Flux d’amour
Lagaan et Devdas avaient été des chocs, mais c’est New York Masala qui m’a vraiment donné envie d’aller plus loin dans ma découverte du cinéma indien. Situé au cœur de la communauté indienne de la Grosse Pomme, l’intrigue se noue autour d’un triangle amoureux original : fou de Naina, Aman va tenter transférer son amour vers le meilleur ami de celle-ci, Rohit, puisqu’il se sait condamné par la maladie. Porté par 3 acteurs d’exception, le film contient tous les codes nécessaires du mélodrame (rebondissements, séquences émotion, hésitations et abandons de sentiments) qui s’avèrent d’ailleurs payants, mais surprend surtout par sa modernité : loin des traditions indiennes, les expatriés sont ancrés dans la vie trépidante des USA tout en conservant le souvenir de leurs origines (inconcevable sinon…). Cette double-culture donne lieu à 4 scènes musicales d’anthologie : un remake de Pretty Woman enjoué, une scène de disco rythmée et endiablée, un Kal Ho Naa Ho romantique, et surtout un Maahi Ve inoubliable, plein de couleurs et d’émotion. Sans conteste l'une des plus belles réussites du cinéma Bollywoodien des années 2000.
Quand le mélodrame atteint des hauteurs vertigineuses
Durant tout le film on lutte, on se dit non quand même pas ça... ils exagèrent... c'est trop... tout ça pour quand même rendre les armes et finir en larmes, conquit
Haut les coeurs
Survendu avant même sa sortie, "Tomorrow may never come" est une superproduction bollywoodienne exilée à New York. Typiquement bollywoodien dans son approche (simple), l'intrigue est celle d'un amour contrarié. Point de différence de classes sociales, mais un ressort dramatique dont révéler le contenu compromettrait une bonne partie du charme et de la qualité du film (donc : ne pas lire le résumé exhaustif sur la fiche...).
Si tous les ingrédients sont réunis pour faire pleurer dans les chaumières et remplir les stéréotypes obligatoires et attendus d'une telle production, le film se différencie tout de même des autres productions (de masse) du genre, par une mise en scène alerte, de caractères plus approfondis et réellement touchants et une fin surprenante et relativement atypique. La cinématographie est renversante et rarement New York n'a semblé aussi sympathique et convivial; Anil Mehta est un très grand chef opérateur du cinéma contemporain !
En revanche, au-delà de ses qualités indéniables, le film comporte également son lot de déceptions.
Si l'intrigue - basique- n'est de toute façon pas la qualité première à chercher dans un film bollywoodien et que des raccourcis scénaristiques, écritures faciles de style et stéréotypes convenus abondent, l'action en elle-même se répète à plusieurs reprises et traîne en longueur. Les mêmes états d'âme sont dépeints à plusieurs reprises, des idées répétées et la dernière demi-heure artificiellement prolongée pour - sans doute - atteindre les 3 heures de film obligatoires; dommage, car parmi les scènes coupées comprises sur l'excellente édition de BODEGA (et je suis plutôt avare en compliments des éditions vidéo en général) se trouvent de vraies perles inédites, qu'il aurait été préférable d'inclure au lieu d'autres scènes retenues dans la version finale.
Les chansons n'arrivent franchement pas à convaincre. Assez rares dans l'ensemble (la première n'intervenant qu'au bout de 25 minutes, la seconde après 50 minutes et la troisième - importante - que dans la seconde partie !!), la reprise désopilante de "Pretty Woman" à la sauce bollywoodienne finit par agacer à la longue et aucune des mélodies n'accroche réellement. Ce n'est qu'une question de goûts, mais comparé à d'autres récentes productions, il n'y a vraiment pas de quoi se pâmer; en revanche, les insertions sont plutôt réussies au fil de l'intrigue.
Le casting est d'une qualité exceptionnelle et nombreuses les interprétations convaincantes des acteurs dans de rôles inhabituellement approfondis pour le genre. La seule véritable déception est Sharukh; "Demi-Dieu" au panthéon des acteurs contemporains par on-ne-sait-quel-miracle, il est en totale roue libre et cabotine jusqu'à l'excès. Insupportable et totalement effacé devant le talent certain de Saif Ali Khan, qui se contente de reprendre la même interprétation que dans son précédent "Dil Chatha Hai", mais a infiniment plus de classe et d'émotions convaincantes à sa gamme.
Superbement éclairé et mis en scène, aux personnages inhabituellement approfondis pour un film du genre et à la fin surprenante, "Tomorrow may never come" faillit à atteindre ses objectifs en raison de trop grosses longueurs, de passages musicales à demi convaincantes et le cabotinage de Shakh Rukh.
D'autres adoreront...