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Kawashima Yoshiko

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Archibald 3.25 L'histoire d'une femme de pouvoir aussi torturée que l'histoire de son peuple, ...
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L'histoire d'une femme de pouvoir aussi torturée que l'histoire de son peuple, toile de fond du film.

Kawashima Yoshiko, général en chef des armées japonaises du ManchouguoKawashima Yohsiko est un film traitant de l'histoire d'un personnage sur fond de fresque historique de la Chine. En cela, il est comparable à des films comme Adieu Ma Concubine, Le Dernier Empereur ou même Vivre !. A l'instar du film de Bertolucci, c'est un membre de la famille imperiale chinoise qui est ici biographié : la 14ème princesse Qing : Kam Bik-Fai ou en japonais, Kawashima Yoshiko (interprétée par Anita Mui Yim-Fong).

Cette jeune fille de 8 ans se voit confié une tâche de taille, elle est envoyée 2 ans à peine après la chute de la Cité Interdite au Japon pour y recevoir une éducation d'élite et participer un jour à faire revivre la dynastie mandchoue. Elle se fait marier de force par les Japonais au jeune Prince de Mongolie afin d'appuyer un conglomérat Mongols-Mandchoues qui, sous couvert des Japonais qui tentent de repousser les armées du Kuo Min Tang (parti dirigé par Sun Yat-Sen et qui finit par s'emparer de Taïwan où il y est toujours le parti principal) puis les troupes communistes (mené par Mao) et fonder, comme on le sait le Mandchouguo, état de pacotille dont Aijin Goro Puyi (le dernier empereur) fut le leader, ou plutôt le pantin des Japonais qui occupaient déja Shanghai et qui avaient des vues sur la Chine entière. Lorsque Kawashima Yoshiko se rend compte qu'elle n'aura qu'un rôle de pion à jouer dans les plans de son beau-père japonais, elle décide de partir seule à la conquête du monde et va peu à peu devenir la femme de pouvoir que l'on retiendra, séche et impitoyable. Elle abattra des montagnes et ira jusqu'à se faire nommer général en chef des armées du Mandchouguo et emmena ces dernières en guerre contre les chinois. En chemin elle rencontrera puis recroisera des années plus tard un comédien, Ah Fook (Andy Lau Tak-Wah), spécialiste du rôle du Roi Singe, qui aura lui aussi, un rôle à jouer dans la vie de cette femme.

Yoshiko (Anita Mui), une femme de pouvoir parmi les hommesLa vraie Yoshiko Kawashima, la ressemblance avec Anita Mui est troublante

Anita Mui interprète brillament le rôle de cette femme, torturée dès le plus jeune âge, qui est aujourd'hui retenu comme l'une des pires traîtresses de l'histoire chinoise. Elle arrive à faire resortir l'indifférence générale du personnage, détachement qui parait indispensable pour ne pas sombrer dans la démence ; elle parvient même à faire éprouver de la compassion au spectateur, car sans pour autant l'excuser, on se rend compte que c'est sa terrible et trop lourde destinée qui finit par la faire basculer dans l'égoisme pur, elle est prête à tuer quiconque sur son passage pour la simple et bonne raison que n'importe qui serait prêt à en faire autant avec elle. Andy Lau Tak-Wah est impressionant, on ne s'étonne pas de le voir exécuter une chorégraphie d'opéra chinois de manière très convaincante, ce qui est plus étonnant toutefois, c'est de le voir assimiler et s'impregner d'un contexte si lourd (on est loin des personnages de jeunes triades plus faciles à situer donc à s'approprier) et de s'imposer malgré un passage total d'un quart d'heure tout au plus.

Ah-Fook (Andy Lau)La réalisation ne fait pas franchement d'éclats mais a la mérite de ne faire aucune fausse note et met très efficacement en image cette fresque historique pourtant assez ambitieuse. En effet, le film est tourné à Pekin, à Shanghai (pas sûr) et montre des costumes et des décors très fidéles et surtout extrémement variés. On arrive à bien capter les couleurs de l'époque, les ambiances des fêtes mondaines réunissant officiels japonais, ex-officiels mandchous et chinois plus ou moins collaborateurs. Le gros moins du film c'est que tous, pseudos-japonais, chinois du Sud comme du Nord, parlent cantonnais pour rester abordable par le public Hong-Kongais mais qui du coup fait manquer à l'ensemble le statut de film historique à portée internationale (tout comme Le Dernier Empereur, ce qui est autrement moins excusable vu le budget de ce dernier, qui avait la honte de faire parler tous les protagonistes en anglais !).

En Bref, c'est un autre film du type "forme : vie d'un personnage / fond : fresque historique" à la différence près que les deux s'entremêlent du fait que cette Kam Bik-Fai fut impliquée et influa directement sur le fond, à savoir, l'histoire de Chine. Une très tragique mais tout aussi réaliste histoire d'une femme qui ne montra pas plus de pitié envers son peuple que la vie ne lui en montra. Kawashima Yoshiko est donc un film rondement mené à voir absolument pour qui veut découvrir l'histoire troublée du 20ème siécle chinois, et même pour les moins profanes.



07 septembre 2005
par Archibald


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