Entre quatre murs
"Secrets behind the walls" est le premier vrai petit bijou de la filmographie foisonnante de Wakamatsu – et une œuvre charnière.
En fait, on pourrait dire, que la sélection du film à la 15e édition du Festival de Berlin soit en partie la cause de l'éclosion de son exceptionnel talent.
En fait, la découverte de Wakamatsu est le fruit du hasard. Une première version avait été écrite par Sone Yoshitada, avant que plusieurs autres auteurs ne s'y frottent au sujet hautement sensible. Un distributeur allemand, de passage à Tokyo, prend de l'intérêt et achète le film avec quelques autres et le soumet au Festival de Berlin. Ce dernier accepte de le programmer, alors qu'ils viennent de refuser toutes les entrées officiellement soumises par le Comité Japonais. Un incident diplomatique éclate, qui fera une grande publicité au film lors de son passage allemand (le film fera scandale à sa diffusion, mais aura quand même droit à une sortie officielle lus tard, expurgée de quelques scènes de sexe, mais enrichie de plans de Tokyo et d'un carton d'introduction pour mieux appréhender l'œuvre), mais motivera également Wakamatsu de fonder sa propre société de production à son retour au Japon et de se mettre définitivement en marge du système (ses précédentes œuvres avaient été entièrement façonnées aux désirs de ses studios commanditaires, dont la Nikkatsu).
"Secrets…"est l'œuvre d'un jeune réalisateur engagé et plein de courroux et de rancune envers son système. L'ensemble des personnages semblent prisonniers des quatre murs de leurs logements sociaux ("ouvrir" le film à des plans d'extérieurs de la ville de Tokyo, telle montrées dans la version allemande remontée de l'époque a été donc une grave erreur d'appréciation et de goût). Comme dans le futur "Second Virgin…", les japonais sont donc une nouvelle fois prisonniers, comme il le sont par l'insularité de leur pays. Tous les drames se jouent sur une superficie relativement petite. Personne n'a de l'intimité, les uns épient les autres, que ce soit par télescope ou en venant sonner à la porte ou en écoutant aux murs.
Le seul échappatoire semble celui de la voie du sexe; bien qu'il ne dure qu'un temps et qu'il est toujours menacé, que ce soit pour être un adultère, pour être "épié" (le fils écoutant faire ses parents faire l'amour) ou incestueux. L'explosion finale est autant l'expression d'un sentiment de trop-plein de refoulement, mais également le symbole de la création du Japon en lui-même, réputée née de la relation incestueuse entre un frère et de sa sœur.
Une petite œuvre pleine de sens et de métaphores, incroyablement en avance sur son temps.
Fenêtre sur mur
Un fait divers sordide comme il en arrive tous les jours dans notre société étouffante, dans une page de journal entre les résultats du baseball et l'actualité de la guerre du vietnam. Wakamatsu réussi pas mal de choses dans ce film, mais c'est assez déséquilibré, parfois on a du mal à voir où ça va. Mais la prise de vue brute et près des corps, maintien l'attention. Puis tout explose soudainement, dans un final assez intense et surtout un peu malsain.