A la recherche de la grâce
Jan Kounen tient véritablement une place à part dans le cinéma français. Décidé à mettre un gros coup de pied dans la fourmilière de l'industrie cinématographique (je ne m'en suis jamais réellement remis de mon double-programmation "Vibroboy" / "Tetsuo 1" passé jadis dans le Quartier Latin et que dire de l'incroyable critique de "Telerama" à la sortie de "Dobberman" et en réaction de la fameuse scène du "torcher"), il n'aura pourtant jamais réussi à ne serait-ce que al faire vaciller. Ses efforts ont été louables, du bon cinéma de divertissement d'un mec qui s'éclate à filmer, mais tous des films inscrits dans leur époque et qui résistent mal au passage du temps.
Il en est de même avec ses documentaires. Ils partent d'un profond sentiment de vouloir partager des espèces de coups de folie, cette curiosité insatiable de son réalisateur de tenter des choses plus "extrêmes", en marge de al société bienveillante. Après son essai de retranscrire ses trips intérieurs dans "Autres mondes", le revoilou avec "Darshan", portrait sensoriel de la mystique Amma.
Sa démarche est donc une nouvelle fois sincère. Son propos n'est pas de vouloir brosser le portrait de cette femme (quelques infos manquent pourtant cruellement, ne serait-ce qu'en préambule ou en fin de métrage), mais de tenter de retranscrire cet extraordinaire sentiment que procure une simple étreinte. Ce rapprochement unique entre deux être humains en l'espace d'un furtif contact sensoriel l'espace de quelques secondes, où le temps semble véritablement s'arrêter.
On peut s'y montrer sensible, comme on ne peut pas du tout adhérer à sa démarche ou même être sensible à ce contact; toujours est-il qu'un court-métrage aurait été sans aucun doute beaucoup plus parlant que ce long documentaire, qui – du coup – n'en est plus un.
Sans aucun doute pour devoir justifier de son travail et pouvoir plus facilement le commercialiser, "Darshan" est donc devenu un produit un peu bâtard; entre expérience perso et faux documentaire sans réelle portée.
Reste ce regard émerveillé d'un grand enfant sur des cultures étrangères – et pourquoi bouder son plaisir de vouloir partager des merveilles de ce monde ?