Après une belle année passée chez TVB à se faire ses premières armes sur les séries "Dragon, Tiger, Panther" et "CID", Ann Hui accepte de travailler pour l'organisme gouvernemental ICAC (Independant Commission Against Corruption). Un boulot plus restreint artistiquement (l'office venait d'être créé par l'Etat pour lutter contre les affaires de corruption et sensibiliser l'opinion publique contre ce véritable fléau criminel par cette série de films spécialement conçues pour la télévision sous contrôle du gouvernement), mais qui lui permet de gagner beaucoup plus et d'assumer ainsi les revenus financiers de sa famille suite au décès prématuré de son père.
Hui n'en a pas pour autant renoncé à sa propre démarche artistique en s'intéressant finalement davantage aux drames humains et aux conséquences, qu'au travail à proprement parler des hommes de l'ICAC; deux épisodes ("A man" et "Investigation") ont d'ailleurs été interdits pendant plus de 20 ans pour cause de traitement de corruption au sein même des forces de l'ordre et c'est d'un commun accord, que Hui quitte la série au bout de seulement six épisodes pour aller rejoindre la RTHK et singer trois épisodes de l'excellente série "Below the lion rock".
"Investigation" est l'un des tous meilleurs épisodes de la série des "ICAC" – pourtant inédit pendant près de vingt ans en raison du caractère sulfureux du scénario signé par l'excellent Yim Ho (futur réalisateur du "Pavillon de femmes").
Le scénario s'inspire ainsi de l'affaire réelle de Peter Godber, l'un des plus hauts gradés des forces de l'ordre hongkongaises de l'époque et qui avait trempé dans maintes affaries de corruption, dont le montant total a été au final estimé à plusieurs millions de dollars.
Bien évidemment, l'enquête en interne avait fait pas mal de vagues, entre les accusations difficlement vérifiables dans un premier temps, le nombre d'agents corrompus travaillant à leur tour pour Goldber et la volonté de la police à ne pas trop ébruiter l'affaire pour menager l'opinion publique, déjà très remontée par rapport aux forces de l'ordre à l'époque.
Le ton est donné dès le départ, lorsque les agents de l'ICAC sont très mal reçus par les agents d'une station locale, puis seront reneignés avec moults précautions par un inspecteur, qui craitn pour sa sécurité personnelle.
La suite est à l'avenant, avec une enquête extrêmement difficile, qui piétine pendant des longs mois avant d'échouer une première fois, lorsque Godber rentre en Grande-Bretagne sans être inquiété le moins du monde…Ce n'est finalement que deux ans plus tard – et en raison de la hargne exemplaire des agents à tente de mettre l'homme derrière les verrous, que l'enquête aboutit finalement et qu'une importante page dans l'histoire de la police hongkongaise sera tournée avec – notamment – la création de l'ICAC et d'importantes reformes pour combattre efficacement la corruption à Hong-Kong – à commencer au sein même des institutions gouvernementales.