Entre Drama et policier
Initié par la vague horrifique portée par RING avec ses écolières en danger, le début du film faisant beaucoup penser au cycle coréen WHISPERING CORRIDORS, SCHOOLDAY of the DEAD se démarque pourtant de ses prédécesseurs.
Il s’agit en fait d’une enquête policière dans la tradition des Agatha Christie, centrée dans l’enceinte de l’école et partant d’une pièce théâtrale contenant un secret bien gardé mais vite meurtrier pour qui le découvre.
Le suspens est parfaitement entretenu jusqu’à la révélation du mystère, après une accumulation de cadavres qui met en émoi cet univers clos.
Mais l’originalité du long-métrage vient du fait qu’il mélange adroitement les genres. Si la découverte des coupables ne représente pas la véritable conclusion du film, c’est parce qu’il s’est attardé longuement sur les protagonistes du drame tout au long de son développement.
On suit alors une jolie chronique intimiste au sein du lycée: l’amour impossible entre professeur et élève, les sentiments à sens unique de certaines autres personnes, les rivalités, les confidences réciproques des adolescentes, la relation entre Yuko et son père veuf…L’émotion est présente dans ce tableau contrasté ou chaque personnage garde un secret bien enfoui. Tout cela est intelligemment intégré à l’intrigue autour de l’enquête de deux inspecteurs fort discrets, mais passe souvent au premier, ainsi les réactions affectives de Yoko qui perd d’un coup trois amies proches.
Le choix d’un établissement catholique pour décor mérite d’être signalé, cette religion restant très minoritaire au Japon. Toile de fond originale présentée dans sa conclusion d’une manière plus pernicieuse qu’il ne semble, un éventuel remake occidental modifierait sûrement quelques points délicats pour les sensibilités locales.
La réalisation de Tetsuo SHINOHARA ne s’accorde aucune réelle fantaisie, privilégiant la lisibilité à l’ellipse. A ce jeu, elle s’avère assez impersonnelle mais très efficace, soulignée par un score musical faisant la part belle à la musique classique, élément important dans l’histoire elle-même.
C’est surtout le casting qui retient l’attention. Parfaitement dirigés, adultes et jeunes gens forment une distribution homogène autour du couple vedette très glamour : le professeur Masaya KATO et Kyoko FUKADA dans le rôle de Yuko. Lui interprète le charismatique Shirase dans le BROTHER de KITANO, elle est une très populaire Idole depuis l’adolescence. Ses mimiques ont fait le délice de multiples Dramas, ces téléfilms japonais pour lesquels elle a souvent joué des étudiantes. Beauté parfaite, elle aussi été vue dans RING 2 et surtout dans DOLLS de KITANO, toujours lui, interprétant quasiment son propre personnage. Ici, elle s’en sort impeccablement, et enfin chante le superbe morceau du générique de fin.
Bien loin du simple produit surfant sur la vague du succès, et plus subtil qu’il pouvait le paraître au départ, SCOOLDAY of the DEAD est une heureuse surprise. Intéressant de bout en bout, il passe du policier au Drama sans jamais laisser indifférent. Et à l’image de son épilogue, ce « petit » film est plein d’un charme discret mais évident.
