Des débuts peu prometteurs
D'un point de vue extérieur, le cinéma coréen est assez étonnant de par sa spéculation qui n'a rien à envier aux débuts de l'internet, on pourrait prendre comme exemple récent le cas de Lee Si-Myeong qui pour son premier long métrage( 2009: Lost Memories) s'est vu attribuer des moyens conséquents sans qu'il se fasse la main sur des films un peu plus modestes pour démontrer son talent aux investisseurs. La même chose vient à l'esprit quand on voit le parcours de Kwak Kyung-Taek et le gouffre artistique qu'il y'a entre Friend et ce Doctor K ci-présent.
Même si Dr K s'ouvre sur un sympathique travelling, c'est hélas peu représentatif de ce qui va suivre car le lieu principal du film est peu propice à une démonstration de savoir-faire technique. Christophe Gans dans son commentaire audio de Crying Freeman le faisait très bien remarquer en disant que les hôpitaux en soi représentent le degré zéro en matière de décor et dégage une énorme monotonie. Hélas, le sécanrio du film ne propose de drame façon Healing Hearts ou de l'action à la A Toute Epreuve et reste durant la majeure partie du temps du niveau de la réalisation de piètres séries télé d'un autre âge(qui a dit Derrick?). Mais le problème majeur du film (et dont tous les défauts découlent) est son scénario qui mélangent de façon indigeste mélodrame et fantastique. Cette histoire de chirurgien étrangement surdoué aurait pu être intéressante au premier abord si Kwak Kyung-Taek avait choisi de laisser planer une aura de mystère et de doute sur ce personnage de docteur mais à la place il opte pour une approche très série B du genre et se fourvoie complètement en reprenant les plus mauvaises figures de style du genre comme le coup du "je te fixe droit dans les yeux et j'ai emprise sur toi" qui fait plus rire qu'autre chose et ça continue de plus belle avec des scènes de sur-jeu épouvantable dont on pensait que Hong-Kong avait l'exclusivité(sans compter le classique "j'apparaît et disparaît comme par magie" vers la fin). Et j'oubliais les effets spéciaux très maladroits qui renforcent encore plus l'impression désèspérement cheap du film.
Etonnament(ou hélas....), c'est seulement une fois que le scénario a fini de détailler laborieusement tout l'aspect fantastique du film(autrement dit, après 2/3 de métrage et de souffrance) que le scénario décolle un peu et passe à un registre plus mélodramatique où Kwak Kyung-Taek se réveille enfin (même si il n'y pas de quoi grimper aux rideaux) via la petite amourette tragique qui arrive à replacer le film dans son contexte de départ malgré la pirouette scénaristique un peu grossière qui en est la cause. Mais bon, le mal est déjà fait et la platitude de la musique, du casting et de la réalisation enterre toute tentatives de nivellement par le haut. C'est dommage parce que y'a de bonnes intentions mais pour rappel, c'est un film coréen de 1999 et fatalement quand ça ressemble à une production hong-kongaise des années 80, il n'y a aucune raison à être laxiste et on peut qualifier ce film de médiocre sans remords. Par contre, c'est un vrai miracle qu'après ça on lui ait accordé le budget nécessaire à Friend, comme quoi la spéculation a du bon parfois pour révèler des talents (très) cachés.
23 novembre 2002
par
Alain