Anel | 2.75 | |
Junta | 4 | Toi aussi apprends à être la meilleure des Whore ! |
Film que les désormais célèbres Zahia et consœurs ont du se passer en boucle, Gigolo and Pute nous apprend, tel un kung-fu pian initiatique, comment bien vendre son corps. On y suit Carina Lau qui débarque à Hong-Kong en direct de Chine continentale (donc en mode « je connais rien à la ville et je suis une grosse bouseuse »). Elle y retrouve sa cousine qui exerce le métier d'escort (de prostituée quoi) et suite à divers hasards finement amenés elle fait la connaissance de Simon Yam, le plus grand gigolo (prostitué quoi) de HK ! Gentil comme tout celui-ci lui dégote un job de serveuse, mais à la première contrariété la demoiselle prend la mouche et décide de gagner dignement sa vie en exerçant le même métier que son entourage, et qui de mieux que son nouvel ami pour lui apprendre toutes les ficelles du business.
Gigolo and Pute représente la logique mercantile sociétale hong-kongaise (mondiale) à son paroxysme. Il faut faire de l'argent au maximum, quelqu'en soit les moyens. Ici la méthode n'est pas ou peu jugé, seul le résultat compte. Et le résultat c'est quoi ? C'est Simon qui roule en Porsche et Carina qui peut se payer une vie de luxe (vie dont elle soupçonnait à peine l'existence au début du métrage, et que Hong-Kong et la marchandisation de sa chair lui ont permis de connaître, super). Le film montre que leur quotidien est plutôt sympa, enfin surtout pour Simon qui est gâté avec certaines jolies clientes contrairement à Carina qui se tape que des vieux libidineux, bref. Cependant là n'est pas la morale, celle-ci est dans la séquence finale, qui montre que nos péripatéticien(ne)s ont bien eu raison de choisir cette voie professionnelle, quoiqu'on en pense. Ok, j'en prends note.
La petite série de film autour des gigolos sortie entre 1990 et 1993 fait fortement penser à celle des Raped by an Angel (fr) , dans la volonté de faire des HK$ avant tout, on montre au public ce qu'il veut voir, peu importe la morale ou l'éthique, ce qui compte c'est faire des entrées et par extension de l'argent, ceci rejoint au passage le discours du métrage...
La réalisation de Terry Tong est dans les standards early 90's, pas de surprise à ce niveau. Le rythme est constant et le tout est agréable à suivre. Carinau Lau joue vraiment bien et le surjeu maîtrisé de Simon Yam (qu'il ne maîtrisera plus dans Gigolo and Pute 2) est un pur bonheur. Alex Fong interprète un Richard Gere hong-kongais (en le citant littéralement) avec un détachement frôlant l'insulte, mais on lui pardonne aisément, d'abord parce que c'est son acting habituel, et ensuite parce que c'est Alex Fong, tout simplement. Sophia Crawford nous gratifie d'un sympathique passage montrant que même les caucasiennes ne peuvent résister à Simon. Niveau pompage (rigolo ce mot dans ce contexte), en plus d'être cité, Pretty Woman est allégrement copier/coller dans plusieurs scènes, et la structure même du film (arrivée, découverte, apprentissage, début de la pratique, excellence dans son art, conclusion) est juste un décalque d'un million d'autres métrages avec en tête les films d'arts martiaux. A noter qu'une fois de plus le vcd/dvd possède deux versions différentes malgré une bobine identique : l'accompagnement sonore (musique, cris lors de danses/coïts) étant modifié à certains endroits.
Petite question en aparté : est-ce son nom qui a poussé le directeur photo Gigo (d'agneau) Lee à travailler sur ce film ? On ne le saura jamais, une chose est sûr, une personne qui porte un tel patronyme mérite d'être (re)connu et d'avoir sa place dans ce texte !
Mieux qu'une thèse universitaire ou qu'un reportage d'Arte sous-titré en jaune, Gigolo and Prostipute, avec son scénario pas très finaud, montre et analyse mine de rien une des fortes dominantes de l'état d'esprit HK. Pour ça (et pour le reste), ce film est un must-see.