Coup de pied dans la fourmilière
Ceux qui ne connaîtraient pas la différence entre les régimes politiques indiens et chinois peuvent faire la comparaison suivante : regarder d'un côté
Une jeunesse chinoise (2007), qui évoque le massacre de Tien An Men et qui vaudra 5 ans d'interdiction de filmer pour son réalisateur Lou Ye, et de l'autre ce
Rang de Basanti, charge très osée sur le combat face à la corruption mais dont le réalisateur Rakesh Mehra n'a pas subi les foudres de la censure. Il y a la dictature d'un côté, la démocratie de l'autre.
Pendant un bon moment, on ne voit pas où veut en venir le film. Une jeune anglaise qui débarque en Inde pour tourner un film sur la résistance indienne face à l'oppresseur anglais d'après des archives familiales, une bande de jeunes indiens amusés mais indifférents à l'Histoire de leur pays ainsi qu'à ses conséquences, des flash-back récurrents en costume d'aspect plutôt pesant. Et puis vient le tournant du film, la mort d'un membre de l'équipe, pilote de chasse très doué dont l'avion s'écrase sans autre explication qu'une restriction de budget volontaire du ministère sur la maintenance et les pièces détachées. Alors que le ministre des armées n'assume bien évidémment aucune responsabilité et fait même porter les causes de l'accident sur le jeune pilote, alors que les manifestations pacifistes pour connaître la vérité sont réprimées dans la violence, les jeunes adultes font alors fomenter une vengeance impensable contre l'Etat en souvenir de leur ami.
La corruption des fonctionnaires et du gouvernement est le fléau de nombreux pays en voie de développement. Le film fait ainsi passer un message très fort et très dérangeant : l'Etat est au service de ses citoyens car il vit sur leurs impôts, et il doit assumer les conséquences fâcheuses de ses trahisons, même si elles s'avèrent violentes. A méditer...