un Im Kwon Taek baclé
Le seul mérite de ces Corrompus, c’est de révéler qu'etre profilique a pu etre pour Im Kwon Taek synonyme de travail baclé. L’intérêt d’un tel film? Une scène de masturbation en ouverture formellement maitrisée, drole et réussie. Et accessoirement montrer que le cinéma coréen n’avait pas attendu Hong Sang Soo pour offrir des scènes de saoulerie qui sont désormais une de ses marques de fabrique. On pourrait ajouter que le forte proportion de scènes de sexe dans le récit témoigne du fait qu’Im Kwon Taek cinéaste était déjà porté sur la chose à l’époque et le plaisir de voir Ahn Sung Ki jeune. Le "message" sur la dureté des rapports sociaux dans la Corée de l’époque qu’évoque la brochure de la rétrospective de 50 ans de cinéma coréen de la Cinémathèque? Pas un intérêt en soi vu qu’il s’agit d’un moteur narratif classique du genre mélodramatique. L’évocation des magouilles du monde de l’entreprise? Trop courte pour sauver le film à elle seule. Reste alors un scénario avec des personnages ne dépassant pas les stéréotypes: l’arriviste, les parents riches désireux seulement d’obtenir ce qu’ils souhaitent de lui, la compagne qui n’a pas un minimum de consistance psychologique. Et surtout un score oscillant entre juste écoutable et exécrable. La mise en scène? C’est dans l’ensemble bien cadré et on a un usage pas inintéréssant du surcadrage. La fixation du cinéaste sur les talons de chaussures pour femmes est quant à elle assez sympathique. Mais malheureusement le cinéaste fait aussi dans la surmultiplication de zooms hasardeux, les mouvements de caméra hésitants meme si plus supportables que du Dogma. Durant les scènes de sexe, il abuse de gros plans quand ce n’est pas d'idées esthétisantes. Une ampoule est ainsi rendue floue et sa lumière s’interpose entre les deux personnages pendant une scène de sexe. Certes, les limites scénaristiques du film auraient pu etre transcendées par un traitement formel en état de grace ou des acteurs dans un grand jour. Mais vu qu’il n’y a ni l’un ni l’autre (les acteurs sont juste corrects) le film est tiré vers le bas et demeure un mauvais Im Kwon Taek.
quickie shot..
Im Kwon-Taek désavoue un bon nombre des ses presque cent films, les 'Corrompus' fait parti de ceux-là. C'est un 'quota quickie' réalisé pour les besoins en divertissement de la dictature de Chun, peut-être aussi un bon contrepoids aux autres films d'Im déjà canoniques et projetés à la cinémathèque.
La bande annonce se joue le temps d'une masturbation. Contre-plongée depuis notre sous-sol sous les jupes d'une jeune fille, elle n'a pas les jolies jambes de Fanny Ardant (cf « Vivement Dimanche ») mais elle se prête au jeu.
Jolie scène, on aurait presque souhaité que le personnage d'Im Kwon Taek s'en tienne à l'onanisme et lui à ses plans fétichistes. Mais Pyonggu, le héros (interprété par Ahn Sung-Ki) est ambitieux, il réussit à épouser la fille de son patron comme elle est handicapée et va devoir jouer les mâles reproducteurs pour son beau-père...juste l'espace scénariste nécessaire pour faire un film selon la règle des 'trois S' ('Screen, Sex and Sport') qui prévaut à cette époque en Corée.
Fort de sa nouvelle condition de fils à papa, il peut donc s'adonner en toute liberté au sport (voiture de luxe, hors-board, le jogging avec le beau père, mouvement ascendant du coude) et au sexe, même si une fois la nuit de noce consommée, il manque un peu de virilité ....qu'à cela ne tienne .. exercices avec une jeune prostituée et mise en pratique immédiate, la radio qui rythme leurs ébats s'emballe .. 15 minutes pour atteindre les quotas en effets érotiques, accessoires et de lumières filtrées.
Reste cette obsession salutaire à chercher les jolies jambes des filles. Gros plan sur le fauteuil roulant, il est temps que l'épouse poliomyélitique retrouve ses jambes et prenne un amant... ce qui donne lieu à une autre jolie scène, où Pyonggu se sentant trahi recherche sa femme parmis la foule. Encore de jolies jambes...
Derrière ce scénario indigent, on pourrait retrouver la force du cinéma d'Im, mais le film n'arrive pas un seul instant à trouver le but proposé par le titre: la profonde corruption de ses personnages; à peine sont-ils abjectes. Certains développements du scénario sont aussi une impasse, comme l'avortement qui pourrait être une scène d'une grande violence.
Si bien qu'il n'y a pas beaucoup de trace du maître dans le film, la réalisation est bâclée, la mise en scène téléguidée, les décors étriqués (à peine s'aperçoit-on que Pyongu passe des bidonvilles à flanc de montagne à une chambre avec une jolie sur Namsan) même la musique de Kim Young-dong d'ordinaire subtile est une bouillie de variéte internationnale et de musique traditionnelle.
peut-être dans le dernier plan...
1. La dictature de Chun Doo-Hwan s'installe après le second coup d'état de 1980. La ligne est claire, divertir au maximun le peuple pour qu'il s'interesse moins à la politique.C'est lui qui introduit par exemple le Baseball, pose la candidature de Séoul aux JO.
2. Le rôle d'Ahn sun-ki fait étrangement penser à celui qu'il va tenir la même année (1982) pour Im Kwon Teak dans 'le Village de Brumes' projeté lui aussi à la rétrospective de Chaillot 2005.
Etrange ressort aussi que le mariage et le handicap qu'on retrouve dans certains mélodrames coréens du 'Le jour de la mariée', dans le 'Cocher' ou 'Adada' d'IM.
Un Im Kwon-taek boiteux
Avec les débuts prometteurs d'un jeune employé maladroit qui se retrouve soudain comme étant le favori puis le gendre du patron, il y avait de quoi faire. Mais très vite, le scénario s'enlise dans sa représentation de la difficile vie de couple avec une femme handicapée, mais qui reste pourtant banale à tous points de vue. L'intrigue disparaît presque totalement du récit, et nous abandonne à des scènes de vie sans grand intérêt qui traînent, avant de revenir à toute vitesse vers la fin mais bien trop tard, pour essayer de donner une conclusion improvisée. Mouais, rien qui puisse vraiment justifier le titre, à moins qu'il s'agisse d'un gag de mise en abîme.
L'actrice est aussi crédible qu'une coureuse du marathon qu'on aurait posé sur un siège roulant, et Ahn Seung-gi ne nous offre pas là son meilleur jeu. Tout reste bien trop cliché pour y croire vraiment, et tel le canard affamé en quête de miettes de pain, on se console avec quelques moments un peu plus inspirés, comme les doutes de Pyong-gu sur sa vie sexuelle, ou l'espèce de gag sur la nature de l'handicap de la femme. Ca reste encore plaisant à regarder, pas trop mauvais quand on compare au reste de la production de l'époque, mais une véritable déception dès lors qu'on nous rappelle que c'est Im Kwon-taek qui se cache derrière.