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The Enigmatic Case
les avis de Cinemasie
1 critiques: 3.75/5
vos avis
5 critiques: 2.85/5
Génial foutoir
C’est peu dire que voilà une « curiosité » : le premier Johnnie To. Difficile d’affirmer qu’on sent déjà « son » style, mais du style, mazette, il y en a. Un combat dans une grotte se déroule dans le noir presque total, c’est sublime, crépusculaire, on dirait des fantômes en enfer. Le combat final est d’une rare sauvagerie. A la fin, les hommes sont au ralenti mais leur respiration, énorme, exprime l’effort. C’est deux Titans, presque deux plaques tectoniques d’une puissance inouïe. Le film verse ainsi souvent dans la poésie totale. Qu’il soit au ralenti ou en accéléré, le rythme est toujours parfaitement maîtrisé et d’une infinie variété. Il y a d’autres sujets de ravissement : ça se passe on ne sait trop où (la Thaïlande ?), avec une actrice au nom de pacotille (Cherie Cheung) qui a l’air vaguement indienne et est évidemment mimi, c’est souvent un pur film d’aventures avec le radeau emporté dans la rivière en furie, en même temps qu’une chronique paysanne. Johnnie To semble s’être lâché comme un chat dans un magasin de porcelaine. Il ne respecte rien et se fout de tout. On ne comprend rien à l’énigme, mais on a voyagé très loin et qu’est ce qu’on se marre !
Le prix de la vie
Comme beaucoup de ses réalisateurs pairs nés dans les années 1950, Johnnie To s'est fait ses premières armes en démarrant à la télévision dès le début des années 1970. Gravissant rapidement les échelons, il va tenter de profiter de la "Nouvelle Vague" pour passer du petit au grand écran. Le résultat, "The Enigmatic Case" ne se fera pas sans mal et l'échec cinglant au box-office local va le décider de revenir à al télévision avant de signer son "come-back" six ans plus tard, à la tête de quelques œuvres purement commerciales.
Non sans défauts, le premier long-métrage de To est pourtant un nouveau bel exemple de l'extraordinaire créativité du temps de la "Nouvelle Vague". Ensemble éclectique des goûts et modèles de To à l'époque, le cinéaste en profite pour citer pêle-mêle Sergio Leone, le chambara, Kurosawa, King Hu et Kenji Misumi (la puissance des éléments naturels en début du film; les personnages réunis par une pluie diluvienne, …), Tsui Hark (et son "Butterfly Murders"), mais aussi les productions de la Shaw passées, etc, etc, etc.
L'histoire tente de transcender les structures narratives classiques, mais également d'innover visuellement. L'histoire démarre au présent, avant de remonter le cours du temps pour une intrigue parsemée de nombreux flash-backs.
Les comédies sont en relative roue libre; et To semble par moments bien plus fascinés par la mise en scène, que par l'histoire se déroulant à l'écran. Parmi d'autres, un combat dans une totale obscurité, un duel au ralenti ou un sur-découpage au moment d'une scène d'interrogatoire particulièrement musclée ne sont que quelques-uns des nombreuses expérimentation visuelles.
Ce trop-plein ne respecte effectivement pas toujours la parfaite compréhension de son audience; mais il n'en reste pas moins que l'intrigue, riche en rebondissements, tient en haleine jusqu'au surprenant dénouement; et que la folie créatrice donne envie de suivre To jusqu'au bout de son film.
Une œuvre, qui aura finalement très peu à voir avec ses thématiques poursuivies ultérieurement; mais qui donne à voir un intéressant brouillon des passions d'un amoureux du 7e Art.