Elise | 3 | Où sont les feeeeeeemmes ? (air connu) |
Ghost Dog | 3.25 | 17 ans, toujours puceau |
jeffy | 4.25 | Que du bonheur! |
Vraiment loufoque, Formula 17 ne met en scène que des hommes, tous homosexuels. Aucun moment dans le film il n'est parlé de femme ni d'hétérosexualité, comme si cela n'existait pas. L'histoire, racontant l'arrivée à Taipei d'un petit jeune timide (et puceau) qui tombe amoureux du playboy du coin, n'est ni plus ni moins qu'une comédie romantique plutôt banale mais qui prend une tournure plutôt singulière vu le contexte dans lequel il se situe. Ici tout est exagéré, chaque personnage est un stéréotype connu de l'homosexualité : le timide, la chochote, le trav et le beau gosse, chacun agissant donc en concordance avec le stéréotype qu'il représente. On peut ainsi difficilement voir autre chose que de la comédie, car l'histoire ne sert absolument pas la cause de l'homosexualité ; on pourrait même penser qu'elle le dessert, dans la mesure où on rit à ses dépends ; on peut néanmoins voir que le film sert à sortir l'homosexualité de son placard et, sans la banaliser, en rejeter les mauvais préjugés.
Un point important pour ce film, ce sont les acteurs. Très sérieusement interprétée, cette petite idyle ne passe pas aux yeux du spectateurs comme un film pourrave et desintéressé. En effet, les acteurs se donnent vraiment à fond et créent le charme qui ressort de l'histoire ; tous se lâchent correctement dans leurs rôles et prouvent la motivation d'une équipe qui en veut. Donc, pour les amateurs de cinéma taiwanais barrés et convaincant, le détour ne peut se faire ici.
Le cinéma taïwanais serait-il en train de devenir le dernier bastion de la liberté cinématographique en asie du sud-est? Face aux difficultés économiques que rencontre ce cinéma, les réalisateurs se débrouillent avec les moyens du bord et arrivent à faire preuve d'une belle inventivité sans fioriture. Comme When Beckham Met Owen, mais dans un pur style de comédie, Formula 17 fait parti de ces films qu'on est heureux d'avoir vu et qui restent longtemps comme un bon souvenir.
L'histoire de ce jeune garçon qui arrive à Taipei bien décidé à connaître son premier amour homosexuel et qui va découvrir le milieu gay de la capitale aurait pu donné lieu à beaucoup de loudeur. Rien de tel ici, pas question de savoir pourquoi les héros sont homosexuels, la question ne se pose même pas. Pas d'analyse, de portait social ou quoique soit qui pourrait faire considérer le film pour autre chose que ce qu'il n'est: une comédie romantique. Le fait que les personnages soient tous masculins ne vient rien changer à l'affaire, mais permet quelques regards, toujours tendres, sur une communauté où se cotoyent amitié et amour.
La réalisation de Chen Ying-Rong traite le sujet avec ce qu'il faut de distance pour pouvoir laisser place à un peu d'ironie, mais permet aussi par sa liberté de style de s'immerger pleinement dans les histoires croisées de ces personnages. Les acteurs n'hésitent pas à jouer avec la caméra donnant un réel sentiment de complicité au spectateur. La mise en scène ne manque pas non plus d'idées, l'utilisation des travelling latéraux sur le canapé en sont un exemple. Les acteurs semblent parfaitement à leur aise, livrant des prestations presque théatrales par la proximité qu'ils savent donner. Ce coté naturel de leur jeu, même dans l'outrance, donne à ce film une fraîcheur qui manque singulièrement dans le cinéma moderne.
Alors, même si le thème du film ne vous attire pas particulièrement, n'hésitez pas à vous laisser prendre au jeu de cette comédie romantique qui à la fois simple, tendre et subtile.