Le scénario est typique, voir poussif, fait d'héroisme et de trahisons, mais l'énorme budget, le nombre incroyable de figurants et les batailles enragées bien que très inégalement filmées, apportent la touche excessive comme on l'aime. Le final remonte énormément la première moitié un peu lourde. Surtout que David envahit largement cette première partie de sa présence ce qui peut légitimement énervé les réfractaires. Moi, je l'aime bien et ce rôle de meilleur des meilleurs lui va comme un gant, sauf qu'arrivé sur le champ de bataille, il fait assez souvent peine à voir. Un film avec de gros sabots donc mais une bonne ambiance guerrière et un paquet de dollars HK sur le tapis.
Un classique très proche de "Blood Brothers" avec une histoire bien moins fouillée, plus simple, plus directe, plus pataude mais avec une rage supplémentaire et primitive assez agréable pour l'amateur.
ps : En bonus, tout le monde est bronzé comme jamais. ;)
Le problème principal d'Heroic Ones, c'est qu'il est difficile de s'identifier à un personnage. Certes, David Chiang sort du lot, et Ti Lung également dans une autre mesure. Mais jamais on n'est pris par le destin d'un des héros comme dans un Frères de sang ou La Rage du Tigre. Ceci étant dit, Heroic Ones est un bon Chang Cheh, avec les qualités et les défauts typiques chez le maître.
Au niveau des défauts typiques, le naïveté qui n'en est pas forcément une, selon les goûts. Après tout, voir David Chiang se trimballer avec une lance que deux sbires peuvent difficilement porter à deux, ça n'est rien de moins que l'équivalent du tronc d'arbre que se paluche le bon Schwarzie dans Commando. Les combats possèdent les mêmes défauts, c'est assez peu réaliste, et la réalisation de Chang Cheh est rarement très inspirée.
Passés ces défauts somme toute assez communs à l'époque, le film est plutôt plaisant. Il y a beaucoup de combats, le plus souvent avec des dizaines d'adversaire, le sang gicle, David Chiang se promène avec de la moquette sur la tête et son sourire mémorable, Ti Lung montre sa classe habituelle, Chang Cheh n'hésite pas à faire souffrir ses héros et à chahuter la morale.
Bref, Heroic Ones se classe dans les Chang Cheh valant largement le coup d'oeil, même s'il reste en deça des classiques. A voir donc.
Au travers du récit de la difficulté de 13 fils d'un chef de guerre volant de succès en succès à rester unis face à l'adversité, Chang Cheh offre avec the Heroic Ones un film qui, s'il n'est pas désagréable à regarder dans l'ensemble, est tout de meme assez mineur dans sa filmographie. Le premier problème du film est celui de tous les films de casting (le navrant mélodrame années 50 de Musée Grévin 8 Femmes pour prendre l'exemple le plus récent): déjà qu'il est difficile de réussir à constituer un casting à peu près équilibré niveau charisme avec sept ou huit héros, cela est encore plus difficile à réaliser avec 13. Certes, on me dira qu'au final le film sera une guerre fratricide et dès lors qu'il est normal que David Chiang et Ti Lung détonnent au niveau charisme sur le reste du groupe mais vu que le début du film s'apparente plutot à une épopée classique, la première partie s'en trouve rendue déséquilibrée et longuette (la minceur de l'aspect politique du scénario n'est pas en cause vu que cette partie aurait pu malgré tout constituer un divertissement de bonne facture). Seuls les quelques combats (le premier combat de David Chiang contre un adversaire aussi grotesque que le sera le lutteur de Boxer from Shantung entre autres) ainsi que le sens du cadre en scope de Chang Cheh empechent le spectateur de sombrer dans un état comateux. Et surtout les moments hors action manquent nettement d'intensité dramatique. Heureusement, la seconde partie, si elle a toujours quelques longueurs, contient un peu plus les thèmes de Chang Cheh (amitié, trahison) et permet à de vrais morceaux de bravoure de se déployer sur la longueur. Dans le grande bataille sur le pont, outre la profusion de zooms et l'outrance de figurants habituelle chez le cinéaste, on retrouve son fameux thème du survivant qui n'en finit pas de mourir ainsi que l'idée du réglement des comptes de l'amitié dans le sang. La notion de guerre fractricide sera néanmoins bien mieux exploitée par un Blood Brothers dont la seconde partie de ce film pourrait se voir comme un brouillon.
Les sixties ont King Hu, les seventies ont Chang Cheh, les eigthies ont Liu-Chia Liang. Une nouvelle fois la donne est vérifiée avec ce bon produit HK. Il y a tout ce que l'amateur de film de genre recherche dans une production Shaw à gros budget : des combats de mêlée impressionnants (à défaut d'être très esthétiques), un nombre de morts franchement conséquent et des valeurs bafouées par une poignée de guerriers trop ambitieux (déclenchant une guerre des clans).
Si l'oeuvre demeure épique de A à Z, on regrettera ce sévère penchant pour la tripaille et la baston non-stop, tout ceci étant répétitif à la fin. On aime ce genre de confrontations guerrières, violentes et sans concessions, surtout venant de la part de Chang Cheh; mais au vu de la grande durée de son métrage, il y a de quoi trouver le temps long. Idem pour les protagonistes, trop nombreux pour s'y attacher pleinement malgré la bonne performance de chacun.
Esthétiquement, on a connu un Chang Cheh plus précis et inspiré, ses cadres demeurant souvent imparfaits. Ca tremble un peu trop au au-dessus de la moyenne malgré des zooms toujours aussi percutants. A ce stade, décors, dialogues et implication des interprètes relèvent du sans faute; simplement à trop vouloir en faire (budget colossal pour une production Shaw) Chang Cheh arrive à ses limites et tourne en rond, l'oeuvre aurait pu ainsi perdre une grosse demie heure sans bouleverser son intrigue.
Esthétique : 4/5 Musique : 3.5/5 Interprétation : 4/5 Scénario : 3/5