Désir meurtrier
Une nouvelle fois, le réalisateur indépendant (underground ?) Kobayashi Masahiro s'attache à décrire des personnages mis au ban de la société, cette fois par un fait divers presque anodin (du moins pour tous, sauf pour eux), qui aura des larges répercussions sur leur vies.
Soit la mère d'une adolescente meurtrière, confrontée au père de la fille assassinée.
Au cinéma coréen, ça aurait donné une bluette du style "April Snow" de Hur Jin-ho avec une idole de la télé dans le rôle principal, qui aurait fini par chichement embrasser sa covedette sur la bouche. En France, on aurait eu droit à un "Ceux qui restent" avec beaucoup de blabla dans des couloirs d'hôpitaux et un Vincent Lindon au regard de chien battu, qui arait dès la 15e minute violemment pris en levrette une Emmanuelle Devos dans une voiture garée dans un parking souterrain avant de chercher à se repentir.
Kobayashi cherche à coller davantage à la réalité en se foutant éperdument d'un quelconque quota d'action, de sexe ou d'intérêt de son audience. La vie n'est finalement qu'un long fleuve tranquille et il ne croit guère à la soudaine ouverture de ses personnages meurtris au plus profond de leurs âmes. Au contraire, il les enferme dans la morosité d'un quotidien terriblement répétitif, dans le poids carcéral d'un travail obligatoire pour espérer gagner sa vie, dans l'obligation de se nourrir pour continuer à respirer et dans sommeil tantôt réparateur, tantôt dur à trouver entre quatre murs rapprochés. Ce qui vaudra donc une interminable répétition des mêmes gestes et rituels pendant près de deux heures. Un exercice de style totalement dépouillé de tout artifice, où le seul changement (bienvenu) est une maladroite prise aux mains entre les deux personnages principaux. C'est tout simplement insupportable pour quiconque ne serait pas prévenu de ce procédé et totalement fascinant pour quiconque concédera à se laisser embarquer dans les tréfonds es toruments de l'âme humaine.
En gros, l'histoire se résume à regarder l'homme travailler dans une usine de métallurgie, à rentrer dans un pensionnat, à se changer et à manger à la cantine commune en allant chercher une boisson en toute fin de repas. De l'autre côté d'une fine cloison, la mère de l'adolescente meurtrière épluche patates et oignons pour préparer le repas, puis attend, impassible, que les clients ramènent leurs bols vides pour pouvoir les laver. Voilà, vous connaissez quasiment tout du film.
Tout l'intérêt réside bien évidemment dans la construction de l'ATTENTE, car pourri-gâté que nous sommes par l'habitude d'un cinéma-spectacle, nous nous attendons évidemment à une explosion (de violence) à un moment à un autre. Qui arrivera – ou non; ne manquerait plus que je raconte le film. Disons, que le film reste fidèle à lui-même, où les quelques mots prononcés claqueront davantage que des possibles actions.
Le meilleur dans du cinéma minimaliste – et un nouveau tour de force de Kobayashi à scruter au plus profond du tourment humain.
PS.: Le personnage de la mère ressemble à s'y méprendre à une Sadako en sursis, habillée en blanc la plupart du temps et des cheveux noirs tombant au niveau des épaules et lui recouvrant entièrement son visage…Bref, pas tout à fait l'image de la mort habituelle du cinéma japonais, mais plutôt celle d'une "mort-vivante", traversant sa vie sans n'avoir plus aucun goût à la vie…
Et plutôt deux fois qu'une !
J'aurais du mieux lire le scénario de ce film avant d'aller le voir... c'est un peu le seul commentaire qui me vient. Il fallait prendre à la lettre l'idée du réalisateur, rien d'autre à attendre qu'une succession de scènes identiques ou presque. L'intérêt du film est de se focaliser sur ce "presque", Simpliste ? Ben oui, trop. Cette idée seule ne suffit pas pour faire un film, pas au cinéma du moins.
J'ai attendu 3 personnes avant de sortir à mon tour de la salle.