Rahtree fait des petits…
Après une bonne culture de bons gros navets (Ghost of Valentine, Ghost Station, E-Tim Tay Nae), Sippapak Yuthlert (Killer Tattoo) revient à des valeurs plus sûres en s'attelant à un nouvel épisode de sa franchise la plus lucrative à ce jour au box-office thaï (et dont le succès des deux épisodes tournés dos-à-dos lui donneront raison): Buppha Rahtree.
Après un second épisode en demi-teinte, il fait donc table rase d'une bonne partie du casting originel, tout en conservant l'idée première, celle d'un appartement hantée dans un grand immeuble de Bangkok, qui met en émoi ses curieux habitants, parmi lesquels Sister Five, la gérante d'une salle de jeu illégale. D'autres têtes sont déjà plus connues, comme le chasseur de fantômes Master Kong et la jeune femme mystérieuse interprétée par Cherman "Ploy" Boonyasak.
Le film démarre comme un teen slasher à la "Scream" avec une bande d'ados batifolant innocemment avant d'être hantée par le fantôme d'une petite fille, qui a la fâcheuse tendance de se poser sur les épaules de ses victimes ("Shutter" quelqu'un ?) pour plus facilement leur trancher la gorge avec un gros rasoir de barbier. Rapidement, un ton humoristique est donné, bien que les scènes répétitives inutilement en longueur pourront rebuter les moins habitués au cinéma thaï; mais rapidement l'histoire gagne en vitesse, même si l'accumulation parfois sans lien apparent et les trop fréquents sauts temporels rendent la compréhension difficile. Comme souvent dans le cinéma de Sippapak – ou le cinéma thaï en général – il faut juste se laisser aller au flot des scènes, souvent improvisées au jour le jour. Cela donne un film forcément inégal avec quelques scènes totalement ratées, mais aussi quelques bonnes scènes de flip et des moments fort drôles. Sippapak réussit également à combiner humour et horreur jusque dans un même plan, comme lors de cette curieuse séquence, où Buppah donne un méchant coup de rasoir pour chaque mauvaise réponse donnée au cours d'un quizz des plus nonsensiques et qui rend ses victimes totalement chèvres à force d'être incapables de pouvoir livrer les bonnes réponses.
La fin est au moins aussi abrupte que celle du récent "Ong Bak" pour justifier de l'épisode "3.2" tout juste sorti en Thaïlande.
A noter les allusions très lourdes (bien que invisibles pour tout spectateur non affilié à la vie thaïe) aux violents affrontements entre partisans politiques "rouges" et "jaunes" et qui permettent une nouvelle fois au réalisateur de clairement prendre la partie du camp de l'ancien ministre corrompu échu Thaksin.
