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La Bête Aveugle

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 4.12/5

vos avis

20 critiques: 3.85/5

visiteurnote
White Snake 5
Bama Dillert 1.75
Bastian Meiresonne 3.75
Cuneyt Arkin 4.75
Illitch Dillinger 3.5
Izzy 4.75
Jérémy 3.5
JoHell 3.75
jool 3
Kokoro 4.5
Miyuki 1.5
Mounir 4.5
OshimaGosha 4.5
Pikul 4.5
Samehada 3.75
seijûrô hiko 3
Sifu Tetsuo 4
Simon VD 4
X27 4.5


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Emprise de sens

Cette adaptation d'une nouvelle de Rampo est désormais considérée comme un classique du cinéma japonais et précède de quelques années la Nouvelle Vague Japonaise. Le sujet est magnifique, de la contradiction d'un amour forcé (métaphore des mariages arrangés ou "forcés" toujours d'actualité à l'époque de la réalisation du film), à l'acceptation du ressentiment amoureux (découverte de sa propre sexualité et de l'abandon envers une autre personne) jusque dans l'abandon jusqu'au-boutiste de son amour. Le final est difficilement supportable, même si excellemment masqué par un savant montage... Montage, qui n'est malheureusement pas toujours à la hauteur des ambitions ou a dû mal à rattraper quelques lacunes de la mise en scène. La faute avant tout au jeu des acteurs et d'une réalisation très bric-à-brac, où les coups sont clairement portés à côté, coupures et morsures mal imitées et les nombreuses bagarres non chorégraphiés. Dommage, car la sauvagerie animalière en perd de son impact émotionnel; quant aux acteurs, ils surjouent bien souvent dans les grandes largeurs, se référant certes au théâtre kabuki ou Nô, renforçant le côté dramatique, mais semblant par trop extraverti. Seuls décor et éclairage sont de meilleur effet, alors que la mise en scène ne se permet pas une audace visuelle suffisante pour accompagner une mise en abîme aussi destructrice que "L'Empire des Sens" quelques années plus tard !

07 septembre 2005
par Bastian Meiresonne


Oshima? Pas du tout! Edogawa Rampo!

Ce film est fabuleux! Pour plein de raisons, objectives ou pas, raisonnables ou pas. Il y a le gout partagé de ce film avec l'oeuvre d'Edogawa Rampo de cette esthétique délirante de la perversion. L'érotisme n'est jamais loin de la monstruosité et c'est justement cela qui lui donne toute sa puissance et sa force de contestation. Les personnages de Rampo sont souvent des détraqués qui ont décidé de vivre la chair jusqu'au bout, malgré tout et tout le monde: ce film est parfaitement dans ce ton. Cruel, extatique, profondément amoral, ce film emmène ses personnages loin de la société pour les plonger dans un monde où il n'y a que les sens, la sensation, la sensualité. La puissance de suggestion de ce film est d'autant soulignée par la parfaite implication de Masumura dans son film: il filme sans recul, à hauteur de sujet, relayant parfaitement par sa réalisation l'impression immersive du film. Dans ce huis-clos où se révèle toute l'ambiguité du désir tel que l'imagine Rampo, la musique participe de ce même mouvement en soulignant de façon très significative, sans distance à nouveau, les climax de cette spirale délicieusement infernale. Il est impossible de ne pas comparer ce film à l'Empire des sens d'Oshima, tant certains thèmes sont communs: érotisme débouchant sur la mort, enfermement critique des personnages,.... ces deux grands films se rejoignent surtout sur l'absence de référence morale pour juger le sexe! Peut-être même que le film de Masumura va plus loin en ce sens, poussant encore plus loin l'adhésion formelle par tous ses éléments à son sujet. Par là, il rejoint le génie de l'Edgar allan Poe japonais et l'illustre avec une force incroyable, proprement bouleversante.

15 novembre 2006
par Cuneyt Arkin


Un film très original et très inventif, visuellement magnifique même si il a certes vieilli et comporte quelques longueurs.

10 août 2010
par Jérémy


La proie et l'ombre

Encore un MASUMURA sorti de l’oubli, ce n’est que justice au vu d’une telle œuvre. Il s’agit de l’adaptation fidèle d’un roman de Edogawa RANPO, le rénovateur du roman policier nippon dans les années 20. Le cinéaste respecte l’esprit dantesque du livre originel, se contentant de moderniser le décorum et l’ambiance générale. Cette histoire de passion érotique subie puis totalement consentie par un jeune mannequin aux prises avec un sculpteur aveugle et obsessionnel est une véritable plongée dans les abîmes de l’âme humaine, ou comment aller trop loin pour parvenir enfin à l’ultime extase, sans espoir de retour. MUSUMARA construit son intrigue par paliers. D’abord le prologue et l’enlèvement, puis une longue explication par la fille elle-même sur les évènements, en voix off, permettant de partager sa répulsion pour cet univers clos et morbide : nous découvrons ainsi progressivement au début du film en même temps que l’héroïne séquestrée, mélange baroque et inquiétant représentant un seul sujet, le corps de la femme. Ensuite une autre partie lui succède, plus traditionnelle et ou l’action se fait en temps réel, à savoir le quotidien du trio : le sculpteur, sa mère et sa prisonnière, jusqu’au tournant du film, et enfin un retour à la voix off de la fille qui raconte sa plongée avec l’homme aveugle dans les affres de la passion, amenant un final d’une audace incroyable extrêmement dérangeant et fascinant. La qualité esthétique du film est hallucinante, proposant un clair-obscur permanent dans un unique mais fantasmagorique décor, l’atelier de l’artiste. Les plans étranges succèdent aux situations érotiques et fétichistes d’une sensualité à mille lieu des produits de série formatés : car le cinéaste soigne certes la forme, mais privilégie le fond, conférant une grande authenticité à des séquences pourtant à la limite du surréalisme, d’ailleurs bien dans la lignée du romancier. Quant aux personnages, ils ont une vraie épaisseur, du mannequin d’abord victime puis parfaite manipulatrice pour devenir enfin une amante possédée, à la mère jalouse de sa progéniture sous couvert de son seul bien-être. Duo féminin implacable autour d’un homme intelligent et hypersensible, mais naïf et sans aucune connaissance du monde extérieur. Les trois interprètes de ce huis clos sont parfaits. Eiji Funakoshi est remarquable dans son rôle d’aveugle obsédé par ses créations, plutôt sobre vu ce qu’on lui demande de jouer, face à une Mako MIDORI qui n’a sans doute pas la beauté de l’actrice muse de MASUMURA, Ayako WAKAO, mais possède une sensualité animale très érotique et idéale pour son personnage, lui donnant une crédibilité étonnante. Seule la musique vaguement Morriconienne n’apporte pas grand-chose à l’ensemble. Alors que quasiment en même temps, Kinji FUKASAKU sortait avec l’aide de Yukio MISHIMA une autre adaptation échevelée de Edogawa RANPO : LEZARD NOIR, représentant un aspect plus feuilletonesque mais tout aussi étrange de l’œuvre de l’écrivain, MASUMURA nous donnait ce film avant-gardiste et provocant à la beauté sulfureuse totalement intacte plus de trente ans après, pièce maîtresse dans une filmographie décidemment de plus en plus passionnante à (re)découvrir.

05 septembre 2005
par Kokoro


mal vieillit

très mal vieillit. c'est super kistch , super surjoué, mal fait, on rigole pendant les scènes de séquestration, on y crois pas une seconde. une bonne serie B. à l'epoque ça devait être pas mal en tout cas...

16 août 2005
par seijûrô hiko


Petite merveille

Magnifiquement réalisé, "La bête aveugle" est un film qui m' a agreablement surpris surtout de part sa mise en scène son décor et sa lumière. Certains cadres sont vraiment beaux et novateurs pour l' époque. Possédant un excellent scenario, Masumura maîtrise parfaitement son sujet et laisse ses interprètes totalement seuls dans cette descente aux enfers. Les acteurs d'ailleurs s'en sortent incroyablement bien. Ce qui n'était pas évident. Cependant je préfère la 1ere demie heure carrément geniale au reste du film où l' on anticipe plus le destin des personnages. Ca reste quand même une très belle histoire d' amour. Merçi Masumura.

27 septembre 2005
par Sifu Tetsuo


Eros etThanatos

Une histoire fétichiste de l'amour . Un amour fou, obsessionnel, passionné ... Les personnages passent d'une émotion à une autre : l'amour à la haine, la jalousie . L'amour est ici sublimé par l'intermédiaire de la sculture, plus l'élaboration de cette dernière avance plus la passion devient obsession . On comprend alors que cet amour va grandissant et devient absolu ; les amants sont entrainé dans une spirale sans fin, ils sont enchainés et envahis de désirs morbides et de pulsions sadomasochistes dont l'aboutissement et la seule issue sont la mort . La musique, les décors et surtout l'atelier du sculteur sont pour beaucoup dans l'ambiance générale du film, une ambiance où le fétichisme est poussé à son paroxysme . Superbe .

03 août 2005
par X27


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