L'une des grande réussite de Yamamoto.
Lé  décennie des années 60 semble être celle où le cinéaste a livré ses  meilleurs films grâce à une réelle maîtrise de sa mise en scène (alors  qu'elle était par moment approximative quelques années avant), des  budgets confortables et surtout des scénarios de qualité. Pour 
Le magnat,  il est gâté grâce à Kaneto Shindo qui signe une fantastique leçon de  capitalisme sans tomber dans les clichés, stéréotypes ou leçon de  morale.
Le film se contente de suivre majoritairement Arima dans ses  nombreuses activités où il brille par ses talents d'orateurs et de  stratèges avec une force de persuasion qui transforme le cynisme en  pragmatisme.
C'est ainsi souvent passionnant : qu'il fasse face à des  riverains agacés par la construction de tours HLM ou qu'il mette en  place une vaste opération pour influencer le tracé d'une ligne de train  afin d'acheter les terrains avoisinants et faire une considérable  plus-value quand la dessert sera mise en place (voire implantée une  véritable ville autour des stations qui seront placé au milieu des  centres commerciaux qu'il va construire en amont)... sans oublier sa  manière de traiter avec les femmes comme les scènes stupéfiantes où il  propose à une de ses employées de devenir sa maitresse en proposant de  payer les études d'art en France de son mari... Une manière de jouer  avec la misère des gens qui collent froid dans le dos tout en parvenant à  mettre les responsabilités sur les épaules de leurs interlocutrices.
C'est  écrit avec précision, filmé avec incision et interprété à la perfection  par un So Yamamura magnétique et charismatique en diable. Il arrive à  rendre humain et presque touchant ce capitaliste acharné en apportant  beaucoup de nuances, tout en rires bon enfant, charme rassurant (mais  ferme) et calme intériorisé pour un comportement dont on ignore s'il  s'agit de sincérité ou de simple calcul (l'école d'ingénieur qu'il  cherche à construire).
Il apparait souvent plus sympathique que ses  concurrents ou ses proches qui passent pour des profiteurs sans  scrupules ou des idéalistes sans saveur.
Ce sont d'ailleurs ces  séquences centrées sur ses enfants qui sont les moins convaincantes.  L'écriture est moins subtile et surtout les acteurs bien trop fades même  si cela correspond à leur personnalité. Toujours est-il qu'on évite pas  quelques artifices un peu mélodramatique (le père et le fils partageant  la même maitresse, l'autre fils qui se mure dans le silence après un  attentat raté). Du coup le rythme en pâtit un peu et comme le film dure  une nouvelle fois 2h30, il y a quelques baisses de régimes dans la 2ème  moitié où l'on s'écarte des affaires financières et des tractions en  coulisses avec les politiques et les pouvoirs publics.
On passe  pas loin du chef d'oeuvre donc mais ça n'empêche d'être soufflé par la  virtuosité de cette leçon d'économie, porté par un acteur immense, un  scénario passionnant, un regard lucide d'une acuité terrifiante (sans  manipulation) et une réalisation magistrale qui témoigne d'une sacrée  maitrise (un poil moins "moderne" que celle de 
la tour d'ivoire tout de même)