Arno Ching-wan | 3.25 | And now for something completely different... |
Le tableur est la plus belle invention de la micro-informatique. On la doit à deux individus, Dan Bricklin et Bob Frankston, inventeurs du logiciel Visicalc (pour Visible Calculator) en 1978. C'est un peu plus tard que ce mot "tableur" a été récupéré et transmuté en Excel, logiciel créé par un type à qui il manquait une case et qui, pour se venger, à décider d'en mettre plein partout. C'est ainsi qu'en 1985 la Société Microso... Plait-il? Quoi vous y'en a dire? C'est pas de ça qu'on parle? Ben si, Excel Saga, c'est... Quoi? La héroïne?... La héroïne de quoi vous dites?? Excel Saga le manga? Ah ok pardon, désolé. Navré, tout ça... Mais forcément, si vous filez pas les bons CDs aussi comment voulez vous que... Bon ok, on embraye...
Excel Saga LA SERIE ANIMEE (quand on prévient, ça va tout de suite beaucoup mieux) se veut une satyre de tout ce qui existe, du ciné au manga, en passant par plein d'autres trucs. Même la peinture y a droit, et pas n'importe laquelle d'ailleurs, car se @!#$ de la tronche d'un travailleur immigré à qui il n'arrive que des crasses (c'est très limite d'ailleurs) en faisant une pause sur sa tête de déprimé à mort façon Le cri d'Edvard Munch, il fallait oser. Pour appuyer les malheurs de ce travailleur brisé, un thème très proche du "House of the rising sun" des "The animals" se déclenche à chaque fois, donnant ainsi un peu de distance aux drames qui lui tombent dessus (accident grave, famille détruite...), drames dès lors impossibles à prendre au premier degré. Tant mieux.
La héroïne, Excel, est une bavarde impénitente, fonceuse et, surtout, ultra subjective pour tout ce qui touche aux faits et gestes de son maître à penser, le glorieux ILPALAZZO, un zozo de l'espââce se servant d'elle honteusement et abusivement pour conquérir la ville de "F". Sa copine martienne est source de gags moins drôles mais justifie les crises de jalousie et bêtises rigolotes d'Excel.
L'animation est plutôt moyenne, largement rattrapée par une narration dynamique, composée d'enchaînements risqués et souvent payants. Cette série ne tombe pas dans le piège classique de la grosse déconne sans limite, choix qui régulièrement en créée justement une limite (à savoir que l'absence de limite détruit les enjeux d'une série, et sans enjeux ben on décroche...). Malgré ce qu'elle annonce pourtant dans son auto-description, elle a la bonne idée de se resservir des rebondissements un peu dingos qui surviennent dans un épisode antérieur, en conservant tant bien que mal une cohérence et une crédibilité dans un monde à caractère burlesque. Cela nous ramène aux Monthy Pythons et à leurs gags qui se mélangeaient d'un sketch à l'autre, créant ainsi un étrange lien dans un gros bazar à l'origine sans queue ni tête.
Tout au long des épisodes, le comique de répétition tourne à plein régime et fonctionne du feu de Dieu. On peut définitivement craquer aux vues des aventures parallèles du petit chien d'Excel, un animal qu'elle ne garde vivant que pour le manger si un jour elle a très faim et rien d'autre à se mettre sous la dent. La tristesse de l'animal est ridicule et titille joyeusement nos zygomatiques, surtout lorsque le générique de fin lui laisse la parole pour une complainte de chien errant marquante vous trottant dans les oreilles pendant un bon bout de temps (avec une bilingue japonais-chien qui débarque soudain pour nous traduire le truc!).
Malgré quelques baisses de rythme par-ci par-là et une inspiration irrégulière dans le registre difficile de la comédie, cette série donne la pêche et mérite vraiment le détour. Longue vie donc à Ilpalazzo, mais aussi et surtout longue vie à cette œuvre étonnamment réussie.