drélium | 2.75 | Fantôme d'opérette. |
Hex a pour lui quelques beaux atouts et offre une première demi heure proche des classiques occidentaux rondement menée. Tanny Tien Ni, malade comme une chienne, et son mari alcoolique, violent et tyranique Wong Yung, et leur servante battue à la moindre occasion, forment un trio esseulé en phase terminale qui se déchirent au milieu d'une maison bourgeoise typique utilisée comme véritable centre névralgique de toutes les tensions. Un endroit fantomatique à lui seul tant il semble abandonné depuis la faillite financière de la famille. La présence d'un marécage fétide aux abords de la maison constitue un autre lieu classique privilégié pour nourrir la peur. Tanny Tien est très efficace dans la perte de raison, Wong Yung convaincant dans son rationalisme et sa brutalité obtus, Chan Si Gaai joue aussi un bon rôle qui passe du machiavélique au déboussolement total. Grâce à ces bonnes interprétations de la part des trois acteurs et une mise en scène manifestement très respectueuse des films occidentaux, en particulier Halloween, le récit nous emmène vers un petit enchaînement de twists pas piqués des vers.
Hex piétine malheureusement pas mal dans sa deuxième moitié, répétant à l'envie les mêmes scènes avec un lot différent de personnages cabotins venus là histoire de dégonfler l'angoisse du fantôme sans doute trop grande pour le spectateur de l'époque. Le récit pédale alors gaiement dans la semoule, reproche principal à l'ensemble. Heureusement Chan Laap Ban, grand mère très à l'aise dans les rôles de barjot, va venir clore la mascarade lors d'un final à base d'exorcisme érotique sur fond de danse dénudée qui pause une belle pierre dans le débridage du cinéma d'exploitation HK. La danseuse, objectivement terriblement sexy et bien roulée, possédée par l'esprit de Tanny Tien, s'agite et se déhanche au coeur d'une petite chapelle joliment éclairée par des vitraux très transalpins dans l'âme. Quant à Chan Si Gaai, rendue terriblement nerveuse par les agressions incessantes de Tanny, elle se retrouve nue comme un vers, entièrement tatouée d'écritures protectrices rappelant furieusement un certain Kwaidan japonais. Le travail de Kuei Chi Hung est finalement louable et franchement osé pour l'époque, même si les effets de peur ont indéniablement vieilli et que les effets gore de la Shaw sont dans l'ensemble plutôt risibles, l'ensemble garde un charme bien à lui.
Objectivement trop limité pour mériter le rang de classique, Hex demeure tout à fait honnête dans son approche qui donnera un nombre incroyable de bébés difformes. Respectueux de ses références, il l'est un peu moins quant à son ancrage dans la mythologie asiatique. En effet, Hex se veut étonnamment rationaliste et désamorce consciencieusement tout ce qui pourrait finalement en faire un film brillamment irréel. Kuei Chi Hung prend à chaque fois le contre pied terre à terre de toute cette mystique comme pour mieux éviter de perdre le public. Une démarche qui semble un peu prude mais ajoute aussi un peu de consistance au scénario, jusqu'au moment où l'envie de tout justifier gâche finalement le grain de folie qui aurait pu le libérer et donne lieu à pas mal d'incohérences. Heureusement, le final assez long et ouvertement outrageux pour les biens pensants est un bon moment culte qui libère enfin une belle dose de folie telle qu'attendue.