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The Rose of Bokor

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Bastian Meiresonne 0


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Farce alliée

A quoi faut-il s'attendre, lorsque Nodorom Sihanouk met en scène une vision toute personnelle d'un épisode de L'Histoire cambodgienne auquel il a été intimement lié en tant que Souverain? Surtout que lé générique de début rend mille mercis à la précieuse collaboration avec la Corée du Nord pour mener le film à ses fins (gratitude exprimée en anglais…ET chinois!). A une pénible variation de l'Histoire pour des vrais. En même temps, il témoigne de l'incroyable versatilité du metteur en scène; non pas seulement pour habilement brouiller les repères entre support filmique et sa réelle personnalité, mais également de sa propre implication politique. Amené au pouvoir par les autorités françaises (régie – à l'époque – par le Gouvernement de Vichy), il aura, certes, contribué à une certaine stabilité politique étant le fruit de deux hiérarchies royales concurrentes pour l'ascension au trône, mais en déjouant également les plans de l'occupant à servir de simple pantin. Malgré son jeune âge (19 ans à l'époque de sa première ascension au trône) et le lien fort avec les français, il va parfaitement tirer son épingle du jeu en la trouble période politique de la seconde Guerre Mondiale. Alors que les japonais laissent tout d'abord les français gouverner Cambodge sous le régime de Vichy, ils se ravisent à l'approche de la fin du conflit et mettent brutalement fin le 9 mars 1945. Le Cambodge est déclaré une première fois comme indépendante avant la restauration (provisoire) française. Sihanouk use de la situation en dénonçant le protectorat le 12 mars, alors que le gouvernement se rapproche des japonais avant qu'un profond sentiment anti-nippon précipite al fin du "règne" des japonais. Sihanouk a réussi – en quelques mois – à neutraliser l'opposition de gauche, et est en position de force pour négocier l'indépendance avec ses "amis", les français, ce qui le met également à l'abri de la Guerre de l'Indochine. "La rose de Bokor" se garde bien évidemment à rentrer autant dans les détails en en s'attachant qu'au 9 mars 1945; mais Sihanouk se taille une nouvelle fois le beau rôle d'un personnage fictif en parallèle d'une sorte de réalité historique. Ce faisant, les français sont parfois décrits comme des précieux partenaires, parfois comme ceux ayant reconnu la vraie valeur du Cambodge; alors que les japonais écopent – déjà – du rôle de vils envahisseurs (faut bien contenter les coproducteurs chinois et nord-coréens). Bref, le tout donne un résultat absolument indigeste entre contre-vérité historique et trame à l'eau de rose à peine esquissée, avant que Sihanouk souhaite mettre tout le monde d'accord en interprétant des longues minutes durant, l'une de ses propres compositions au piano sur fond d'images de la "Belle Cambodge" (et de comparer sa femme Monique à une rose dans un montage parallèle totalement déplacée et ridicule). Pour les fanas du Roi, y a aussi son magnifique chien, qui fait une apparition… Le plus pénible est de s'imaginer qu'une telle œuvre ait été préservé au détriment d'autres films sans aucun doute bien plus précieux pour L'Histoire du Cinéma…

20 juin 2007
par Bastian Meiresonne


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