Muet et NB pour un film influencé par les films hollywoodiens de l’époque.
Tout comme Gosses de Tokyo, Où sont nos rêves de jeunesse n’est donc ni dialoguisé ni musicalisé, ce qui implique être plongé dans le silence pendant près de 90 minutes. Cela étant dit (et accepté, même si c’est pas évident), on peut maintenant parler un peu du film en lui-même. Le scénariste Kogo Noda s’est inspiré de la célèbre pièce de théâtre Alt Heidelberg, adapté par Ernst Lubitsch en 1927 sous le titre Le prince Etudiant, pour écrire son scénario. Il en résulte une histoire agréable à regarder et pas du tout déconcertante puisque les influences hollywoodiennes se font nettement ressentir. On aurait eu Clark Gable dans le premier rôle au lieu de Ureo Egawa que ça n’aurait pas changé grand chose.
On constate que la mise en scène d’Ozu est très minimaliste, voire même un peu passe partout, ce qui met en valeur les acteurs et le scénario. Ce choix de mise en scène s’accentuera dans ses films à venir. J’ai encore du mal à m’expliquer clairement le titre ; pour moi, il s’agit d’un film nostalgique sur une certaine période de la vie, l’enfance. Les 4 jeunes adultes regrettent en effet cette époque où ils étaient en classe, où ils pouvaient s’échanger les réponses dans le dos du prof et où ils étaient insouciants. Le jeune héros, trop vite promu adulte et chef d’entreprise après la mort brutale de son père, en est conscient et essaye de prolonger tant bien que mal son enfance en aidant ses amis au concours d’entrée de l’entreprise. Ce film d’Ozu est une jolie histoire d’amitié (voir la scène où le héros cède la femme qu’il aime à son ami en respectant leurs volontés). Cependant, on n’est pas en droit de crier au chef-d’œuvre, loin de là.
Charme d'époque, quand tu nous tiens...
Le paradoxe de ce Où sont nos rêves de jeunesse?, c'est qu'il est bien plus convaincant avant de justifier narrativement son titre. Certes, cet Ozu est encore écrasé par le poids de l'influence hollywoodienne contrairement à un Gosses de Tokyo néoréaliste avant l'heure sorti la même année. Mais sa première partie très enlevée est un véritable régal: gag créé par la mise en scène à coup de travellings, rythme dynamique à une échelle ozuienne, vrai sens du burlesque, naïveté plaisante qui est aussi celle du cinéma à l'époque de son élaboration... Peu importe alors que cette partie puisse se dérouler aussi bien à New York qu'à Tokyo -du cinéma de la mondialisation avant l'heure en somme- tant sa spontanéité emporte le morceau. Mais lorsque le film bascule dans le drame, la grâce n'est plus là pour faire oublier ses limtes. Dommage...
Jeux d'adultes
Ozu est encore dans sa période dite "américaine", où il met en scène des histories fortement influencées (et impressionnées) par ledit cinéma. Le rythme est enlevé, le drame au rendez-vous et les personnages principaux grimés à la mode occidentale, costard-cravatte et chapeau.
Le film vaut surtout par son début, du grand Ozu de sa première époque, carrément hilarant dans cette anthologique scène de classe, où les grands élèves tentent de tricher par tous les moyens derrière le dos de leur professeur.
Dès l'annonce de la mort du père du personnage principal, le ton change et au film de tomber dans un registre nettement plus dramatique. Le titre s'en retrouve dès lors pleinement justifié : d'un coup, les acteurs se retrouvent propulsés dans l'âge adulte et dans le monde impitoyable du business, du travail...et des différences de classe. Les uns sont promus chef, les autres deviendront ses subordonnés; et au milieu, une petite serveuse, devenant objet de toutes les convoitises.
OZU garde - heureusement - jusqu'au bout son optimisme premier en donnant une happy end juste et justifiée. Ne gagnent, ni ne sont dénigrés les riches, ni les moins aisés - juste récompense et voyage de noces pour les véritables amoureux.
Si l'histoire est classique, le début et la symbolique s'en dégageant sont signes d'une oeuvre forte - surtout pour l'époque de la réalisation !!!
Une très jolie œuvrette
Réalisé durant la période muette d'Ozu, cette chouette petite comédie dramatique qui débute par des scènes assez cocasses pour basculer peu à peu dans des situations plus graves par la suite se regarde et s'apprécie facilement. Le cinéaste en profite pour remettre en question certaines valeurs sentimentales (l'amour, l'amitié) et dirige ses comédiens avec beaucoup de conviction. Si la mise en scène demeure sobre et le style d'Ozu encore influencé par Hollywood, on peut d'ores et déjà déceler de menues audaces dans l'inclinaison de certains cadres. Ce
Où sont les rêves de jeunesse ? n'a sans aucun doute pas l'ampleur des chefs-d'œuvre ultérieurs du maître, mais il possède le charme des (bons) films muets d'antan, présente une histoire agréable à suivre et n'accuse aucun temps mort particulier, alors pourquoi bouder son plaisir ?
A voir dans le noir et en silence...
Rétro Ozu à beaubourg
Le film est projeté tel qu'il a pu l'être au japon en 1932 c'est à dire sans accompagnement musical ou sonore autre que le bonimenteur traditionnel, étant donné qu'on en fait plus (de bonimenteur) autant dire que j'ai vu le film dans le silence le plus complet... mais cela fut très agréable, dans ma tête je me faisais moi meme les dialogues, je partais un peu en vrille, et je me marrais tout seul des fois bref, mis à part ça j'ai été vite happé par l'histoire....
C'est à une ode à l'amitié sincère et durable, franche et inaltérable que nous invite ici Ozu, dans un style que je n'ai pas appris être le sien..; en effet il y a pas mal de mouvements de caméras et notamment de travellings alors qu' Ozu était un grand adepte des plans fixes - mais peut etre que ça lui est venu plus tard.
Ce qui est flagrant c'est le grand humour dont ont fait preuve les auteurs, et le jeu du silence fait que, nous raccordant vite à ce qu'il nous reste- cad l'image, on capte directement ce que nous donne à voir Ozu, et en cela les cadrages sont parfaits car tout est imbriqué dans le cadre, que ce soit à effets comiques ( des le début quand les 4 amis sont au lycée et passent leur temps à tricher aux exams ) ou dramatiques ( quand par la suite l'un d'entre eux, devenu PDG à la place de feu son père et par la force des choses le patron de ses trois accolytes, se rend compte que leur comportement change à son encontre, ils deviennent ce qu'il ne veut pas: dociles ).
On remarque aussi que tout est filmé en contre plongée.
Que les visages ne sont pas crispés comme j'ai pu le voir dans Il était un père, bref que pour mon deuxième Ozu il me destabilise un peu parce qu'il ne ressemble en rien au sus-cité.
Très bon film.
Très bonne expérience cinématographique.