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3.58/5
Election
les avis de Cinemasie
13 critiques: 3.65/5
vos avis
62 critiques: 3.62/5
Le sceptre du tocard
La mafia, les triades, les yakuzas… Ces gangsters fascinent et les films abordant ces « familles » ont beau se positionner systématiquement en tant que démystificateurs, les gangsters y trouvent toujours de quoi entretenir et alimenter leurs préceptes à deux balles. Le Scarface de De palma est devenu malgré lui la succès story d’un immigré parti de rien, l’histoire d’un type qui aura vécu des tas de trucs de ouf et couché avec Michelle Pfieffer avant de mourir en héros. Il en va de même du Parrain de Coppola, la famille étant cette fois bien mise en avant - et en scène - en donnant du cachet et de l’envergure aux truands plus « sérieux » qu’un Tony Montana cabotin. Plus influencé par l’approche ouvertement cool de Scorcese, To prend ses distances tout en servant la soupe aux triades de HK, notamment au détour du sempiternel couplet sur la création d’emplois découlant de l’organisation. Passons sur ce vide idéologique et amusons nous plutôt. Dans Election, la succession d’un ponte de la mafia nous permet de découvrir les différentes méthodes utilisées par chaque prétendant pour arriver à ses fins, au-delà de l’élection fantoche à proprement parler (à main levée...). « Cé vlément vafoj ! » dirait un polonais, à savoir Vicieux, Abominable, Fun, Odieux et Jouissif. On s’éclate à suivre les délires violents venant du personnage de Tony Leung Ka-Fai, Joe Pescisé façon Casino, tandis que le calme menaçant a rarement trouvé meilleur représentant que notre Simon Yam préféré, ici très inspiré. Expirez après une guerre de rue dominée par Nick CHEUNG Ka-Fai, parfaitement à sa place dans ce rôle d’homme-chien violent, et hallucinez en assistant à un meurtre en cours dont l’issue sera changée par un coup de téléphone aussi burlesque que crédible, une scène dominée par le show poilant de Lam Suet. Enfin, marrez-vous surtout à suivre cette course au bâton du chef rendue aussi puérile qu'un jeu de cours de récré, tous ces mafieux se révélant soudain de vrais gosses n'ayant trouvé d'autre occupation dans la vie que de se mettre sur la tronche.
Malgré une intrigue très prévisible parce que déjà globalement déballée ailleurs, ce sont la forme chiadée, les acteurs et certaines scènes marquantes qui assurent le bon déroulement de cette élection pour laquelle on votera Johnnie To sans hésiter, en attendant toutefois une suite qui, on l’espère, comportera un peu plus de flingues. Bah ouais parce que bon, même si l’arme blanche possède un certain charme, rien ne remplacera jamais un bon vieux pare-brise de bagnole explosé à coup de rafales de kalachnikov hein…Cette remarque relevant, cela va de soit, de l'ordre du second degré.
A la proportionnelle...
Election, comme Breaking News et nombre d'autres films du réalisateur, est un TO consistant plein d'inconsistances. Mise en forme brillante pour une mise en scène linéaire, rythmes pas toujours maitrisés, discours sociétale critique finalement plutôt convenu vu d'ici mais qui confère par ailleurs à TO, aux yeux d'une certaine critique, un statut d'auteur à part entière. De ce point de vue, dans sa posture discursive (on n'ira pas jusqu'à dire "critique"), le dyptique Election 1 & 2, c'est un peu les articles du Parisien avec la mise en page du Monde Diplômatique... Reste que ce premier volet est au final un polar qui se regarde avec plaisir.
18 janvier 2007
par
Astec
Faut rester calme
A première vue, ce film s'apparente à un film de triade de base, ce qui fait un peur. On s'attend très vite à se retrouver face à deux bandes rivales qui se tapent sur la figure pour deux bowling et un distributeur coca-cola. Finalement, le thème vient apporter une touche sympathique puisqu'il montre deux sous-chefs en conccurence pour la présidence du clan mafieux (la société qu'ils disent). L'un est élu, ce qui ne plait pas à l'autre. J'avoue, ce n'est pas forcément très original, mais c'est fait par Johnnie To. Et au lieu de nous montrer l'image des triades très très méchantes qui n'ont aucune pitié pour le conccurent, comme on a l'habitude de le voir, ici on voit déployer des trésors de diplomatie (parfois expéditive il est vrai) pour éviter une guerre entre les triades, là où les autres on plutôt tendance à montrer des escalades de la violence et des ruées sur l'armement. Ainsi, et très agréablement, un grand calme règne autour du film, ce qui soulage par rapport à la première impression. De plus, le style de Johnnie To ajoute à l'intérêt ; en effet on reconnait aisément l'ambiance calme mais un peu tendu d'une situation pas très claire, que l'on a déjà pu voir en outre dans The Mission et PTU. A coté de cela, les deux excellents acteurs que sont Simon Yam et Tony Leung ne font qu'ajouter à la qualité du film. Donc très bon film de triade, dont le scénario est d'un grand intérêt et l'ambiance plaisement calme.
Tous frères
Election est un film qui rappelle un peu
A Hero Never Dies dans son concept: un film de genre qui se veut au premier degré assez classique et respectueux des codes du genre, et très sarcastique au second degré. Là où HND jouait avec les codes de l'Heroic Bloodshed,
Election s'attaque à un genre typiquement Hong Kongais: le film de triades.
Une nouvelle fois on retrouve les défauts assez typiques des films Milkyway: un scénario correcte, au dessus de la moyenne locale, mais loin de la perfection. Le film veut montrer l'évolution des triades et leurs nouveaux idéaux au travers d'une histoire de changement de de "chairman". Et c'est bien cette histoire qui pêche par manque d'intérêt, tout simplement. Les personnages sont un peu trop nombreux, on a un peu de mal à suivre qui travaille pour qui, surtout pour le spectateur occidental moyen pour qui les noms sont plus difficiles à mémoriser.
Autrement on retrouve les qualités des productions du studio HKongais. Johnnie T n'est pas réputé pour être un grand directeur d'acteurs, mais on relève peu de fautes de goût à ce niveau dans sa carrière. Simon Yam et Tony Leung Ka-Fai n'ont aucun mal à interpréter des rôles qui leur conviennent parfaitement. Johnnie To insiste sur des rôles à contre emploi pour Louis Koo le charmeur et Nick Cheung le comique. Si Louis Koo s'en tire correctement dans un rôle très sérieux, c'es surtout Nick Cheung qui impressionne dans son rôle de tête brûlée à l'opposé des rôles insipide qu'il avait jusqu'alors. La musique est également choisie avec soin et participe à l'ambiance.
La réalisation de Johnnie To est une nouvelle fois très soignée et délivre quelques scènes de vrai cinéma qui élève le film à un autre niveau. Et à nouveau on repense à Hero Never Dies qui évitait la facilité de la parodie pour réussir sa démonstration. Et c'est ce que réussit Election à nouveau en mettant en scène le plus sérieusement du monde des bagarres de gamins rivalisant de sales coups pour récupérer un simple bâton. Le film dénonce de fait tout l'hyprocrisie d'un système prétendant s'appuyer sur une tradition qui n'a plus aucune signification.
On pourra simplement regretter que le récit sur lequel s'appuie la démonstration ne soit pas plus réussi, mais le succès étonnant du film au box office Hong Kongais démontre la pertinence de sa démonstration auprès du plus connaisseur des publics. Au premier degré,
Election est un film plaisant de par ses quelques scènes très réussis, mais sûrement pas un film passionnant. Incrit dans son contexte culturel, il prend beaucoup plus de sens et vient figurer en bonne place dans la filmographie du studio Hong Kongais.
Dans l’enfer des triades
« A Hong-Kong, il y a 20 triades représentant 350 000 personnes. Vous avez de la place pour les mettre tous en prison ?», balance le vieux Teng au commissaire de police chargé des triades… Réponse ? Non, bien évidemment. Résultat, tous les mafieux s’organisent comme ils veulent, luttent pour le pouvoir, se tabassent et se dégomment entre eux comme au bon vieux temps du Moyen Age. Cela nous vaut quelques scènes violentes bien senties comme ce dévalement de colline dans une caisse en bois (et 2 fois plutôt qu’une) ou cette partie de pêche sanglante. Pour le reste, l’amateur de films de yakuza ou de Scorsese évoluera en terrain connu avec Election, dont l’intrigue et la mise en scène sont au dessus de la moyenne mais ne sortent pas franchement des terrains battus du genre. La multiplicité des personnages fait qu’on a parfois du mal à s’y retrouver, ainsi qu’à s’identifier à un gangster quelconque. Johnnie To s’est cependant appliqué sur ce film, lui qui avait souvent tendance à bâcler ses précédents ; on lui reconnaîtra au moins ce point.
Déception relative malgré la qualité du film
Objectivement Election est un film qui ne présente guère de faiblesses. Le scénario est plus solide que celui de Breaking News, même si la profondeur qu'il donne repose un peu trop sur la compexité de l'écriture plutôt que sur celle des personnages. Et si Johnnie To reste toujours aussi impeccable dans ses cadrages, ses raccords et la fluidité du montage, il manque néanmoins quelque chose au film, et ce quelque chose c'est tout simplement le climat qui pouvait caractériser des films comme PTU ou The Mission. Election donne un peu trop l'impression d'hésiter entre film de triade pur avec l'action qui s'en suit et le film d'ambiance. Ce choix intermédiaire n'est pas désagréable pour autant mais il aurait beaucoup gagné à un montage plus long où les personnages colatéraux auraient pu être un peu plus développés.
Coté acteur, Simon YAM Tat-Wah tient parfaitement sa place avec la distance qu'on lui connait. Si Tony LEUNG Ka-Fai se sort bien de son rôle, on reste néanmoins un peu sur sa faim en le voyant endossé pour la nième fois un personnage au profil psychologique un peu trop limité. Quant à Louis KOO Tin-Lok, il est malheureusement un peu trop rare à l'écran. Dans l'ensemble, le film laisse un peu un goût d'inachevé. Il faudra juger sur la suite que Johnnie To compte donner au film, qui pourrait expliquer les manques dans le traitement de certains personnages du film (celui de Louis Koo) par exemple. Quoi qu'il en soit, l'esthétique du film n'étant pas suffisante pour justifier à elle seule son propos, ces carences laissent une impression de trop peu pour un maître du genre. Reste à attendre de voir quelle pouvait être l'intention de Johnnie To à terme.
Retour de bâton
Cela avait pourtant démarré sur les chapeaux de roue. Certes, les informations narratives sur les personnages, les stratégies de clan distillées au compte-gouttes par le script pourraient risquer de perdre dès le début le spectateur. Mais il s’agit une fois de plus pour To de poser à la va vite des enjeux narratifs vieux comme le cinéma de genre. Soit un monde des triades ramifié comme une multinationale et régi par un code d’honneur ancestral, le moment d’une succession au sommet avec les rivalités qu’il implique. Rivalités entre figures en apparence respectueuses de la tradition (Lok) et jeunes loups désireux de faire des vagues quitte à la malmener (Big D), grands chefs mafieux tombant sous les yeux des médias et de la police. Rien de moins que le terreau usuel de bon nombre de sagas mafieuses. Avec s’ajoutant à cela un bâton symbole de pouvoir pour lequel chacun s’entretue, un de ces objets mythologiques excitant les convoitises en forme de little Faucon maltais. La série B selon To, c’est encore ici tenter d’utiliser comme catalyseur créatif un passé, des codes, des situations usées du cinéma de genre.
Les idées narratives Milkyway habituelles se déploient, l’événement le plus anodin ayant toujours les conséquences narratives les plus significatives. Entre autres une caisse renfermant des mafieux tombant d’un fourgon, un mafieux arrêté fuyant une menace physique d’un collègue menottes en main ou un refus d’un mafieux de quitter une voiture au feu rouge… Et To emballe cela avec la maestria des grands jours, celle de The Mission ou de PTU. Il n’a pas son pareil pour filmer ses gangsters comme des pions, des figures abstraites, pour ordonner une course poursuite ou pour dynamiser les parties dialoguées du film. Il s’offre même le luxe de très bien recycler un usage du clair obscur vieux comme Le Parrain pourtant rouillé à outrance par trois décennies de cinéma de genre. Et un score fait d’arpèges entre style chinois traditionnel et blues fonctionne ici très bien. On peut juste déplorer que le film se perde alors parfois narrativement dans ses sous-intrigues ainsi que les exçès cabotins du jeu de Tony Leung Ka Fai.
Mais un coup de théâtre fonctionnant très bien sur le moment va ruiner les 30 dernières minutes du film. Du brillant jeu sur le genre et ses clichés le film va alors passer à la tentative d’offrir une vision extrêmement noire des triades et de la cruauté derrière leur fort rapport à la tradition. SPOILERS On découvre en effet que derrière son visage de «bon successeur» Lok est finalement tout aussi arriviste que Big D, plus malin que lui mais tout aussi peu scrupuleux. Beau retournement sur le moment qui sera lourd de conséquences une fois la partie «ascension» de Lok achevée. Car To va à partir de là tomber dans les travers jusque là évités. La façon dont Lok va asseoir son pouvoir par le sang est catapultée par des artifices narratifs légers comme un tank. Comme ces allers-retours entre passé des triades et rites présents, cette métaphore coup de massue de la pêche à la ligne symbole de destins croisés des deux rivaux ou cet enterrement des rivaux comme on «enterre» ses fautes pour ne pas faire de vagues et se maintenir au pouvoir en forme d'Affranchis du pauvre. Le vrai visage de Lok esquissé précédemment se voit dès lors asséné à coup de massue, en tentative de tour de force/baudruche se dégonflant très vite. FIN SPOILERS
On se souvient qu'un remake du Parrain était l'un des gros projets personnels de To. Projet dont on pourrait voir Election comme une concrétisation, surtout qu'un Election 2 arrive bientôt. Mais un To brillant couturier de la série B se révèle ici incapable d'égaler les modèles hollywoodiens (Scorsese, Coppola...) pour ce qui est d'offrir une vision ambitieuse du gangstérisme.
Un polar carré et par moment déroutant.
Ouf, Johnnie To s'est enfin ressaisi depuis son Breaking News décevant et surestimé. Fini cette désagréable sensation de surfait et d'impersonnel au possible (lorgnant entre un Besson et un Tsui Hark) qui lui faisait défaut dans son polar mainstream, ici l'on y trouve une ambiance, une odeur et un climat inquiétants. Le scénario est basique mais assez profond pour que l'on s'y intéresse pleinement, mettant en scène deux têtes de la triade Wo Shing Society qui s'affrontent afin de marcher sur la plus haute marche du podium et ainsi brandir le "sceptre", symbole de puissance et de respect.
Plutôt classique dans son déroulement, jusqu'à reprendre carrément la trame linéaire de tout bon film de genre, Election évoque les heures sombres des Triades avec ses membres avides de pouvoir, soumis à leurs avatars hiérarchiquement au-dessus. Derrière leur carapace de dur à cuir se cache un père de famille somme toute banal, comme quoi ces mafiosi sont des personnes normales, pas plus importantes dans la société que le citoyen moyen. Simplement le statut d'appartenance à une Triade développe tous les sens (éloquence, respect, force, etc...) aussi absurdes soient-ils. On y trouve alors des règlements de compte ridicules, tout ça pour accéder au pouvoir suprême, quitte à supprimer ses amis proches. L'élément le plus intéressant de l'oeuvre de Johnnie To se trouve sans aucun doute au niveau relationnel puisque l'ensemble des personnages s'avère être intéressant. Le vieux boss, la recrue montante, les traîtres et autres crapules jouent tous dans la même cour, prennent des risques et se retrouvent avec les pinces au beau milieu d'un repas. C'est ça le risque!
On retiendra aussi l'excellence de la réalisation, tout bonnement exemplaire. Atmosphère dark à la PTU (décidément le vrai point d'orgue dans la période post Running On Karma, grand polar nocturne), ombres pièges et qualité d'éclairage surprenante accompagnent la montée de Lok (excellent Simon Yam), qui dans un final étrangement glauque dévoile son vrai visage. N'oublions pas ce casting féroce avec des têtes bien connues du public de To, comme le génial Lam Suet, ou encore Tony Leung Ka-Fai. Et puis quel plaisir de retrouver Lo Tayu (The Big Heat) à la bande-son, nous délivrant une partition formidable de justesse. La suite au prochain épisode.
Esthétique : 4/5 - Carrément sombre, dans un scope pourtant lumineux. Les douces joies du paradoxe.
Musique : 4.25/5 - Comme quoi une guitare acoustique peut faire son petit effet...
Interprétation : 4/5 - Des gueules qu'on n'oublie pas au service d'une interprétation sérieuse.
Scénario : 4/5 - Le faux pas est synonyme de mort. Certains s'en sont vite rendus compte.
Un fort To de consécration
A peu près tous les cinq films, Johnnie To se dit : "Bon, là, je le chiade, j'y passe une semaine de plus que les autres". Et le To qui se creuse un peu plus la tête que d'habitude, cela écrase tous les autres suiveurs quand ils se déchirent les méninges. Election se range donc aux côtés de PTU ou The Mission au rayon "prestige". D'autant plus que le plus grand rénovateur du polar HK a revu ses classiques. C'est tout con, le cinéma, finalement : prendre le temps de filmer des acteurs, cadrer, éclairer, ménager des plages de silence, saupoudrer de musique, lancer un rythme pour mieux le briser. Seuls une poignée de réalisateurs font encore cela, un cinéma qui s’épanoui des années 40 aux années 70. Election, c'est une de ces innombrables sagas au scénario à la fois hyper compliqué (machin embrouille bidule qui a trahi trucmuche qui est le frère de l'autre qui s'associe avec machin) et hyper basique. En gros, c'est de l'athlétisme en ligne droite, qui aura le bâton, qui va passer la ligne le premier. Donc l'histoire on s'en tape un peu, seule compte l'envie de la raconter. Et Johnnie To les aime, ses personnages, pour leur donner autant d'espace dans le cadre, pour les laisser autant parler, pour ne jamais les écraser, les isoler souvent sur un fond nu. Sa mise en scène a enfin trouvé son équilibre entre la modestie et le formalisme, et un homme qui trouve son équilibre, c'est comme un costume classe qui tombe bien. Alors la musique devient de l'épure, quelques notes de guitare et du tambour. Pas la peine de faire du bruit, les scènes de combat ne contiennent aucun coup de feu mais on le proclame pas plus que ça.
Et puis subrepticement se glisse un raccord démentiel, un plan hyper composé. Sous ses dehors de gentleman dandy, Election est traversé d'étranges éclairs. Ainsi, dans un film à 99% masculin, il n'y a que trois-quatre scènes avec des apparitions de femmes, une au début, hilarante, et une à la fin, d'une extrême violence, entre les deux la femme ont été symbolisée comme un vide immense, la grande frayeur de ces hommes qui comblent leur angoisse par la frénésie. Mais Johnnie To fait aussi des petites pauses. Un break. Un gueuleton dans Breaking News. Ici, en profitant d'un arrêt au passage à niveau, il tripe cinq minutes sur des feux de signalisation. Comme ça. Fabuleuse suspension du temps, moment jouissif de pure mise en scène gratuite.
Aux trois quart du film surgit une des transitions les plus trash du cinéma, comme si un vieux conte chinois s'était incrusté dans PTU. Et puis quelques minutes sont tellement joviales que ça fait tache, ça
running on karma mais tout en restant cohérent, car avec ces ruptures successives à l'approche de la fin, Johnnie To nous emmène où il veut vraiment aller : conclure sur une épure glaçante, résumer son style en quelques points de montage sidérants et rendre le plus bel hommage à l'ultra-violence sèche de maître Scorsese, un de ceux qui fait le mieux ce cinéma «40-70» précité. Sachez qu'il y a un Election 2, déjà tourné, qui peut démarrer sur la seconde d'après la fin du 1 ou dix ans après, ça nous donnerait autant envie.
Parrain né
Finalement Johnnie To a l'occasion de réaliser sa propre version du "Parrain HK" annoncé depuis tant d'années...
Un retour en forme, lui permettant de concilier toujours davantage les deux courants de cinéma suivis en parallèle : du populaire avec des films plus auteurisants. Se perfectionnant réellement au fur et à mesure de ses films, il réalise cette fois une belle fresque mature du terrible jeu des triades.
Film extrêmement bavard sur fond de mince intrigue, il réussit pourtant à capter l'entière attention de ses spectateurs de bout en bout. Pitch classique, il renouvelle pourtant une nouvelle fois durablement le genre en réalisant quelques scènes immédiatement cultes.
Appuyé par son casting renversant, il signe une oeuvre profondément nihiliste jusque dans son dénouement d'une noirceur extrême.
Audacieux pari que de réaliser un authentique Cat. III, il se permet même d'exploser tous les record d'entrée pour une production du genre - même si les 15 millions de dollars HK peuvent paraître trop modestes en vue de la qualité du produit final.
Parfait en l'état, il est encore difficile de savoir vers quels autres horizons il aimerait amener les séquelles prévues de sortir dans un proche avenir...juste le temps de terminer "The Mission 2 - Exiled" et d'enchaîner certainement sur une ou deux authentiques productions populaires pour tenir ses comptes à flot...
Quant les triades font leur politique...
Quoi que l'on pense de lui, Johnnie To a indéniablement le statut d'un très bon réalisateur dans sa poche. On sent clairement qu'il a souhaité, avec
Election, s'éloigner de l'approche brut de décoffrage, voire série B, qui caractérise ses polars habituels, y compris les meilleurs (
PTU,
The Mission), pour tâter l'ampleur d'une fresque mafieuse digne de Scorsese ou Coppola. Déjà y apparaissent des sous-thèmes propres à tout ce que l'on a pu voir ou presque de l'univers de la pègre dans sa représentation au septième art: traditions locales, codes de l'honneur, principe du patriarcat, trahisons et règlements de comptes. Mais le scénario ne s'arrête pas là et peut-être l'ambition de To se voulait-elle un peu trop grande. Car le véritable écueil de cet
Election, c'est qu'il se pare d'un script étoffé que dessert une narration trop classique et guère suffisamment dense pour s'avérer à la hauteur du sujet. L'intrigue est quant à elle inutilement embrouillée, ce qui fait que l'on ne voit qu'une succession de magouilles entre triades là où il y avait lieu d'assister à une œuvre foisonnante et kaléïdoscopique. Ce traitement d'une linéarité excessive ne permet donc pas de s'intéresser en profondeur aux personnages ainsi qu'aux événements qui tissent le récit; par conséquent, on s'ennuie quelquefois et les jeux d'ambiance et d'esthétique d'un
PTU ou d'un
The Mission nous manquent considérablement. Il serait malgré tout insensé de ne pas reconnaître – une fois encore – les talents de metteur en scène de Johnnie To. Même si l'esbroufe typique de ses réalisations est ici aux abonnés absents, force est de reconnaître l'élégance des cadres et de certains mouvements de caméra, sans parler du très bon travail fourni sur la photographie, limpide et sophistiquée, que l'on doit à Siu-keung Cheng. De même, le film bénéficie d'un casting haut de gamme: Simon Yam démontre qu'il figure décidément dans la trempe des plus grands de sa génération avec ce rôle de gangster sournois et charismatique, Tony Leung Ka-Fai épate en petite frappe au sang bouillonnant et la plupart des personnages secondaires sont interprétés par les comédiens fétiches de To (Lam Suet, Maggie Shu, Nick Cheung, Cheung Siu-Fai) qui n'ont plus rien à prouver. On ne peut cependant démentir que ces acteurs se révèlent un tantinet sous-exploités par les limites dramatiques de l'ensemble. Dommage. Au final, ce qui frappe encore le plus dans cet
Election formellement bien fait mais un peu creux et en deçà de son véritable potentiel, c'est la violence inattendue de sa séquence finale: un double-massacre barbare et d'une crudité impressionnante dans la veine du
Casino de Scorsese, tout cela sous les yeux éberlués d'un gosse. Johnnie To a lâché du lest ! Cette histoire de politique de cuisine entre mafieux avait de quoi donner lieu à un film plus magistral et abouti. Si les audaces de To retombent donc un peu à plat, il reste de ce thriller HK une belle démonstration visuelle, mais aussi quelques compositions d'acteurs brillantes, qui le hissent un cran au-dessus de la moyenne à défaut de lui apporter un cachet inoubliable.
pour moi le meilleur des récents films de Johnnie TO, ELection passe à côté du gros classique par un manque de développement de l'intrigue.
tout est très travaillé et ça le fait bien à l'écran, par contre on est pas encore au niveau de Scorcese.
je regrette aussi que la musique soit encore une fois "décalée", c'est moins bizarre que sur The mission mais c'est pas du tout sombre, ainsi que des visages peu éclairés la plupart du temps et pas beaucoup de gros plans.
mis à part ça Election est un très bon film, bien classe et on attend la suite avec impatience.
Potentiel un peu gaché malgré tout...
Johnny To réalise ici un film qui est parmis ceux qui mettent le plus à plat le passé scorcesien du film de gangsters. Parfois ca marche, parfois ca rate... ici, le résultat est en demi-teinte, car si le début du film pose brillament, à la face Toienne traditionnelle, les personnages et les enjeus, la suite se perd un peu inutilement et les personnages, potentiellement forts, en deviennent carricaturaux (Lok ne sera jamais très développé et Big D reste au stade de l'hystérie). La violence est relativement disrète, comme souvent, et parfois bien venue. La réalisation porte la griffe To et est entièrement solide. Le casting assure (Louis Koo, sobre comme à l'accoutumée, Leung Ka Fai dans un récital de surjeu à faire pâlir Joe Pesci, Simon Yam relativement effacé,...). Bref, si les promesses du début ne sont pas tenues, car le film manque clairement d'ampleur au vu du ton imposé dès le départ, le film se laisse suivre sans déplaisir, grace à cette touche Johnny To si particulière, faite d'un rien de distance, d'une bonne dose de maniérisme, et de pas mal de talent malgré tout. Election 2 sera, sur le même thème, bien plus convaincant mais ce premier volet ne démérite en rien pour autant.
Les detracteurs de Johnnie To vont s'en donner à coeur joie, le film est l'essence même du cinéma récent du réalisateur à savoir un rythme lent et un scénario, simplissime à la base, est unitilement compliquée...
Mais le film regorge de qualités également à savoir un casting parfait (même si Leung Ka-fai a tendance à surenchérir un peu trop à mon gout), des personnages charismatiques et une mise en scène comme d'habitude très soignée. Mentions spéciales à la photographie qui rend un très bel hommage à la cinégénie si particulière de Hong-Kong et à la partition musicale, plus soignée que de coutume chez l'auteur.
D'aucuns se plaindront que le film est un peu redondant avec une frange de la filmographie de To: ce n'est pas tellement faux, "Election" ressemble assez à certains de ses illustres prédécesseurs comme "PTU" pour ne citer que le plus évidemment et, de temps en temps, on a la vague impression d'avoir vu tout cela quelque part.
Espérons que l'ami Johnnie ne s'enferme pas, de lui-même, dans un carcan duquel il sera très difficile de sortir...
bulletin à blanc
Moué...
Dans le genre "film de triade"
Election s'en tire pas si mal, l'histoire est intéressante et touffue, ça s'embrouille dans tout les sens pour le plus grand bonheur de celui qui y accorde une quelconque importance.
Pour le reste, faut avouer que c'est hyper bavard et que ça manque sérieusement de gun-fight à mon goût (je sais, ce dernier critère est très subjectif), mais surtout que la réalisation est largement en dessous de ce qu'on peut attendre de
Johnnie To et est finalement assez plat (rien à voir avec un
The Mission qui pour la peine pose tout le monde sur le cul).
18 janvier 2007
par
Epikt
Réalisé de mains de maître, Election est un chef d'oeuvre du film de Triades!
La première fois que j'ai vu ce film, j'évais été déçu. Deuxième film de Johnnie To que j'avais vu, je m'étais ennuyé et je n'étais pas très habitué au cinéma hong-kongais (je m'enmèlais les pinceaux avec les acteurs). Il s'agit là d'un pur film de triade, et il est doté d'une narration un brin complexe, tandis que le scénario est très simple sur le papier. Ne cherchez pas l'action pure comme dans les autres films de Johnnie To, ici l'accent est mis sur l'intrigue et les personnages même si il y a quand même d'excellentes scènes hâletantes. La réalisation de Johnnie To est superbe, loin du style Leonien de
Exilé mais carrément proche de la classe d'un Scorsese ou d'un Michael Mann. L'ambiance est également forte, et quelques scènes nous rappeleront
Les Affranchis.
L'un des autres points forts du film est de proposer une vision réaliste de la triade hongkongaise plutôt que de verser dans le lyrisme propre aux films de John Woo. Cependant il semble falloir plusieurs visions pour bien comprendre et apprécier
Election car la multitude des personnages et toute l'histoire du sceptre peux facilement parraître un peu lourde à suivre, mais c'est au fil des relectures que le film s'impose comme un véritable chef d'oeuvre, croyez-moi.
mais on ou vas!!!
alors chaque que monsieur To réalise au yeux de tous tout est nickel on dirait..ca tourne au grand guignol , oh bien sur l'histoire lente de calculé est toujours au rendez -vous..mais la stop..g coupé apres 24 minutes car a force d'entendre et de lire le mot "oncle" (l'oncle tong, teung , ting,tang, c' bon quoi ) To ferait mieux de revenir un peux au realisation dynamique qu'il a fait dans le temps, oui et pourquoi pas refaire un bon film de kung fu (the bare-footed kid).les films actuels de TO sont limites supportable "election" est un film vide , creux, et terriblement ennuyeux , j'ai été obligé de couper apres 24 minutes, c'etait ca ou le marteau dans la tv; mais comme je viens de m'offrir un LCD 94 cm ecran plat, j'ai préferé cliquer sur stop....stop monsieur TO.
Quelques longueurs mais un excellent rôle pour Tony Leung Ka Fai.
Un thriller efficace.
Reposant sur une histoire classique de lutte de pouvoir au sein d'une triade, le scénario est néanmoins entrainant avec beaucoup de rythme, notamment la partie "à la poursuite du sceptre perdu".
Côté casting, rien à redire, comme à la réalisation d'ailleurs, tout est en place.
Après, c'est sûr, un film comme "Election" ne s'inscrira pas dans les mémoires du cinéma HK ; il n'en est d'ailleurs pas un film majeur de la filmo de Johnny TO, mais il en satisfera plus d'un.
Un bon pilote
C'est long, trop long. C'est mièvre, trop souvent. Les personnages, trop nombreux, ne sont pas assez développés. Par contre, la photo est magnifique, il y a des moments de maîtrise sidérants, et en bref, c'est du Johnny To.
Enfin, concrètement, tout ce que ça m'inspire, c'est que ça ferait un excellent pilote pour une série télé. On sort du film frustré, on veut savoir où tout ça va nous mener. Et donc, je me dis, en particulier à la vision de la scène (un peu pathétique au niveau des décors et des lumières bâclées) du rituel initiatique de la fin du film, et de sa suite réelle, où Simon Yam forme sa "team", que ce film jetterait d'excellentes bases pour une série en 12 épisodes par saison, comme il faut.
Un Soprano HongKongais, en somme.
Old and dangerous
Dans son style caracteristique depuis
Running out of Time ,
PTU et
Breaking News ( ses films les plus connus hors asie )
Johnnie TO Kei-Fung nous livre un film de triades classieux , jamais vulguaire ni complaisant avec les mafieux comme pouvait l'etre Andrew Lau avec ses Young and Dangerous. Quand le second joue la carte de la violence pour attirer le male dans la salle, le premier nous livre un film costard-cravate ,classe ben oui meme les flic de l'
OCTB admettent que l'election du nouveau chef de gang c'est plutot democratique .cela n'empeche que c'est quand meme des gangsters donc ça poignarde , ça intimide et dans le fond le coté realiste du traitement de l'Election en question , le rend beaucoup plus violent que
Young and Dangerous 1 et je parle pas du coup de la pierre AIE !
Pour moi c'est pas une grosse claque mais ca reste un tres bon film et c'est tout ce que je demande. Mention special a
Tony LEUNG Ka-Fai il est exellent
Un TO sympathique mais en déça de ses ambitions.
S''il ne parvient pas à rivaliser avec les meilleurs crûs réalisés ou produits par Johnny To (en vrac: Beyond hypothermia, The mission, A hero never dies, The longest nite et Running on karma AMHA), Election n'en reste pas moins agréable à regarder grâce à sa réalisation sobre et élégante (loin de la stylisation outrancière de PTU ou Breaking news), sa bande originale hypnotique (qui évoque un peu celle de PTU), ses acteurs charismatiques, quoiqu'un peu cabot en ce qui concerne Tony Leung Kar-Fai (mais sa prestation reste tout de même jouissive), et son contraste, souvent surprenant, entre plages atmosphèriques et réglements de comptes brutaux (mais l'aspect atmosphèrique du film s'avèrera être autant une qualité qu'un défaut...On y reviendra). Du côté des séquences brutales, on retiendra en particulier le combat à la machette mettant en scène le motard, ainsi que le final aussi glaçant que réussi... Une conclusion noirissime qui tire le film vers le haut sans pour autant parvenir à nous faire oublier quelques points noirs dont le plus gênant est sans conteste le manque de clarté du scénario qui se perd dans des digressions plus ou moins utiles, au point d'en oublier certains personnages en cours de route (Lok, interprété par Simon -la classe- Yam, censé être un des 2 personnages principaux n'est véritablement dévellopé que durant le dernier tiers du métrage)...Ce défaut est probablement dû au fait que le film souffre du syndrome dit du "cul entre deux chaises": Comme si Johnny To n'arrivait pas à se décider et à trancher entre une approche contemplative et quasi-abstraite à la PTU / The mission et une autre plus réaliste, héritée de la fresque mafieuse (type Le parrain), il en résulte une impression d'incertitude assez gênante, un peu comme si deux films n'ayant pas grand chose à voir se téléscopaient mutuellement.
Malgré une légère impression de gâchis, Election contient suffisament de bons moments pour être vu (et conserve, malgré tout, un certain pouvoir de fascination).
Bref, j'ai pas trouvé le film mauvais mais j'en attends un peu plus de sa suite.
Big Brother
Un film nous faisant plonger dans l’univers des triades et plus particulièrement dans la course à l’élection du nouveau leader entre deux candidats.
Dans le premier parti du film ont a du mal à si retrouver tellement il y a de personnages, ce qui engendre quelques confusions, et je trouve que le film tire un peu sur la longueur.
Mais au final ce film peut être une bonne introduction pour le second opus.
Démocratie mafieuse
Un sombre voyage dans les rouages étonnants des triades, mis en scene avec tout le talent d'un johnny to des grands soirs, pas loin d'un masterpiece car les 20 dernieres minutes passent trop vite et manquent d'explications.
Un film inachevé
Ce qui est pénible avec lesfilms de Johnnie To c'est qu'ils possèdent des débuts très prommeteurs pour finallement tomber dans le conventionel. "Election" n'échappe pas à la règle.
Le gros problème avec "Election" est qu'il multiplie les personnages secondaires(tous excellents) sans vraiment s'interreser à eux. Seul le personnage de Big D interprété par Tony LEUNG Ka-Fai peut paraitre insupportable. Pour 1h30 c'est frustrant.
De plus le film est super bavard et n'aide pas à faire avancer l'intrigue . La fin m'a donné une impression de déjà vu ( une fin d'ailleurs très similaire à un épisode des "Soprano").
Pourtant le film est beau, très beau, grâce à sa photo, sa musique et sa mise en scène.
Personnellement, j' aurai voulu aimer ce film mais l'impression d'inachevé persiste.
Il faut arrêter de crier au génie.
Sûr c'est du Johnnie TO, sûr aussi qu'il y a de bons acteurs, mais ici il ne se passe rien. On reste planter devant à attendre que l'un trucide l'autre, et c'est hélas que dans les 10 dernières minutes que ça se passe. Un sceptre (scénario) bidon, des acteurs sous-exploités qui papote, et aucune reel scène d'action/tension.
Magistral
Avec Election, il semble que Johnnie To ait franchi un cap supplémentaire dans sa carrière. Comme le préfigurait déjà Breaking news, le réalisateur ne se contente plus de mettre en scène une simple histoire ; ses films sont désormais porteurs de sens et ont des ambitions fortes, comme en témoigne les sélections cannoises de ses deux précédents films.
Election oscille entre le film de gangster et le reportage, ce qui lui donne une valeur toute particulière. Très ancré dans le concret, le style lent adopté par Johnnie To depuis PTU sert ici l'histoire à merveille, le but étant de rendre l'histoire aussi réaliste que possible.
Un vrai film d'auteur de la part d'un réalisateur surdoué dont les films apparaissent de plus en plus intéressants à mesure que le temps passe.