McBrouille
Petite œuvre bourrée de qualités esthétiques et d’un charme certain fait de réalisme et de fantaisie, McDull dans les Nuages marquait l’intronisation d’une figure animée de la TV (et initialement un univers dessiné créé au début des 80’s) locale sur grand écran. Un premier essai modestement réussi par ses créateurs et qui lui valu une distribution internationale ainsi qu’un succès critique sanctionné par le Festival d’animation d’Annecy, une des messes internationales du média. Le Film réussissait ainsi l’équilibre agréable entre sujet complètement ancré dans le quotidien hongkongais avec relent de réalisme, et le contraste d’une urbanisation étouffante en opposition à un univers enfantin plus coloré.
Si la suite McDull Prince de la Bun propose les mêmes qualités esthétiques (et son casting de voix quatre étoiles) d’autant plus remarquables que l’équipe d’animateurs est extrêmement réduite, elle pèche complètement par une mise en scène trop brouillon et une structure narrative qui dans un souci de fantaisie et d’onirisme perds toute... structure. Impossible d’entrer pleinement dans le film, les situations passant trop rapidement du coq à l’âne sans la fluidité nécessaire qui rendrait la chose dramatiquement inéluctable. Toutes les qualités artistiques et techniques sont donc bien là, mais une volonté trop « auteurisante » de s’affranchir de toute construction classique noie le propos dans l’abscons et une abstraction trop évanescente. Ça en serait presque prétentieux si on faisait montre de mauvais esprit.
On n’est donc pas étonné de ne toujours pas voir d’exploitation de cette suite en occident, alors que le premier volet jouit d’une certaine réputation. Plus difficilement exportable, McDull Prince de la Bun a pourtant obtenu le prix du meilleur film aux 11ème Annual Hong Kong Film Critics' Society Awards, passante devant le pourtant acclamé One Nite in Mongkok pour l’obtention du titre suprême. La raison de succès d’estime locale est bien entendu, en plus du fait d’avoir l’occasion de primer un anime – une première pour ces awards -, le regard que pose le film sur la culture hongkongaise à travers une évocation nostalgique d’un HongKong qui n’existe plus. Ç’est assez pour s’attacher la bienveillance de la HKFCS, pas suffisant pour faire de McDull Prince de la Bun la réussite qu’on attendait. Espérons que le troisième opus grand écran, McDull Wudang, revienne à une plus grande rigueur.
14 novembre 2005
par
Astec