Anel | 3.5 | |
François | 3.5 | Angela................................ |
MLF | 4 | |
Ordell Robbie | 4 | du retard à l'allumage mais ensuite quel feu d'artifice! |
Plutôt que de paraphraser mon collègue Florent, qui a très bien décrit les qualités et défauts du film (début un peu répétitif et sans tension, fin superbe), je vais m'attacher à quelques autres aspects du film, notamment aux acteurs. Notamment la belle Angela Mao, dont rien l'idée de m'attacher à sa personne me procure des sensations... Bref.
L'un des autres intérêts du film, outre son scénario très sympathique sur la fin, sa bonne réalisation et des chorégraphies pas mal du tout pour l'époque, c'est son casting riche en gueules de cinéma comme on les aime. On compare souvent le Wu Xia Pian au western, c'est d'autant plus frappant ici. On reconnaît pas mal de visages de l'époque, même sans être un spécialiste. Le méchant de Big Boss nous joue de la guitare ici, et bien sûr délivre des mandales. Les fans de film plus récents reconnaîtront le tueur de Royal Warriors en faux comptable, les fans de Bruce Lee se feront un plaisir de revoir le guignol de La Fureur du Dragon en soldat malheureux. On reconnaît aussi le bon vieux Roy Chiao, qui a tourné dans des films aussi varié que Cageman, Bloodsport ou encore Les Aventuriers de l'Arche Perdue. Et bien sûr des jolies filles.
Car soyons clairs, la seule vraie raison de ne pas s'ennuyer pendant le début du film, c'est la présence des quatres serveuses. Avec à leur tête la bombe atomique Angela Mao, dont tout mâle correctement constitué rêve qu'elle lève la jambe pour lui asséner un coup de pied circulaire au menton. On remarque aussi la princesse à la fin du film qui nous ferait presque détourner les yeux du petit chat (Mao signifie chat en cantonais, facile, c'est le miaou des chats cantonais). Ces belles combattantes complètent à merveille un casting où tout le monde sait se battre. Ca aussi on aime, les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes, tous savent se battre en plus de jouer correctement la comédie.
Bien sûr, les combats ne sont pas les meilleurs du genre, mais pour un film de 1973, c'est très sympathique, merci à Samo qui faisait là ses débuts. Certes, certains passages sonnent assez faux avec des coups tellement peu portés que c'en est risible. Mais autrement c'est très très regardable, avec ce côté kitch assez plaisant et un peu d'humour plus ou moins volontaire (le chanteur avec une énorme épée qui lui sort de la poitrine qui assène un "Je vais bien, occupez-vous d'eux" assez hilarant... ).
Enfin, la vue de ce classique permet d'apprécier encore plus la version moderne du film d'auberge, L' auberge du dragon remake d'un autre King Hu, dont on comprend mieux certains scènes/hommages. Vous l'aurez compris, à l'Auberge du Printemps, on s'amuse parfois, on se bat bien, on s'interroge sur qui est qui et Angela "kick my bottom honey" Mao est serveuse. On y reviendrait volontiers...
L'Auberge du Printemps déçoit d'abord par un début assez longuet qui semble répéter à l'infini le schéma arrivée d'un invité dans l'auberge/combat. Qui plus est, l'humour de cette partie est assez lourdaud et ses dialogues sont d'une platitude extrême. Et surtout, le film n'arrive pas à créer chez le spectateur le sentiment de l'attente et la tension dramatique qui en découle: si l'aspect conspiration est déjà présent, on le ressent avec assez peu d'intensité. Le plus gênant est le décalage entre la mise en scène excellente (cadrages au cordeau, sens fordien des paysages, superbes zooms et travellings avants) et la banalité des situations (scènes de gambling répétées à l'infini, vieux client tentant de draguer les serveuses). Heureusement, cette partie est sauvée par les excellentes chorégraphies des scènes de combat par Samo Hung qui annoncent ses futurs délires kungfucomédiesques.
Mais la persévérance du spectateur va se retrouver récompensée lors de l'arrivée de Lee Khan et ce qui suit est tout bonnement un chef d'oeuvre. Car dans cette partie, King Hu va enfin prendre le temps de créer la durée, le film est habité par une vraie tension et par ce rythme pesant la mise en scène va enfin trouver des scènes à sa hauteur: le désert mongolien va être filmé avec une ampleur digne des meilleurs westerns, les travellings avant vont être un moyen de souligner les tensions entre les différents personnages, le sens du cadre de King Hu peut enfin exploser. Surtout, les enjeux dramatiques des combats sont beaucoup plus évidents que dans la première partie où il s'agissait simplement de défendre l'auberge contre une bande de voleurs et de tricheurs. Toute cette partie est imprégnée de la cruauté de Lee Khan et une ambiance d'inquisition permanente semble flotter sur chaque scène. Et le film va littéralement exploser dans un final sublime d'élégance foutraque: les chorégraphies donnent une impression d'improvisation permanente, la mise en scène est ultrarapide, les chevaliers volants semblent surgir de tous côtés. Ce faisant, King Hu anticipe rien de moins que 20 ans de wu xia pian made in Workshop: il donne le départ d'une course à la frénésie chorégraphique dont Tsui Hark reprendra le flambeau pour l'accélérer (et dans laquelle Tsui a toujours quelques longueurs d'avance sur la concurrence si l'on en juge par Legend of Zu).
Un premier tiers moyen, les deux tiers restants sublimes: si l'Auberge du Printemps n'est pas un grand King Hu (comme un Legend of the Mountain superbe de bout en bout), il reste néanmoins un excellent King Hu et un jalon important de l'histoire du ciné hk.