Faut pas (ce faux-pas)
Avec "Mum", "Bâtards de Pékin" ou encore "Sons", Zhang Yuan était jadis considéré comme l'un des meilleurs – et plus virulents - espoirs de la 6e génération en abordant des thèmes sensibles, tel l'alcoolisme ou l'homosexualité. Ses derniers, tel que "Green Tea" ou "Les petites fleurs rouges" empruntaient une voie déjà beaucoup plus formelle et beaucoup moins inspirée.
"Dada's dance" est un curieux objet de méditation. Avec son héroïne sensuelle (excellente Li Xinyun, sorte de Béatrice Dalle chinoise), une œuvre débordant de tensions sexuelles, de violence retenue, de quête d'identité et même d'un meurtre, ce film est étonnant d'avoir pu passer le bureau de censure; en revanche, le résultat ressemble beaucoup plus à la maladroite première tentative d'un jeune réalisateur en pleine recherche de sensationnalisme immature, plutôt qu'à l'œuvre aboutie d'un cinéaste en pleine possession de ses moyens.
Soit, la forme est magnifique, la réalisation coule de source, la lumière est parfaite et les acteurs (surtout Dada) sont parfaitement dirigés; mais que penser de cette historie totalement immature et sans aucun enjeu ? Soit une jeune adulte un peu paumée, qui part retrouver sa prétendue mère biologique dans le sud de la Chine. On ne saura jamais comment elle a su où commencer par chercher; mais on s'étonne devant sa désarmante naïveté de croire n'importe quelle femme sur terre sa vraie mère. Ensuite, le scénario prend une nouvelle tournure un peu facile, mais qui aurait au moins pu amener l'historie vers des nouveaux horizons…Que nenni, on voit Dada s'enfoncer dans sa suffisance torturée avant de sortir son petit ami de "l'enfer de la drogue" avant que le film se termine de manière aussi abrupte qu'il n'avait commencé.
"Dada's Dance" semble entièrement formaté à faire parler un minimum de lui en raison des quelques (très légers) tabous chinois brisés pour 'offrir le circuit festivalier mondial en raison de son exceptionnelle beauté. Que cela ne tienne, le film n'est rien de plus qu'une longue suite ennuyeuse de vignettes de papier glacé sans aucun intérêt.
Une note d'autant plus sévère, que Zhang Yuan a su se montrer bien plus inspiré par le passé et qu'il semble se complaire dans une suffisance nombriliste, qui fait craindre pour la sutie de sa carrière.