Alain | 2 | Une vraie catastrophe mais mon dieu que c'est marrant |
Flying Marmotte | 1 | |
François | 1 | Une sacrée daube... |
jeffy | 2 | ah ah ah |
Chaque siècle à le nanar qu'il mérite. Les fondus de cinéma fantastique se souviendront sûrement de l'ultra-culte Flash Gordon, film kitsch au possible et involontairement hilarant que Georges Lucas devait normalement réalisé mais dont le projet lui échappera des mains (en désespoir de cause, il réalisera le premier Star Wars en reprenant même le méchant de Flash Gordon et le renommant en Dark Vador). Ca c'était pour le 20ème siècle, maintenant, Il fallait un nouveau film de ce gabarit pour inaugurer le nouveau millénaire et ce Dream Of A Warrior risque fort d'être un sérieux prétendant au trône de nanar culte. Même Léon Lai renie le film à ce qu'y paraît, c'est dire...
Le film commence pourtant pas trop mal avec en générique reprenant des plans du film en peinture et s'ensuit une scène d'action pas trop mal filmée et un peu de blabla pour expliquer vaguement le début du scénar. Jusque là, ça tient plus ou moins la route mais une fois arrivé chez le Dr Jang, ça commence légèrement à déraper: les décors et les costumes qui peuvent passer dans une série télé comme Stargate vu qu'on est conscient des faibles moyens de production ont par contre beaucoup de mal à passer dans un film à part entière, censé être montré sur grand écran et ravir le mangeur de pop-corn potentiel. Le décalage est encore plus accru par des petites bestioles en images de synthèse sorties d'on ne sait où et un vocabulaire bien compliqué(et vas-y que je balance du CSM par ci par là). Mais bon tout ça ne sert pas à grand-chose(je me demande même pourquoi les scénaristes ont voulu introduire cette histoire de machine à remonter le temps vu qu'elle est un peu obsolète et que la partie principale du film se suffisait à elle-même) et on peut enfin atterrir dans le monde de Dilmon via un très beau plan en image de synthèse qui semble tout droit sorti de Final Fantasy 7 et 8. Là en moins d'une minute, on touche déjà l'un des problèmes esthétiques du film: un déséquilibre constant entre images et effets de synthèse réussis (trop fort les plans d'ensemble ou l'épée et le flingue qui se matérialisent dans la main de Léon Lai) et des costumes et décors soit kitschs ou laids(des fois, ça rappelle le tristement raté Dune de David Lynch). C'est dommage parce que le look médiéval-futuriste aurait pu être vraiment convaincant.
Mais bon, passons sur ces détails parce que c'est plutôt le script et la réalisation qui porte au sommet ce film. Si vous trouviez que les scènes de dialogue de Bichunmoo étaient tirées d'un épisode des feux de l'amour (et je sais de quoi je parle vu que ça m'arrive parfois de regarder ce soap opera, honte à moi...), sachez que Dream Of A Warrior explose toutes les barrières en la matière mais contrairement à son homologue, ça n'est pas du tout chiant et il faut vous préparer à d'interminables crise de fou-rire tellement c'est culcul et le pire(ou le meilleur plutôt), c'est que le réal y croit à fond et n'hésite pas à balancer une musique tirée d'un best-of de Richard Clayderman et tant qu'à faire, il augmente le volume à fond au sein même des scènes(le moment où la princesse donne l'explication du titre du film est anthologique). Dans le même registre, quand un gentil meurt(et ça arrive souvent), on a automatiquement droit à cinq minutes en flash-back en noir&blanc avec la musique adhoc (toujours cette fabuleuse compil' de Clayderman). Le détail qu'on appréciera concernant ces morts, c'est que les flash-backs durent autant de temps(voire plus) que le personnage n'a eu de temps de présence à l'écran(effet garanti). Puis à côté de ça, il reste les scènes d'action dont la qualité est hyper-variable(à croire qu'il y'a eu plusieurs réalisateurs): ça va du ridicule limite cheap avec un clone de Rank Xerox à une partie assez cool dans un sous-sol labyrinthesque avec baston bien rythmée et plus ou moins crédible.
Mais bon, je crois que la force du film qui en fait un vrai divertissement est son côté découpage du scénar à la hache: je ne me souviens pas d'avoir vu un film aussi chaotique où on a l'impression constante qu'il manque plein de scènes. L'avantage est que par conséquent, les scènes durent peu de temps(j'adore le "tu n'as plus que 6 heures pour sauver ma fille" à la fin, alors qu'il ne reste plus que cinq minutes de film) et on passe allègrement du fou rire à la consternation ce qui fait qu'on est quasi-sûr de ne jamais s'ennuyer face à ce roller-coaster qui s'élève au-dessus des notions de bon ou mauvais goût(la note n'a rien d'indicatif mais comme on est obligé d'en mettre une). Voyez le au trentième degré et vous allez franchement vous amusez. Mention spéciale à la princesse(jouée par Par Eun-Hye) qui a une forte ressemblance de visage avec Joey Wong.
Autant la Corée nous avait habitué à des films toujours bien finis, visuellement soignés et rarement téléphonés, autant Dream of a Warrior nous rappelle que personne n'est à l'abri d'un naufrage. Ici il est total, tellement total que le film pourrait devenir un des premiers vrais nanars Made in Korea.
Premier point d'hallucination, le scénario. C'est clairement n'importe quoi, avec une histoire de machine à voyager dans le temps assez abracadabrantesque, et surtout totalement inutile. On démarre dans un policier, on bifurque vers Retour vers le Futur, on attérit dans un Héroic Fantasy, le tout avec des explications assez fumeuses. Bref, la moquette a du en prendre un coup chez le scénariste. Surtout que les dialogues sont d'une profondeur assez abyssale, explosant les quotas de "Je veux être avec toi pour toujours", "Je veux mourir à tes côtés". Le tout sans une once d'humour ou de second degré. Bref, on trouve ça lourd au début et on espère que ça va passer, mais plus on nous en jette, plus on finit par en redemander, tellement c'est niaiseux et pompeux. Un poil plus soigné, ça aurait été seulement mauvais et lassant.
Plus fort, Dream of a Warrior se permet d'être le premier film d'1h30 qui semble avoir été coupé à partir d'une version de 3 heures, et qui d'un autre côté contient 45 minutes de flashbacks. Les incohérences tentent d'être plus nombreuses que les problèmes de raccords, ce qui est loin d'être évident. Les scènes s'enchaînent avec une absence quasi totale de transitions ou d'introductions, donnant ainsi l'impression d'être un montage très amateur de scènes-à-faire : un combat comme ça, une scène cul-cul comme ça, un plan les bras en croix avec belle musique, etc... Bref, il manque beaucoup de liant pour faire de cette histoire quelque chose de cohérent. Et le plus fort est que le film passe son temps à se flash-backer lui-même. Les flash backs montrent ce qu'on a vu 10 minutes avant, ce qui fait que Dream of a Warrior est le premier film en double de l'histoire ! Une fois en couleur, une fois en noir et blanc. Surtout que la plupart des passages de flash-back nous avaient bien faire rire une première fois, alors la seconde avec de la musique mielleuse, c'est d'un comique de répétition très original. C'est évidemment totalement involontaire et d'autant plus bluffant.
On peut (doit) continuer avec les décors, costumes, effets spéciaux, finalement très fauchés alors que la bande annonce laissait présager d'un film à gros budget. En fait tout l'argent est passé dans quelques effets numériques, et le reste a été mis au régime. Regardez le décor du bar, c'est à mourir de rire. Ne loupez pas non plus certains costumes bien fauchés et des effets numériques cheap.
Tout cela est bien dommage dans un sens, puisque certains combats ont de la gueule (alors que d'autres sont très mal filmés, rassurez-vous), et il y avait sûrement moyen de tirer un bon scénario de ce point de départ. Mais d'un autre côté c'est tellement raté que ça en devient une vraie partie de plaisir sur la fin. Il y a tellement défauts qu'on m'amuse à essayer de tous les relever. Leon Lai tente de battre son record d'inexpressivité (il passe la moitié du film à regarder dans le vide), sa partenaire féminine débite des débilitiés romantico-niaiseuses avec une conviction qui fait peur, ce qui fait que leurs dialogues mélangent conviction totale avec je m'en foutisme encore plus total. Bref, Leon se fait ch... comme un rat mort alors que la belle pleure en récitant des histoires de chevaliers et d'amour éternel. Enorme.
Vous l'aurez compris, c'est un film idéal pour une soirée bières et copains. Ne vous laissez pas décourager par le début qui paraît potable, le film sait monter en impuissance et trouvera toujours un défaut pour vous garder en haleine. Non content de devenir le nouveau cinéma asiatique phare, le cinéma coréen se permet même de concurrencer ses adversaires dans le domaine des nanars. Ils sont ambitieux quand même...