Archibald | 3.25 | Une très belle histoire qui transpire l'espoir d'entente entre Taïwan & Chine. |
François | 2.75 | Efficace même si convenu |
Voici, donc la dernière oeuvre d'un ovni du cinéma Taïwano-Hong Kongais, j'ai nommé Blackie Ko Shou-Liang (Ko Sau-Leung en cantonnais). Life Express nous conte l'histoire vraie d'un petit Pékinois souffrant d'une leucémie et dont la seule chance de survivre est de recevoir la seule moelle épinière compatible trouvée : celle d'un gangster Taïwanais.
Le film traite en fait du parcours d'une mère à travers la maladie de son enfant frappé par le cancer. La structuration du récit dans la première partie du film est d'ailleurs très réussie, on voit d'abord la mère face à l'annonce brutale de la maladie, puis son incapacité à révéler la verité à son fils, et enfin et surtout l'incompréhension, l'impuissance et l'attente face au drame, qui la poussera même à douter de la fiabilité de la médecine occidentale en allant jusqu'à consulter un docteur traditionnel chinois, qui l'orientera d'ailleurs à nouveau vers "l'hôpital". A cela s'ajoute la très bonne prestation de l'actrice chinoise Jiang Shan qui porte ce personnage avec beaucoup de sensibilité. Le personnage du petit garçon est également très convaincant, il ne comprend pas très bien ce dont il souffre, il redoute par exemple de perdre ses cheveux car pour lui "les gens chauves montent au ciel" ; il ne fait d'ailleurs face à sa maladie que par amour pour sa mère et grâce à ses rêves de footballeur : "Un jour, je serais n°10 !". La partie en Chine est donc très bien traitée avec des musiques assez retenues, des acteurs très bons, et même un plan aérien particulièrement réussi de la petite Yin Yin dansant le Lac des Cygnes.
Mais, la partie du film se déroulant à Taïwan est beaucoup moins convaincante. Le couple Richie Ren Xian-Qi & Ruby Lin fonctionne bien dans leurs rôles de médecins au grand coeur, mais dérange parfois et coupe souvent net l'ambiance plutôt dramatique du film avec des scènes pseudo-romantiques ou mêmes carrément inutiles (la scène de voiture à la fin.....). Blacky Ko, interprétant donc le potentiel donneur, nous propose , quant à lui un rôle de gangster un peu plus en nuance que son "numéro" habituel. En effet, même si les clichés ne sont pas évités, l'histoire de ce voyou ayant passé sa vie entre la rue et la prison et qui finit par voir en cette opération (il n'accepte évidemment pas tout de suite) l'occasion pour lui de se repentir et d'essayer de commencer une nouvelle vie est assez légère et pas très originale mais plutôt touchante. Elle donne tout de même lieu à quelques répliques intéressantes comme lorsque son compagnon de cellule lui dit pour le convaincre de donner sa moelle : "Imagine simplement que tes ancêtres lui doivent."
En Bref, c'est plutôt mitigé, il y a du très bon comme du plus que moyen, mais je vous conseille malgré tout ce film pour cette très belle histoire au combien symbolique qui prouve que malgré la situation géo-politique actuelle, il y a des gens qui souhaitent le partage et l'échange entre Taïwan et sa mère Chinoise. Life Express est donc une véritable ode à la vie que nous livre ce phénomène qu'était Blacky Ko Shou-Liang juste avant de nous quitter et de laisser un cinéma auquel il a, certes discrètement mais néanmoins énormément contribué.
Life Express ne possède sûrement aucune originalité, scénaristiquement parlant. Tout est déjà vu et revu, dans d'autres films de tous pays, le thème de la maladie presque incurable étant hélas universel et très efficace dramatiquement parlant. Pour autant, on ne peut pas traiter Life Express de mauvais film, car s'il reprend une ligne directrice très convenu, il le fait avec sérieux et honnêteté, sans aucune autre prétention que de raconter une belle histoire.
Si on passe sur ce point de départ archi-connu, on peut tout de même trouver quelques idées qui viennent pimenter l'histoire (comme le passage où le personnage joué par Blackie Ko demande à souffrir pour laver ses péchés). On peut aussi saluer le sérieux des acteurs qui n'en font jamais trop ou pas assez. Richie Ren et Ruby Lin ne sont sûrement pas les plus grands acteurs vus à Hong Kong ou Taiwan, mais dans leur registre (les personnages souriants et aimables), il faut leur reconnaître des qualités. Les jeunes acteurs font également du très bon travail, ce qui n'est jamais gagné d'avance. Ils contribuent tous grandement à rendre cette histoire crédible. L'apport d'acteur chinois est à ce titre évident par rapport aux professionnels Hong-Kongais qui apprennent sur le terrain.
Le rythme de l'ensemble est également un bon point, le film n'étant jamais vraiment trop long ou trop lent, et le final plus mouvementé est une heureuse montée en tension. La réalisation de Blackie Ko n'a rien de révolutionnaire, mais elle se montre efficace et sans faute de goût, avec une petite scène en voiture rappelant le statut de cascadeur auto de son réalisateur. L'hommage rendu à l'acteur/réalisateur est d'ailleurs à l'image de son film: sincère et émouvant. Blackie Ko n'était sûrement pas le plus grand réalisateur Hong-Kongais, et Life Express n'est sûrement pas le plus grand film de l'année, tout le monde en conviendra. Mais cela n'empêche pas de saluer la carrière du premier et le sérieux du second.