se passe à l'écran. Le producteur a dû regréter sa mère lorsqu'il a vu le film car on sent le projet pétri de toutes les meilleurs intentions... sur le papier. A la final, on est plus proche d'un gordon chan, wu jing, ou d'un film d'exploitation thailandais, sans relief qu'un film coréen.
