Énooorme !
Première utilisation du scope pour Kurosawa et au cinéma japonais tout court, couple réputé incompatible, le maître filme et compose la montagne, les protagonistes, les chevaux, l'action et tout le reste avec une maîtrise bluffante et une grâce unique. Divertissant au possible et parfaite référence du cinéma d'aventure, le point de vue est avant tout celui de deux paysans (grillé Georges !) plutôt que des seigneurs ce qui renforce le gigantisme et la dangerosité de l'épopée.
Peu à ajouter si ce n'est que l'histoire n'est pas si forte qu'elle peut l'être dans Les 7 samourais. De nombreux rebondissements néanmoins, une mise en scène, une musique, des acteurs... tous fabuleux. Plusieurs scènes ultra cultes comme la poursuite à cheval et la descente de l'escalier géant en pierre par des paysans face aux troupes sont de pures merveilles comme bien d'autres passages mais la puissance évocatrice et mystique des 7 Samouraïs est aussi difficilement égalable.
Juste une petite remarque supplémentaire sur Misa Uehara, la princesse Yuki en short : heureusement qu'elle joue la muette la plupart du film car quand elle l'ouvre, elle crie aussi fort que Toshiro (un comble) même si c'est pour dire qu'elle est contente. Rien de vraiment gênant cependant, cela fait partie de l'image de femme forte que Kurosawa voulait faire passer et Uehara habitée par le rôle, qu'elle décrocha par hasard, reste charismatique à souhait et s'y donne à coeur joie en parfaite adéquation avec l'énergie du gigantesque Toshiro Mifune et la vitalité du duo comique.
Au risque de m'emporter, je dirais moins fort que
Les 7 samouraïs quand même.
un grand film sur l'aventure
Avec Hidden Fortress, Kurosawa signe son premier film en scope et ajoute un classique de plus à sa filmographie. Certains objecteront que le film est moins profond thématiquement que l'Idiot ou les 7 Samouraïs pour lui dénier ce statut. Mais un classique, ce n'est pas seulement une oeuvre qui fait date par son apport au langage cinématographique ou par sa densité romanesque -on parle cinéma pas littérature-, cela peut être aussi une réussite particulièrement brillante dans un genre cinématographique. African Queen par exemple vu que l'on parle de films d'aventures: un film qui est loin d'être d'une grande profondeur, qui ne révolutionne pas le cinéma. C'est juste un film d'aventures brillamment exécuté, porté par des acteurs en état de grâce et d'une grande richesse émotionnelle.
Côté divertissement pur, Kurosawa offre au spectateur son quota de grand spectacle en entertainer surdoué: la scène de l'escalier offre un amusant clin d'oeil à la même scène du Cuirassé Potemkine (le montage des batailles des 7 Samouraïs devait déjà beaucoup à Alexandre Nevski), l'ouverture avec ses paysans à la dimension picaresque déambulant et tombant sur un samouraï tout droit échappé du Chateau de l'Araignée, celle de la danse du feu filmée avec virtuosité. Il montre ainsi une vraie maîtrise du format scope qu'il utilise pour la première fois ici en faisant de chaque plan un théâtre comique où des paysans ridicules et motivés par l'appât du gain se donnent en spectacle. A ce propos, on pourrait voir dans le film une version "légère" du Trésor de la Sierra Madre: chez Huston, le désir d'argent débouchait sur un destin tragique soulignant la vanité des entreprises humaines de recherche de la fortune; chez Kurosawa, les personnages n'apprendront rien de leur aventure et demeureront à jamais de figures picaresques ridicules. A ce propos, il a souvent été reproché à Kurosawa de "subir" l'influence du cinéma américain. Mais ici il ne s'agit pas de reprendre les travers de la production cinématographique d'une industrie étrangère (ce que fait le cinéma d'action coréen) mais d'un film dont les qualités sont celles du meilleur cinéma américain classique, à savoir l'équilibre réussi entre scènes intimistes et spectacle, maîtrise et dimension humaine.
Pour souligner la particularité de la Forteresse Cachée dans l'oeuvre de Kurosawa, on peut mentionner le personnage de la princesse: certes, dans l'Idiot, le personnage de Hara Setsuko était déjà d'une profondeur psychologique inhabituelle pour un personnage féminin chez Kurosawa. Mais elle avait un côté sensible qui correspondait quand même à l'image de la femme de son époque. Le personnage de la princesse est une femme plus glacée, qui n'a pas peur d'être autoritaire face aux personnages masculins et en cela on peut faire crédit à Kurosawa d'une certaine modernité dans le cadre d'un cinéma de divertissement à grand spectacle (les personnages féminins forts existaient auparavant dans le cinéma japonais mais dans le cadre de mélodrames historiques plus axés sur l'intime -Mizoguchi- ou des études de moeurs -Naruse-). A ce stade, on n'a pas mentionné les acteurs. En effet, connaissez-vous beaucoup d'acteurs capables de ballader en slip pendant près de deux heures de film sans paraître ridicules? Et même de demeurer charismatiques dans cette situation? Un Pacino (Scarface) ou un De Niro (Casino) accompliront plus tard ce genre d'exploits du "je réussis à ne pas me couvrir de ridicule avec des fringues comme ça" que Mifune accomplit ici.
Le divertissement, c'est une chose sérieuse. Cela peut même être d'une grande noblesse lorsque c'est fait avec talent et sans démagogie. La Forteresse Cachée fait le spectacle sans chercher à en mettre plein la vue, fait rire tout en faisant réfléchir (ici c'est la vanité du désir pour ce qui bille qui est raillé). Et c'est un géant du cinéma mondial qui nous offre cette leçon lors d'un film qui est tout sauf une récréation malgré les apparences.
Superbe aventure
Kurosawa Akira a toujours su mêler diversité et originalité tout au long de sa carrière. Après Vivre dans la peur, il signe Les Bas-fonds, satire virulente de la pauvreté et du malaise sociale. Peut être son moins bon film dans la mesure où filmer le quotidien d'une bande d'alcoolique sur plus de 2h peut paraître guère utile, surtout qu'il ne se passe pas grande chose, comparé à Dodes'kaden. Il tourne ensuite son château de l'araignée, adaptation libre et nippone de Macbeth, sorte de tragédie fantastique à double visage. Son prochain film, la Forteresse cachée revient aux sources du pur film d'aventure, comme l'était 4 ans auparavant les Sept samouraïs. Et quelle aventure.
L'argent (tout du moins à cette époque, l'or) n'a jamais été un élément souvent abordé chez le réalisateur. Peut être Scandale, l'Idiot ou ses polars noirs en faisaient référence. Il privilégie la bonté, les règlements ou les déchirements entre clan, mais les affaires d'argent ne sont jamais pleinement exploitées. Avec la Forteresse cachée, l'or représente l'élément central de l'histoire. Deux paysans (exceptionnels Chiaki Minoru et Fujiwara Kamatari) attirés par l'or se retrouvent sur le chemin du général Rokurota (Mifune Toshirô). Ce dernier aura besoin de leur aide pour transporter une cargaison de 750 kilos d'or et devront par tous les moyens, passer la frontière qui sépare leur clans.
Toujours rythmé avec une énergie sidérante, la Forteresse cachée est sûrement l'oeuvre la plus légère et la plus ironique du Sensei. D'un côté on y trouve un formidable film d'aventure, de l'autre, presque une parodie. Ne comptez pas trouver des massacres à n'en plus finir à la Sept samouraïs, ne comptez pas trouver des pleurs et du malaise comme dans l'Idiot, non, le film de Kurosawa est avant tout un divertissement 4 étoiles.
L'utilisation du scope fait des merveilles (une première dans le paysage cinématographique japonais) et permet d'y exposer de formidables paysages faits de plaines et de montagnes. De même pour les scènes d'action, comme cette fulgurante poursuite à cheval entre Rokurota et deux samouraïs, ce combat à la lance divin contre Hyoe, ou cette pléiade de figurants dévalant un immense escalier. L'art de la mise en scène chez Kurosawa a toujours été une habitude, presque une routine et démontre à quel point un scope bien utilisé peut faire des miracles.
Mifune Toshirô, sidérant de puissance réussit le tour de Maître d'imposer son autorité du début à la fin (mémorable paire de baffe sur les deux paysans), bien aidé par la sublime Uehara Misa aussi braillarde que lui. Autre raison de voir la Forteresse cachée, ce sont les quelques pas de danses effectués par Mifune lors d'une fête; ça, on est pas prêt de le revoir!
Des aventures pas OR-dinaires
Les entrées en matière dans les films de Kurosawa sont souvent spectaculaires car très
inspirées par le théâtre: on se souvient du plan fixe de 5 minutes en introduction de
Kagemusha par exemple. Ici, le film s'ouvre sur deux paysans qui fuient
leurs terres ravagées par des samourais. La caméra les suit tandis qu'ils se retournent
pour constater les dégâts et se lamentent sur leur sort. Sans perdre une seule seconde
et d'une manière magistrale, on plonge en pleine action dans le Japon du XVIème siécle
et on comprend ce qui sous-tend l'intrigue: les guerres intestines que se livrent des
clans rivaux pour la conquète de territoires ennemis. Filmé dans un noir et blanc
superbe, on se frotte d'emblée les mains du spectacle qui nous attend.
Même si La Forteresse Cachée n'est pas le plus grand film de Kurosawa, sa vision
est nécessaire, ne serait-ce que pour son acteur principal: Toshiro Mifune,
encore et toujours... Dans le rôle d'un général en slip au service d'une princesse
déchue qui aimerait bien retrouver son trône, il est une nouvelle fois impérial,
se battant, vociférant et allant même jusqu'à pousser la chansonnette et exécuter
un maladroit pas de danse pour notre plus grand bonheur! Les autres personnages sont bien
écrits et ont de la personnalité: la princesse tout d'abord, petite boule de nerfs gueularde,
dirige tout son monde afin de pouvoir aboutir à son objectif, à savoir la prise du pouvoir
sur son domaine. Les 2 paysans ensuite, qui donnent au film une dimension comique irrésistible,
puisqu'ils se battent entre eux du début à la fin pour 3 sacs d'or avant de repartir tout
heureux avec 50 grammes... Enfin, un joli rôle est offert à un ennemi du général Mifune:
vaincu lors d'une confrontation au sommet, il finit par décider de ne plus se venger et d'aider
la bande des 4 dans leur expédition.
On appréciera également la réalisation de Kurosawa, toujours aussi vive, mêlant plans larges
et plans très serrés dans un montage de grande qualité. J'en veux pour preuve cette poursuite
à cheval entre Mifune et 2 samourais, filmée de façon très simple mais diablement efficace:
les caméras sont fixées sur le bord du chemin et filment en panoramique les chevaux qui passent
devant l'objectif; Kurosawa alterne rapidement plans larges et serrés sur les pattes des
alezans, et le tour est joué!
Plus je vois de films de ce cinéaste, plus je me dis que personne au monde ne s'appropriera
l'Histoire du Japon féodal comme il l'a fait à travers de nombreux chefs-d'oeuvres. La Forteresse
Cachée en fait partie, et il vaut largement tous les autres.
Attention réel chef d'oeuvre !
La Forteresse cachée, c'est du très grand Kurosawa !
Un scénario assez simple dans ses grandes lignes, qui regorgent de petites subtilités et de rebondissements, et qui plus est, avec des personnages très charismatiques !
De plus, le tout est vraiment superbement filmé, que ce soit l'aventure dans de superbes paysages, comme les quelques sublimes scènes d'action qui font varier le rythme du film.
Un de mes Kurosawa préféré, si ce n'est celui que je préfère !
mon préféré de kurosawa jusqu'à present
je suis plus touché par le coté epique/aventure de ce film que par les messages humanistes d'autres.
passionante petite epopée que celle de ces 4 (5) là.
et cette danse du feu? waou,une merveille visuelle et sonore *encore tout emoustillé*
Reference
Un film d'aventure enorme!
Un grand classique
Formidable
La Forteresse Cachée est un film formidable, admirablement mis en scène, et possédant surtout une brochette d’acteurs incroyable, Toshiro Mifune en tête… Techniquement, musicalement et thématiquement, ce film prouve à lui seul la maîtrise totale de Kurosawa en matière de composition filmique ; bref, un classique indispensable chez chaque cinéphile qui se respecte !
Yaku
Un colosse, deux idiots, une fausse-muette, quelques chevaux... et de l'or !
L'une des particularités les plus flagrantes du talent de Kurosawa, c'est celle de ne jamais sombrer dans la répétition, celle de se renouveler inlassablement en expérimentant une multitude de styles cinématographiques plus ou moins distincts (film historique, film d'aventures, thriller, drame psychologique, chronique sociale, etc.) avec toujours la même aisance, la même maestria.
Avec
La Forteresse Cachée, le maître nous convie à une sorte de road movie « à l'ancienne » dans un Japon du XVIe siècle ravagé par la guerre civile. On suit donc les pérégrinations de deux paysans simplets dépouillés de leurs terres qui, en fuyant l'ennemi, font un jour la rencontre d'un curieux général, imposant et dominateur (Toshirô Mifune, plus sobre qu'à l'accoutumée). Ce dernier les manipule en leur faisant croire que de l'or foisonne sous des zones arides et en les laissant creuser jusqu'à l'épuisement, puis finit par leur indiquer où se trouve vraiment le métal jaune, camouflé sous une source d'eau. Dans les alentours, une belle jeune fille au caractère vaillant, sec et déterminé, rôde. Ce que nos deux compères ne savent pas, c'est que celle-ci n'est en fait autre qu'une princesse « capturée » par le général, lequel a envoyé sa propre sœur se faire décapiter à sa place. En faisant passer la princesse pour une pauvre fille muette, il s'accorde les faveurs des deux paysans afin de transporter l'or jusqu'en territoire ami, non sans l'aide de quelques chevaux. D'échappatoires fructueuses en tentatives de trahison ratées, de mauvaises rencontres en frôlements d'échec, leurs péripéties se révéleront des plus mouvementées. Kurosawa opte pour une tonalité confinant à la parodie, à mille lieues du traitement sérieux et de la théâtralité dont fait preuve un film tel que
Le Château de l'Araignée à titre d'exemple. Les deux cul-terreux renvoient d'une certaine façon à Laurel et Hardy de par leur jeu et leurs manières. En résultent des passages d'une drôlerie aussi légère qu'irrésistible, contrastant avec des séquences plus épiques ou spectaculaires (l'affrontement à la lance entre Mifune et le général ennemi, la danse du Feu, le dénouement).
La Forteresse Cachée, outre qu'il fut le premier film du cinéaste tourné en format scope, bénéficia de moyens dont l'importance se constate aisément: l'image gagne en limpidité, les décors en ampleur. Un formidable et passionnant récit d'aventures, bourré d'humour, démontrant la polyvalence de Kurosawa tout en rappelant le grand esthète qu'il fut depuis ses débuts. Un petit classique, à voir les yeux non pas fermés, mais émerveillés.
Oeuvre cachée
Une oeuvre moins bien connue par le grand public, "La Forteresse Cachée" compte pourtant parmi les meilleurs films de son immense réalisateur.
Sans doute est-ce dû en partie, que le film n'est pas moins qu'un énorme divertissement populaire, quelque chose qui pourrait s'apparenter à un énorme "blockbuster" de nos jours. D'importants moyens déployés, un casting populaire et une intrigue faite d'aventures et de combats chevaleresques, voilà ce qui va à l'encontre des définitions habituellement réservées par une critique plus friand d'autres classiques tout aussi poignants du réalisateur.
Il n'empêche, que si tous les divertissements étaient de la même trempe que ce métrage, les populations du monde entier bénéficieraient de spectacles de qualité.
Largement pillé depuis ("La Guerre des Etoiles" en tête - mais ce ne sera pas le seul film de KUROSAWA de servir d'inspiration au père LUCAS...), le film mériterait une seconde chance auprès du grand public pour pleinement apprécier l'humour, l'intrigue riche en rebondissements, les batailles dantesques, la romance - bref tout le souffle épique d'un vrai film d'aventures réussi !!!
Un de mes films préférés de Kurosawa
Je tenais absolument à découvrir cette oeuvre que certains considèrent comme une des meilleures de l'immense cinéaste qu'est Kurosawa.
Je n'ai pas été déçu, les personnages sont attachants et amusants. Toshiro Mifune est encore une fois très convaincant dans son rôle de soldat déguisé.
Renouvelant admirablement le thème de la ruée vers l'or, oscillant habilement entre comédie et aventure, Kurosawa signe ici une oeuvre grandiose.
un classique du film d'aventures
décors, acteurs, scenario, action, comédie ... rien n'est à jeter !
A consommer sans modération
ps : Lucas se serait inspiré (dans les grandes lignes je précise) de ce film pour imaginer Star Wars : sauvetage d'une princesse, un héros charismatique et deux amis qui le sont beaucoup moins et qui se tirent constamment dans les pattes (à l'image des 2 droides de SW), les dunes de sables qui rappellent Tatooine...