Télé / Réalité
ou "A life less ordinary".
Premier film autant pour le scénariste, que pour Kentaro Moriya, auparavant réalisateur de clips musicaux.
Tous deux signent un petit film fort divertissant, se moquant gentiment des doramas (séries télés) japonaises – et notamment du manga "GTO" – et de l'éphémère star system des vedettes d'un jour. S'attachant à suivre le retour sur petit écran d'une ancienne enfant star (de 0 à 8 ans) le jour de ses seize ans, ils créent un feuilleton totalement débile, mais dans maints ingrédients semblent tous droits emprunts à des vraies séries télévisées. Le tournage de scènes et les nombreux personnages secondaires sont en tous points truculents, souvent poches d'un certain esprit manga. La palme d'or revient au personnage principal de la série, le "sensei" qui réussit à apprendre son texte en fixant le volumineux scénario CLOS et ne parle que devant la caméra.
Parallèlement à ce délire se joue un drame pourtant bien plus grave. La jeune vedette n'a rien gagné de par sa célébrité : rares sont les copains et il est la cible quotidienne d'une bande de jeunes voyous lui faisant subir maintes humiliations. Phénomène particulièrement répandu au Japon, les plaisanteries laissent un amer arrière-goût et se dirigent inexorablement vers leur malheureux dénouement où réalité et fiction se mêlent en un confus ensemble tout droit sorti de l'imagination de la vedette perdue.
Vraie surprise, ce premier essai n'en est pas pour autant totalement convaincant; la principale faute revenant à un sérieux problème de rythme. Les moments comiques ne le sont pas suffisamment et la narration s'écoule trop paresseusement; le jeune cinéaste évite de tomber dans le piège de nombreux réalisateurs de clips musicaux de donner dans une surenchère d'effets et de plans, mais n'arrive pas à gérer les différentes palettes émotionnelles par un rythme et un découpage appropriés – si bien que bon nombre de scènes très fortes sur papier n'arrivent pas à émouvoir suffisamment par l'image.
Restent des débuts prometteurs, autant du réalisateur, que du scénariste – déployant une réelle sensibilité.
