La Malaisie s'invite dans la cours des grands
Avec ce Puteri Gunung Ledang, la Malaysie délivre un film ambitieux proche des standards internationaux au niveau technique. A l'évocation des mots "cinéma malaisien", on a tout de même du mal à imaginer un genre en particulier, mais on n'imagine pas vraiment des blockbusters rivalisant techniquement avec des films américains. En adaptant une légende locale archi-connue, un réalisateur chinois a pourtant tenté de produire un film ambitieux proche des standards mondiaux. S'il y parvient techniquement, le rythme trop constant lui interdit tout souffle épique ou romanesque qui en aurait fait autre chose d'un film tout à fait décent et sans gros défaut, mais pas passionnant non plus.
L'histoire du film est basé sur une légende locale d'un bon millier de pages et que tout le monde connaît en Malaisie. Cela donnait donc une garantie minimale de succès au film, autorisant ainsi un budget assez conséquent. C'est vrai que le film vaut bien n'importe quelle production de budget moyen faite aux USA: photographie très propre sur elle même si évidemment assez impersonnelle, réalisation assez moderne avec quelques effets de style pas toujours très pertinents mais très "in" (du style travelling circulaire autour des deux amoureux pendant 20 bonnes secondes). Au casting on retrouve une superstar locale pour le rôle principal, à savoir celui de la Princesse rebelle qui veut retrouver son beau héros de l'autre côté du pays. Si le choix d'une actrice déjà un peu âgé est discutable, sa performance reste décente. Le héros manque tout de même un peu de charisme, et son sultan n'a pas vraiment la tête de l'emploi. Par contre le frère de la princesse délivre une interprétation très intense beaucoup plus intéressante, et les seconds rôles se débrouillent très bien.
Ce n'est donc pas l'interprétation qui vient rabaisser le film, mais plutôt son rythme trop constant. Malgré l'importance de certains évènements, le rythme reste le même, la réalisation également, la musique ne change jamais vraiment de volume. Résultat, si le film n'est pas vraiment ennuyeux, il reste difficile à avaler d'un trait, avec ses 2 heures et demi. Deux scènes d'action viennent tout de même le dynamiser un peu, une première au début du film pour introduire le héros, et une seconde bien plus originale au milieu du film environ. La technique est là aussi locale, on pense un peu à de l'Aikido, puisqu'il n'y a pas beaucoup de coups portés de loin, mais plutôt du combat au corps à corps avec des clés et projection. Le premier combat est du 1 contre 10, le second du 1 contre 1 bien aérien et irréaliste, "à la Ching Siu-Tung" comme diraient les fans du ciné HK. Sans être révolutionnaires, ces deux scènes apportent un peu de punch au récit.
Au final, pour un occidental, le film a un côté dépaysant qui satisfera sa curiosité, alors que le spectateur local s'attachera plus au respect de la légend contée. Le manque de rythme est hélas un défaut un peu gênant sur un film de plus de deux heures, même si techniquement parlant il se montre tout à fait décent. Bilan mi-figue mi-raisin donc.
Zzzzzzzzzzzz
La Malaisie s’invite à son tour sur la scène internationale depuis quelques temps, avec notamment The Big Durian présenté à Sundance, et donc ce Princess of Mount Ledang au budget conséquent. Relatant l’histoire légendaire d’une princesse malaisienne du XVème siècle tiraillée entre son amour pour un prince et ses obligations de mariage avec un sultan, le film souffre malheureusement pour lui d’un incroyable manque de rythme qui rend ces 2 h 20 interminables malgré 2 scènes de combat bien chorégraphiés, de beaux paysages et des acteurs charmants. Se rapprochant plus du théâtre classique avec ses grands discours lyriques et enflammés sur l’amour passionnel, Princess… relègue pourtant ce dernier au rang de vague idée barbante et prétentieuse, avec des sentiments plutôt déclamés que réellement ressentis par les personnages et le spectateur. A moins d’être un fan absolu de ce genre cinématographique, on pourra aisément se passer de la vision de ce film où l’on décroche toutes les 2 minutes.
Aussi long que le livre...
Adaptation d'une légende malayenne archi-connue dans son pays d'origine (à l'instar du Phrai Apai Manee thaïlandais), le seul mérite de ce film est de tenter d'insuffler de l'énergie à un cinéma inexistant aussi bien local, que mondial.
En avant donc la plus grosse production jamais réalisée, succès garanti dans son pays d'origine, mais suffisamment formatée pour prétendre à des possibles sélections aux festivals de renommée internationale (réussite, car déjà projeté à une bonne dizaine de festivals jusqu'à présent).
Seul problème : son rythme. Bien trop lent, et incompréhensible durant la première demi-heure du film, les images s'écoulent paisiblement plongeant le spectateur dans une torpeur envahissante. Ce n'est qu'au bout de 100 minutes de film, qu'une scène d'action honnêtement réalisée (et lorgnant ouvertement du côté des dernières super-productions chinoises, tels que "Hero", voire même du côté du renouveau hype des films de sabre en Corée et HK), mais trop brève suscite quelque intérêt.
Bien évidemment, ce n'est pas l'action qui compte, mais la dramaturgie de l'intrigue et des personnages; mais l'histoire est bien trop classique, les sentiments trop exacerbés pour que l'on puisse y trouver quelque intérêt à garder les yeux ouverts.
Le film transpire pourtant une ambition honnête de vouloir bien faire et les efforts se ressentent dans chaque plan du film; mais l'impression de feuilleter un interminable catalogue de la Redoute sur papier glacée prime.
A noter que le distributeur pense éditer une nouvelle version raccourcie et re-montée de l’œuvre pour les festivals à venir - au moins aurons-nous eu la primeur au Festival de Deauville d'assister à la version originale (et en attendant peut-être un jour al version "Director's Cut de 5h50...mais sans moi !!).