Alain | 3.5 | |
François | 3.5 | Minimaliste mais pas minime |
Ghost Dog | 2 | Mélo inégal |
La Milkyway n'est pas vraiment une grande spécialiste des mélodrames. Sealed with a Kiss est une des seules incursions du studio dans le genre, plutôt avec succès. Car si le film ne possède pas vraiment de grosses originalités, l'approche très réaliste, le soin porté au scénario et la réalisation de qualité sont autant d'atouts.
Contrairement au mélo plus classique, Sealed with a Kiss choisit une approche plus réaliste et minimaliste. La réalisation s'autorise pas mal d'effets, mais autrement, la photo fait très nue (aucun effet de lumière, on dirait que tout le film a été tourné en lumière ambiante), la musique n'intervient que lorsque les personnages en écoutent, le rythme est assez lacinant. Les personnages jouent également la carte du réalisme. Tous ont leur défauts et leurs qualités, éloignant ainsi le film des clichés propres au genre. On y gagne évidemment en finesse avec des relations plutôt bien écrites entre les personnages, et la volonté de ne jamais verser dans la romance trop mieleuse, la comédie trop stupide ou le drame trop lacrymale. La force principale du film est en effet de s'intéresser aux erreurs et aux non-dits qui conduisent la situation à évoluer de manière peu classique pour un film, mais plus réaliste dans le cadre de ce genre de relations.
On comprend au fur et à mesure du film que Sealed with a Kiss est plus un film sur les petites erreurs qui font passer à côté des choses, on comprend ce que les personnages ne comprennent pas ou ne voient pas, ce qui fait monter une certaine tristesse alors que le film semble bien se passer. Louis Koo est assez convainquant dans un beau rôle de muet trop gentil, Yoyo Mung est rayonnante, et le couple fonctionne bien, même si on aurait rêver d'un Francis Ng / Josie Ho pour avoir plus de puissance. Sue Au est quant à elle vraiment touchante dans un rôle difficile. Tout comme dans la vie réelle, on ne sait pas vraiment comment tout ça va évoluer, cela n'évolue d'ailleurs pas forcément dans le sens qu'on attend ou qu'on aimerait. Les fans de bons gros mélos comme A Moment of Romance pourraient d'ailleurs être déçus: avec son scénario sans grosses scènes à émotions forcées, ses erreurs compromettant toute romance joyeusement vécue ou dramatiquement brisée, Sealed With A Kiss est une romance manquée, comme on loupe un train. On attend en vain des évènements vraiment exceptionnels, des moments de joie ou de malheur intense.
Pour en revenir à des considérations plus techniques, il faut aussi souligner le soin apporté à la réalisation, nettement plus travaillée que dans les autres films de Derek Chiu que j'ai pu voir. Tout n'est pas génial évidemment, mais globalement cette réalisation est satisfaisante. La photographie très minimaliste et les décors naturelles aident un peu plus à rendre le film réaliste et crédible. Bref, il n'y a pas de grosses fautes de goût ici.
Au final, Sealed with a Kiss est au mélo ce que The Mission ou The Longest Nite sont aux polars (toutes proportions gardées évidemment): une variation sur le même t'aime, parfaitement dans le style des travaux de la Milkyway à cette époque. Ce n'est sûrement pas leur achèvement le plus convainquant, mais on sort clairement des sentiers battus. Et une fois le film fini, il reste deux trois scènes marquantes qui trottent dans la tête. C'est un peu ce qu'on demande à ce genre de film, non ?
Avis avec spoilers
Sealed with a kiss n’a pas de grande prétention, simplement de narrer une amourette de vacances platonique dans un lieu situé au bord de la mer, à l’écart du bouillonnement de Hong-Kong, entre une jeune citadine et un beau gosse muet. On est loin de A Scene at the Sea, mais ce petit mélodrame est plaisant sur 2 aspects principaux : le couple formé par Louis Koo et Yoyo Mong d’une part, qui sans faire d’étincelles est plutôt convaincant, et l’exhumation de la jolie chanson de Brian Hyland qui a donné son titre au film. Le personnage incarné par Sue Au est également intéressant, une sorte de petite folle à la tête rasée qui hurle en parlant et rigole bêtement.
Pour le reste, on ne peut pas dire que la mise en scène de Derek Chiu transcende un scénario déjà bien fade et gentillet dans lequel un bisou sur la joue suffit à faire fantasmer les 2 tourtereaux pendant des années : en accumulant des effets tape-à-l’œil du plus mauvais effet, en livrant quelques scènes proche de l’amateurisme (la bagarre entre Louis et Danny Chan au début est hideuse) et en concluant son film par un rebondissement téléphoné d’une lourdeur édifiante, il ne s’en tire pas avec les honneurs. On préfèrera retenir les quelques bons moments baignés dans une atmosphère de vacances et d’occasions ratées que procure ce film.
Fugace instant magique