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Les Démons à ma porte

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 4.5/5

vos avis

44 critiques: 4.44/5



Xavier Chanoine 4 Un film coup de poing.
Ordell Robbie 5 Jouissif, foisonnant, hilarant, captivant...
Ghost Dog 4.5 Du jamais vu pour un film de Chine populaire, un grand plaidoyer antimilitarist...
François 4 Un film chinois très étonnant, entre humour caustique et réflexion sur la guerre
drélium 5 Un des plus beaux films asiatiques qu’il m’ait été donné de voir
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Un film coup de poing.

Pour avoir reçu un joli prix à Cannes en 2000, Guizi lai le mérite que l'on s'y attarde dessus. Que l'on soit d'accord ou pas avec ce qui est raconté sur ces deux longues heures vingt, on ne peut pratiquement rien reprocher à Jiang Wen d'un point de vue purement cinématographique. Son travail de mise en scène est ainsi superbe. Le noir et blanc est parfaitement maîtrisé (dans une optique de faire ressortir les expressions des personnages et d'appuyer le contexte historique), les cadres sont travaillés captant le "vif" jusque dans les moindres détails (gros plans furtifs) et le montage fait preuve de variété passant du très serré au contemplatif. Une réalisation à l'image des paysans du film en pleine détresse.

Nous sommes en 1945 en pleine occupation nippone du nord-est de la Chine. Un paysan dénommé Ma Dasan et sa femme jusque là sans histoires voient leur quotidien chamboulé après l'arrivée d'un individu mystérieux leur léguant deux sacs renfermant deux soldats japonais. L'individu menace Ma Dasan de le tuer si il ne "conserve" par les deux soldats jusqu'à son retour. De là en découlera une drôle d'aventure pas banale faite de rires, de larme et de sang. Jiang Wen pose les bases du huit clos à la Chinoise dans la mesure où une grosse moitié du film se déroule dans le village occupé Ma Dasan et tout un tas de paysans, plus particulièrement dans la cave où sont retenus les prisonniers nippons. L'endroit est un parfait théâtre d'émotions en tout genre où Wen multiplie les touches d'humour entre les paysans et les détenus, ces derniers étant particulièrement charismatiques. L'un est bilingue (traducteur japon/chine) et l'autre ne veut qu'une chose : tuer et être tué. La possibilité de maîtriser les deux langues est une occasion idéale de dédramatiser la scène surtout lorsque le traducteur transforme les dires de son collègue par des propos bien différents. En gros les insultes et menaces deviennent de véritables déclarations d'amour!

Mais là où Guizi lai le étonne et dérange, c'est dans cette sidérante façon de renverser complètement la vapeur en l'espace de 10 minutes chrono. Les deux premières heures sont parfaitement homogènes, mélangeant sans soucis rires et larmes, alors que le dernier quart d'heure est un triste constat de la réalité d'époque. Les exécutions s'enchaînent, personne n'est épargné, tous les espoirs posés sur les paysans (réconciliation avec l'armée nippone, échange de charrettes de grain, banquet festif) vont être anéantis pour un bête saut d'humeur d'un général. Triste, pessimiste et incroyablement noir, on est clairement en face d'une oeuvre aux multiples facettes, reflet du magicien/historien Jiang Wen, justement récompensé pour son travail.

Esthétique : 4/5 - Exemplaire, la réalisation est soutenue par un montage incisif. Musique : 3.75/5 - Des bien belles mélodies accompagnées par des trompettes militaires décourageantes. Interprétation : 4.5/5 - Irréprochable et sincère. Et quel plaisir d'entendre du Mandarin. Scénario : 3/5 - Une étape difficile pour les deux peuples qu'on ne peut pas oublier.



07 octobre 2006
par Xavier Chanoine




Du jamais vu pour un film de Chine populaire, un grand plaidoyer antimilitariste vachement réjouissant.

Parmi l’ensemble des films chinois que j’ai visionné, notamment ceux de Yimou et Kaige, la Seconde Guerre Mondiale était parfois évoquée, mais toujours soigneusement éludée, mise à l’écart. Et voilà que survient un dénommé Jiang Wen, qui lui s’attaque de plein fouet à ce sujet assez délicat avec une vivacité, une liberté et une inventivité telle qu’il ne peut laisser personne indifférent ; sachez qu’il a d’ailleurs raflé le Grand Prix du Jury à Cannes 2000. En choisissant un parti-pris radical (Noir et Blanc – 2H20), il a préféré délaisser une portion du public susceptible de voir ce film pour s’autoriser toutes les libertés afin de réaliser l’œuvre correspondant à sa vision des choses. Et c’est réussi ! Son humour, sa dénonciation corrosive, sa mise en scène vivante et son sens du management d’acteurs emportent tout sur leur passage. On pensait que Hong-Kong avait le monopole des films distrayants et bouillonants, et que Taiwan et la Chine populaire se réservaient les films auteuristes de société, eh bien voici la preuve que non.

Tout commence par une fanfare : c’est celle de l’armée japonaise qui, chaque matin, descend dans le village chinois occupé pour gratifier ses habitants d’une mélodie répétitive depuis bientôt 8 ans. La façon dont la scène est filmée pose déjà le décor : on est en présence d’une farce, d’un regard mal élevé sur la guerre et les militaires, puisque cette fanfare a tout pour être ridicule. Et ça continue : un pauvre paysan est dérangé en plein accouplement par un mystérieux inconnu qui ne dévoile pas son visage et qui lui livre 2 « paquets » dont il doit s’occuper pendant 5 jours tout au plus. Mais ces 2 paquets s’avèrent être un soldat de l’Empire nippon et un chinois japonophone. Et garder de tels personnages dans sa cave alors que ça grouille de japs dehors, ça la fout mal ! Suit une scène typiquement Allenienne succédant à ce passage rocambolesque digne de Kafka, où toute la famille s’engueule sur le problème. Et les choses ne vont pas s’arranger puisque les 2 paquets n’ont toujours pas retrouvé leurs ravisseurs au bout de 6 mois ! La tension est à son comble, on tente de les supprimer sans réussite, jusqu’au jour de l’Eurêka : il n’y a qu’à rendre ce zigoto jap aux autorités compétentes du village en échange de quelques brouettes de blé. Toute cette partie oscille entre hystérie, cris et insultes (provenant surtout des prisonniers) ainsi que prises de becs en tout genre qui la rendent assez irrésistible.

Survient la deuxième partie du film, qui est pour moi bien plus intéressante : la rencontre entre paysans chinois et officiers japonais. Le soldat japonais étant retourné parmi les siens, on pourrait s’attendre à un accord à l’amiable. Il n’en est rien car pour un soldat japonais, mourir au combat est un honneur, un rêve de gamin, un fait permettant de devenir un héros dans son village, ce qui vaut au pauvre soldat de s’en prendre plein la tête par ses supérieurs. Un banquet est cependant organisé pour fêter l’accord entre les 2 partis, et on s’attend vraiment à un espoir de paix. Ce banquet a des allures de fête slave telle qu’aime les filmer Emir Kusturica, avec une fanfare qui joue sans discontinuer, des chants, des rires et des allocutions, sauf que tout ce beau monde finira par se taper dessus jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Puis vient le temps de la paix, ce qui n’empêchera pas l’absurdité et la @!#$ humaine de s’exprimer pleinement : le gouvernement chinois ira jusqu’à demander à des japonais d’exécuter des soi-disant traîtres chinois ! On nage en plein délire (un peu comme dans Les Sentiers de la Gloire où Kubrick racontait l’histoire de 3 soldats français tués par l’armée française pour refus de combattre) !

Entre temps, Jiang Wen aura dénoncé la stupidité de la guerre (ça c’était facile), mais un peu plus que ça heureusement : il aura établi une comparaison intéressante entre mentalités chinoises et nippones et rappelé que ces 2 peuples auraient tout eu pour s’entendre si des imbéciles haut-gradés ne leur avaient pas monté le bourrichon avec des histoires d’honneur et de patrie. Et comme le suggère la dernière image en couleurs, le seul point commun inhérent à chaque conflit, c’est le sang qui coule, et le sang d’innocents la plupart du temps (femmes, enfants en premier lieu). Wen n’en fait pas une maladie et s’avoue impuissant devant tant de @!#$, mais il a pris le parti d’en rire à travers une multitude de gags, et on le suit sans arrières pensées.



21 mars 2001
par Ghost Dog




Un film chinois très étonnant, entre humour caustique et réflexion sur la guerre

Voici un film chinois vraiment très original. On est loin du politiquement correct habituel. Pourtant, 2h30, en noir et blanc, cela fait réfléchir à deux fois avant d'y aller. Mais n'ayez crainte, les stéréotypes habituels du film chinois en prennent un coup. Car le film est plein d'un humour assez corossif, qui n'épargne personne dans sa description des moeurs de deux peuples.

Ces deux peuples étant, vous l'aurez deviné, les japonais et les chinois. Tous les personnages sont brossés avec beaucoup d'humour et de justesse, des paysans très à cheval sur leurs petits problèmes matériels, aux japonais aveuglés par leur code d'honneur. Le film réussit très bien à montrer les différences qui les séparent mais surtout leurs points communs et l'absurdité de leur antagonisme.

On se plaît beaucoup à observer ces villageois se débattre avec leur deux prisonniers dont on ne sait pas pourquoi ils sont arrivés là. Les réunions au sommet pour prendre des décisions importantes sont les morceaux de choix du film, car elles sonnent très justes et sont pleines d'humour. La fin du film prend une autre tournure lorsque les japonais débarquent dans le village, et ne manque pas de surprendre. Cela évite au film d'être trop prévisible et surtout trop classique dans son discours.

Au final, voici un film étonnant et haut en couleur (le comble pour un film en noir et blanc) qui ne manquera pas de surprendre tous ceux qui voient le cinéma chinois comme lent et conservateur. C'est un joli coup de pied dans la fourmilière et une démonstration simple et originale de l'absurdité de ce conflit entre peuples voisins.



21 avril 2001
par François




Un des plus beaux films asiatiques qu’il m’ait été donné de voir

Taillé dans la masse, dense, compact, nerveux, rapide, virtuose à chaque recoin, drôle, profond, intelligent, intéressant, surprenant, historique, réaliste, captivant, enivrant, poignant, émouvant…. Et ça pourrait continuer un moment ainsi. Ajoutez des acteurs transcendés, des dialogues merveilleux, une intensité, une photographie, une musique…… pfffiuu, un véritable joyau du 7ème art qui débute comme une comédie et se termine en drame poignant !!

23 mai 2003
par drélium


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