C'est tout de même un vrai plaisir de retrouver de vrais artistes martiaux et non des tops models qui se la jouent "regardez moi, j'y connais rien mais qu'est-ce que je suis beau !". De plus, l'ambiance qui ne se prend pas au sérieux est pêchue et toujours plus agréable que beaucoup de films 100% frime qui sortent aujourd'hui à HK.
DU CONTRE :
- De la comédie et du surjeu à haute dose, très lourd en fait.
- Un Liu Chia Liang un peu trop envahissant qui ne daigne pas laisser la place nécessaire à sa jeune équipe.
- Une image de téléfilm bien quelconque.
- Une mise en scène désuète vite oubliée.
- Des combats parfois très brouillons et mal filmés, vite expédiés (sauf le premier), pas très nombreux et jamais incontournables.
- Une musique minable faite en 2 temps 3 mouvements sur un synthé de fortune.
- Une histoire de rien du tout.
Liu Chia Liang réalise une kung fu comédie des plus classiques qui n'utilisent aucune qualité technique des réalisations modernes et n'est pas réellement entraînante de surcroît. Au final, l'impression d'assister à un téléfilm à deux balles est assez forte et l'ensemble n'apporte aucun sang neuf au genre.
... critiques de mes collègues et vous avez la mienne ! En d'autres mots, si on est fan du genre on peut y trouver -un peu- son compte. Dans le cas contraire ça devient plus fâcheux et le faible niveau technique peut vraiment... fâcher. Liu Chia Liang a non seulement réalisé un film de kung fu "à l'ancienne", mais il semble l'avoir également produit "à l'ancienne". Il n'y a quasiment pas de différences de rendu entre les photos de production et les décors montrés dans le film (bon, j'exagère une peu, mais si peu) par exemple, et le générique d'ouverture est accompagné pas un sample, écourté, de la démonstration live du casting qui avait été montré sur le net pour l'annonce officielle du film. Un teaser en haute résolution en quelque sorte...
Alors certes il nous reste le plaisir de voir un casting martial digne de ce nom, mais même là le vieux chorégraphe se la joue "à l'ancienne", ou plutôt "à la djeun". Bon, il a la forme le vieux, aucun problème, mais s'il s'était contenté d'un rôle plus secondaire au lieu de phagocyter son film (qui a dit Wu Jing ?), Drunken Monkey y aurait trouvé du Punch ( Monkey Punch.. ahaha... ha... non ? ah bon...). En plus, autant pour les quelques "piques" publiques de Liu Chia Liang envers le travail en occident de son vieux collègues Yuen Wo Ping... Egos à l'horizon quoi...
Un film a voir, peut-être, mais pas à revoir. Quant à Wu Jing il attendra son projet avec Sammo Hung et Donnie Yen ou celui avec Tsui Hark pour trouver le véhicule adapté à son potentiel, peut-être.
Avec Drunken Monkey, Liu Chia Liang démontre que réussir un bon film à l'ancienne est une chose plus dure qu'il n'y parait. Reprendre une forme classique fortement liée à une époque donnée nécessite de la repenser un minimum pour qu'elle ne paraisse pas anachronique. D'où entre autres le travail de Todd Haynes pour faire non pas un mélodrame sirkien des années 50 tourné en 2003 mais vu de 2003 -légitime parce que la force émotionnelle de ces films sur le public de l'époque provenait du poids de certaines normes sociales aujourd'hui disparues-. Travail que n'a pas vraiment fait Liu Chia Liang en voulant revisiter la kung fu comedy. On me répondra que ce que l'on peut reprocher au film -scénario bateau, photographie niveau téléfilm- pourrait etre aussi reproché à pas mal des meilleurs représentants du genre. Sauf que le fonctionnement de l'industrie hongkongaise -exploiter au maximum une formule pendant un court laps de temps- fait que ce qui paraissait naif et inventif à l'époque fait aujourd'hui figure de déjà vu. La partie comédie semble déjà lourde et ultraconvenue et les enjeux du récit ont du mal à passionner. Le film est le plus souvent correctement mis en scène mais cela ne suffit pas à faire oublier ce défaut. La photographie? En 2003, le cinéma de Hong Kong ne peut plus faire comme s'il vivait encore en autarcie et du coup la dimension technique aurait due etre plus soignée. Là où un Infernal Affairs capitule devant la mondialisation, Liu Chia Liang fait comme si elle n'existait pas mais ce n'est pas mieux. La seule partie qui réussit à convaincre est celle des combats: d'abord parce que la boxe du singe est une technique martiale peu connue, que l'action est inhabituellement aérienne pour un film de Liu Chia Liang et que du coup ces petites gouttes d'originalité mettent en valeur le sens du montage du cinéaste en évitant d'un cheveu le déjà vu. Drunken Monkey démontre que l'on ne peut jamais retrouver à l'identique la magie des ages d'or cinématographiques, ces périodes naives propices à l'apparition des chefs d'oeuvre. Là, c'est un peu comme si Tsui Hark avait fait d'Era of Vampires un film de gyonshi au lieu d'introduire la figure du chasseur de vampires pour éviter au film de ressembler à du cinéma hongkongais eighties de Musée Grévin. Et qui fit du coup du film de Wellson Chin une bonne "série B à l'ancienne".
Le problème avec Liu Chia-Liang, aussi talentueux soit-il pour les chorégraphies, c'est qu'il n'a jamais vraiment changé de style de réalisation, et que ce style innovant il y a des années fait un peu désuet maintenant. Drunken Monkey n'est pas mauvais, loin de là. A la grande époque de la Shaw Brothers, il aurait sûrement figurer dans les meilleurs films de l'année. Mais en 2003, il ressemble plus à une grosse série TV qu'à un film majeur d'arts martiaux. J'exagère évidemment un peu, mais le film manque clairement d'ambitions techniques pour contenter tous les fans d'arts martiaux.
Sans remettre en cause la partie martiale, ou même le scénario, il faut bien constater que la réalisation de Liu Chia-Liang montre ses limites. C'est bien classique, avec quelques effets modernes afin de montrer qu'on a su évoluer, mais l'ensemble n'est pas forcément ultra convainquant. Les effets en question ne sont pas toujours parfaitement intégrés et semblent un peu inutiles dans le film. La photographie et la musique sont du même acabit, assez communs et sans grande âme. Bref, Drunken Monkey a un aspect assez commun qui fera sûrement un peu tiquer, même les fans des vieux films.
De plus, le scénario très kung-fu comédie est également d'un classicisme un peu trop convenu. On ressent bien le style habituel des vieux films, mais il semble un peu moins efficace qu'à l'époque. Le film manque de combats pour laisser à la place à une histoire sans grande originalité, et s'emballe suffisamment sur la fin.
Heureusement, la partie martiale se montre plutôt convainquante, même si elle n'atteint pas les sommets du genre. L'avantage principal ici est l'excellent niveau technique des acteurs, permettant à Liu Chia-Liang de faire ce qu'il aime le plus: promouvoir le kung-fu. La technique du singe est nettement moins connue que celle de l'homme saoûl, ce qui apporte ici une originalité assez bienvenue. On est également surpris de voir autant de passages aériens pour un Liu Chia-Liang. Ce dernier se montre encore extrêmement convainquant pour son âge, même s'il est doublé pour tous les sauts. Mais son énergie et son sérieux montrent parfaitement son implication dans ce qu'il fait. Quoi qu'on puisse dire, Liu Chia-Liang EST le kung-fu, il le respire à chaque mouvement et ses chorégraphies respirent également le kung-fu authentique..
A ses côtés, on aurait aimé voir un peu plus Wu Jing, qui n'a finalement que peu de scènes de kung-fu dans le film. Heureusement, sa bonne humeur permet de bien supporter la partie comédie pure, pourtant pas vraiment passionnante.
Au final on est partagé entre le bonheur de voir des scènes de kung-fu de très bonne qualité et un film de kung-fu comme à la grande époque, mais d'un autre côté on se dit que cette production aurait bien eu besoin d'une réalisateur et de moyens plus modernes. Le bilan est donc mitigé pour ce retour de la Shaw Brothers au film de kung-fu. Les gens attendent plus que quelques combats très bien faits au milieu d'un scénario trop classique. A voir donc, mais sans en attendre des miracles.